Soumis par Louise le
[Le 2 octobre 2015] -
Les producteurs de Kit-Kat, Snickers, M & Mâs et autres friandises prisĂ©es par les enfants exploiteraient-ils dâautres enfants pour rĂ©colter le cacao qui entrent dans leurs recettes ? Les groupes NestlĂ©, Hersheyâs et Mars sont, en tout cas, visĂ©s par trois plaintes collectives (class actions) dĂ©posĂ©es Ă la fin de septembre en Californie auprĂšs du cabinet juridique amĂ©ricain Hagens Berman, spĂ©cialisĂ© dans le droit des consommateurs. Motif : la traite et le travail forcĂ© des enfants dans les plantations de CĂŽte dâIvoire.
Selon les plaignants, ces trois firmes agroalimentaires importent du cacao en provenance de fournisseurs qui emploient des enfants, qui plus est dans des conditions de travail dangereuses et pĂ©nibles. Ils Ă©voquent le transport de charges lourdes, lâexposition Ă des substances toxiques, le travail forcĂ© et lâabsence de paie, les menaces physiques. Nombre de ces enfants seraient vendus par des trafiquants qui les enlĂšvent ou les achĂštent dans des pays voisins de la CĂŽte dâIvoire.
« Les consommateurs qui sont venus nous consulter ont Ă©tĂ© indignĂ©s dâapprendre que les sucreries quâils mangent avaient un arriĂšre-goĂ»t si sombre et amer, que le travail des enfants et lâexclavagisme faisaient partie de la production de chocolat par NestlĂ©, Mars et Hersheyâs, affirme Steve Berman, membre du cabinet. Ces firmes sâabstiennent de divulguer ces informations sur lâexploitation des enfants et le travail forcĂ© et trompent donc les consommateurs qui soutiennent indirectement ce type dâexploitation. »
QuestionnĂ© par lâagence dâinformation financiĂšre suisse AWP, le groupe NestlĂ© sâest dĂ©fendu en assurant : « Le travail des enfants nâa pas sa place dans notre chaĂźne de crĂ©ation de valeur. » Et en prĂŽnant une attitude « proactive et axĂ©e sur le long terme » de tous les acteurs pour Ă©radiquer lâexploitation des enfants en CĂŽte dâIvoire. « Nous prenons des mesures pour Ă©liminer par Ă©tapes le travail des enfants. En examinant chaque cas, nous attaquons le problĂšme Ă sa racine », ajoute NestlĂ©.
JusquâĂ 1 million dâenfants exploitĂ©s
Selon la fondation Initiative internationale pour le cacao (ICI), une organisation crĂ©Ă©e par lâindustrie du chocolat pour lutter contre le travail des enfants dans la filiĂšre, entre 300 000 et un million dâenfants travaillent dans le cacao ivoirien, allant de la contribution occasionnelle au travail forcĂ©. Les plaignants des class actions Ă©voquent de leur cĂŽtĂ© 1,1 million dâenfants engagĂ©s dans les plantations de cacao en CĂŽte dâIvoire, citant les Nations unies.
A la fin de juin, 48 enfants ĂągĂ©s de 5 Ă 16 ans avaient Ă©tĂ© secourus lors dâune opĂ©ration de police dans les plantations de cacao de San Pedro, dans le sud-ouest de la CĂŽte dâIvoire, qui abrite Ă©galement le premier port de cacao au monde. DâaprĂšs Interpol, ces enfants, qui « travaillaient dans des conditions extrĂȘmes, particuliĂšrement dangereuses pour leur santé », Ă©taient originaires du Burkina Faso, de GuinĂ©e, du Mali et du nord de la CĂŽte dâIvoire. Certains dâentre eux, « employĂ©s dans les champs depuis un an, ont dĂ©clarĂ© aux enquĂȘteurs travailler rĂ©guliĂšrement de longues heures chaque jour sans recevoir ni salaire, ni Ă©ducation », selon Interpol.
En CĂŽte dâIvoire, premier producteur mondial, lâ« or brun » reprĂ©sente 22 % du PIB, plus de 50 % des recettes dâexportation et surtout les deux tiers des emplois et des revenus de la population, selon la Banque mondiale.
Il y a un mois, le groupe NestlĂ© avait Ă©tĂ© visĂ© par une autre class action du mĂȘme cabinet dâavocats Hagens Berman, dâaprĂšs un article du Figaro le 28 aoĂ»t, qui pointait sa responsabilitĂ© dans un systĂšme dâesclavage et de trafic dâĂȘtres humains pour produire des aliments pour chats de la marque Fancy Feast avec des fruits de mer importĂ©s de ThaĂŻlande. Des ThaĂŻlandais, des Cambodgiens ou des Birmans y sont vendus Ă des capitaines de bateaux de pĂȘche en Ă©tant sous-payĂ©s, voire pas du tout payĂ©s, dans des conditions de travail trĂšs dangereuses. La firme, contactĂ©e par Le Figaro, avait arguĂ© quâelle imposait Ă ses fournisseurs « de respecter les droits de lâhomme ainsi que toutes les lois sur le travail ».
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