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[RAMALLAH, 7 novembre 2006] − L'autorité palestinienne (AP) n'a pas établi un cadre efficace pour répondre à la violence contre les femmes et les filles, déclare Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. En dépit de la crise politique et économique actuelle, il y a des mesures que l'AP pourrait et devrait prendre afin d'empêcher ces abus, comme question prioritaire dans son ordre du jour pour la sécurité du pays. Le rapport de 101 pages, Une Question de sécurité : La violence contre les femmes et les filles palestiniennes (en anglais), est basé sur des recherches conduites en Cisjordanie età Gaza en novembre 2005 et début 2006. Il documente des douzaines de cas de violence s'étendant des violences physiques contre les enfants et les épouses, au viol, à l'inceste et aux meurtres commis au nom de «l'honneurde famille». Ce problème est maintenant reconnu, et des fonctionnaires de l'AP ont indiqué leur soutien pour des mesures gouvernementales plus vigoureuses, mais l'AP a pris peu de mesures pour empêcher ces abus. En conséquence, la violence contre les femmes et les filles est souvent non rapportée, et même lorsqu'elle l'est, elle reste habituellement impunie. "Les fonctionnaires de l'AP à travers le spectre politique semblent regarder la sécurité seulement dans le contexte du conflit actuel et de l'occupation, en ignorant les menaces de sécurité très vraies auxquelles les femmes et les filles sont confrontées au foyer familial», a dit Farida Deif, chercheuse dans la Division des droits de la femme à HRW, et co-auteur du rapport. À quelques exceptions près, la police palestinienne manque d'expertise et de bonne volonté pour adresser la violence contre les femmes efficacement, et en étant sensible aux besoins de la victime et respectueux de leur intimité. En conséquence, les officiers de police utilisent souvent des mesures informelles plutôt que des investigations sérieuses. Interrogés, beaucoup d'entre eux ne cachent pas leurs efforts pour encourager le mariage entre un violeur et sa victime, parfois avec l'aide de leaders communautaires influents. Ils voient ces interventions comme des moyens efficaces de « résoudre » ces cas. En outre, la police force souvent les femmes à retourner dans leurs familles même lorsqu'il y a une menace évidente d'abus supplémentaire. L'absence des directives médicales pour les médecins affecte également sérieusement la qualité du traitement accordée aux victimes féminines de la violence. Le système de santé est le premier et parfois la seule institution gouvernemente avec laquelle les victimes entrent en contact, pourtant les médecins sont mal équipés pour traiter de tels cas. Le ministère de la santé n'a aucune procédure ou aucun protocole pour guider les professionnels médicaux ou ministériels dans leur traitement des cas de violence domestique. Les médecins manquent de formation et de conseils spécialisés sur la façon dont traiter les femmes victimes de la violence, sur la nécessiter de conserver les preuves, et sur le respect de la confidentialité. Tandis que la disponibilité des refuges pour femmes battues a augmenté cette année en Cisjordanie, les restrictions de mouvement à l'intérieur et entre la Cisjordanie et Gaza signifient qu'il est impossible pour certaines victimes d'atteindre ces refuges. Parfois le manque de refuges et de logements socialement acceptables pour les femmes célibataires a forcé les organisations et la police à loger les victimes dans des commissariats de police, bureaux de gouverneurs, des maisons privées, des écoles et des orphelinats. Human Rights Watch invite l'AP à établir des directives pour répondre à la violence au sein de la famille, en conformité avec les normes légales internationales, et à former les employés du gouvernement afin qu'ils reconnaîssent et aident les victimes de façon appropriée. L'AP devrait également décréter une loi spécifique criminalisant la violence domestique et abroger les lois discriminatoires qui font obstacle aux efforts actuels de lutte contre la violence à l'égard des femmes. “The PA urgently needs to adopt a zero-tolerance policy for all forms of violence against women and girls,” said Deif. “Failing to offer women and all members of Palestinian society the highest protection of the law will only further erode faith in the Palestinian criminal justice system.” Informations supplémentaires
Une combinaison des lois discriminatoires qui pardonnent et perpétuent la violence et l'absence virtuelle de politiques pour aider des victimes d'abus ont laissé les femmes et les filles palestiniennes très peu de protection. Tous les palestiniens souffrent des insuffisances du système judiciaire existant en Palestine, mais les femmes payent un prix particulièrement élevé pour le manque de motivation des fonctionnaires qui sont souvent peu disposés à répondre en juste proportion à la violence à l'encontre des femmes.
La législation criminelle discriminatoire en vigueur en Cisjordanie et à Gaza a mené à l'impunité virtuelle pour des malfaiteurs d'une telle violence et a découragé les victimes de rapporter l'abus. Ces lois incluent des dispositions qui: réduisent les pénalités pour les hommes qui tuent ou attaquent des femmes de leurs famille qui commettent l'adultère; relâchent les violeurs qui acceptent d'épouser leurs victimes de toute poursuite criminelle; et permettent seulement aux hommes de porter plainte pour inceste au nom de mineurs. Ces lois découragent les femmes et les jeunes filles de rapporter les abus dont elles sont victimes et donnent une l'impunité virtuelle aux malfaiteurs.
« Dans les cas de violence contre les femmes et les filles, le système de justice palestinien s'inquiète davantage d'éviter le scandale public que de voir justice faite, » a dit Lucy Mair, chercheuse du rapport et co-auteur. «Le droit fondamental de la femme à la vie et à l'intégrité corporelle est vu au mieux comme souci secondaire».
Il est vrai que les actions israéliennes depuis le début de l'Intifada en septembre 2000 - comprenant des attaques sur des établissements de l'AP et des services de sécurité, et le refus d'Israel de dépenser l'argent des recettes fiscales - ont sensiblement affaibli les capacités de l'AP. Mais cela n'excuse pas l'inaction. En dépit de ses défis politiques et économiques, l'AP a établi de nouvelles institutions importantes et reformé et unifié quelques lois, notamment celles qui régissent le système de justice et les droits de l'enfant. Les mêmes mesures doivent être prises pour protéger les femmes et les jeunes filles contre la violence au sein de la famille.
« L'AP doit adopter urgemment une politique de tolérance zéro pour toutes les formes de violence contre les femmes et les jeunes filles, » a dit Deif. « Notre incapacité d'offrir aux femmes et à tous les membres de la société palestinienne la protection la plus élevée possible ne fera qu'éroder davantage la foi dans le système juduciaire palestinien. »