Soumis par crinadmin le
Le drame du Darfour dĂ©passe la frontiĂšre du Soudan : au Tchad, lâUnicef vient au secours des rĂ©fugiĂ©s. Interview de Steve Adkisson, reprĂ©sentant de lâUnicef au Tchad. Les rĂ©fugiĂ©s venus du Darfour sont-ils plus nombreux en ce moment au Tchad compte tenu de la violence cĂŽtĂ© soudanais ? Depuis 2006, on ne constate pas dâaugmentation du nombre de rĂ©fugiĂ©s. Avec les agences des Nations unies et en particulier le Haut commissariat aux rĂ©fugiĂ©s (HCR), nous nous prĂ©parons Ă lâĂ©ventualitĂ© dâune arrivĂ©e de 50 000 personnes. Tout comme nous envisageons au contraire un retour des rĂ©fugiĂ©s actuels en cas dâaccalmie cĂŽtĂ© soudanais. En ce moment, il y a toujours 12 camps de rĂ©fugiĂ©s : en tout 200 000 personnes, qui sont venues du Soudan au Tchad. Deux camps nous semblent trop proches de la frontiĂšre pour pouvoir ĂȘtre Ă lâabri de la violence. Mais il nâest pas possible de les dĂ©placer, en raison de contraintes aussi bien politiques que liĂ©es aux ressources en eau. Actuellement, il nây a pas dâattaques contre les camps. Il pourrait y en avoir si certains dâentre eux Ă©taient politisĂ©s. Mais les liens entre les rĂ©fugiĂ©s et les Soudanais sont bien connus, et nâont pas entraĂźnĂ© dâactes de violence de cette importance rĂ©cemment. Quelle est principalement l'action de l'Unicef dans ces camps ? Les agences onusiennes et leurs partenaires se partagent le travail dâassistance humanitaire. LâUnicef est leader sur lâeau et lâassainissement pour quatre camps. Sur lâensemble, lâUnicef est leader sur lâĂ©ducation, et aprĂšs trois ans dâaction, 95% des enfants des camps sont scolarisĂ©s. LâUnicef travaille aussi en matiĂšre de nutrition, au niveau des centres thĂ©rapeutiques, et a permis de faire descendre trĂšs bas les taux de malnutrition dans les camps. Lâobjectif pour 2007 est dâintroduire la notion dâautosuffisance, au cas oĂč les rĂ©fugiĂ©s aient Ă rester encore quelques annĂ©es sur place. Quâen est-il des personnes qui habitaient dĂ©jĂ lâest du Tchad et qui ont dĂ» fuir Ă cause de la violence de combattants venus du Soudan ? L'Unicef a rĂ©clamĂ© 15,9 millions de dollars pour le Tchad en 2006 (12,5 millions dâeuros). En mai, seulement 3,6 Ă©taient pourvus. Avez-vous les mĂȘmes difficultĂ©s Ă obtenir des fonds que nâen a lâUnicef au Soudan pour lâaide au Darfour ? 11 millions de dollars ont Ă©tĂ© pourvus (8,7 millions dâeuros), grĂące Ă la gĂ©nĂ©rositĂ© des bailleurs et notamment de celle de lâUnicef France (qui a dĂ©bloquĂ© 250 000 ⏠sur ses fonds dâurgence). Mais compte tenu des dĂ©lais de livraison et de distribution des secours dans un pays comme le Tchad, au cĆur de lâAfrique, nous regardons dĂ©jĂ vers 2007. En raison de la situation des rĂ©fugiĂ©s et des dĂ©placĂ©s, nous devrions avoir des besoins en hausse de 8 millions de dollars (6,3 millions dâeuros) par rapport Ă 2006. Au mois de mai, une personne de lâĂ©quipe de lâUnicef au Tchad a Ă©tĂ© attaquĂ©e au volant de son vĂ©hicule. Le personnel de l'Unicef peut-il travailler en sĂ©curitĂ© dans le pays ?
Le mouvement sâest Ă©chelonnĂ© entre dĂ©cembre 2005 et avril 2006. Ils concerne 50 000 personnes qui vivaient prĂšs de la frontiĂšre soudanaise. Certaines ont fui leur village Ă pied, ont Ă©tĂ© contraintes par de nouvelles attaques de fuir leur village dâaccueil, parfois de fuir encore un 2e village dâaccueil, et ont fait quelquefois jusquâĂ 150 km pour sâĂ©tablir un peu plus vers lâintĂ©rieur du pays. Contrairement aux rĂ©fugiĂ©s, ces personnes dĂ©placĂ©es ne vivent pas dans des camps : elles se sont installĂ©es auprĂšs de communautĂ©s, que lâUnicef soutient. Nos missions sont globalement les mĂȘmes. Lâaccent est mis sur lâeau : amĂ©liorer la capacitĂ© de chaque village, amĂ©liorer les forages actuels et installer dâautres points dâeau. 11 nouveaux points dâeau sont accessibles. Il devrait y en avoir 37 de plus dâici la fin octobre. Lâespoir nâest cependant pas abandonnĂ© de voir un jour les personnes dĂ©placĂ©es rentrer chez elles. Ce retour dĂ©pend de la sĂ©curitĂ©. Dans notre stratĂ©gie pour 2007 nous pensons au rĂ©tablissement des systĂšmes de santĂ© et dâĂ©ducation des communautĂ©s dâorigine.
Nous travaillons dans un climat Ă haut risque. Depuis le mois de mai, des bureaux, des bĂątiments ont Ă©tĂ© attaquĂ©s. Les vĂ©hicules et le carburant sont trĂšs recherchĂ©s Ă©galement. Le gouvernement affirme vouloir assurer la sĂ©curitĂ© de toute la population et du personnel humanitaire qui travaille auprĂšs dâelle, mais il reconnaĂźt quâil nâest pas capable de rĂ©ussir cette mission Ă 100%. Depuis la tentative de coup dâEtat du mois dâavril, la capitale NâDjamena a retrouvĂ© la situation de 2005 : câest surtout dans lâest du pays, avec la proximitĂ© des frontiĂšres soudanaise et centrafricaine que lâinsĂ©curitĂ© est chronique. Il y a des problĂšmes quotidiennement. Heureusement, pour lâinstant, nous arrivons Ă accĂ©der Ă tous les camps de rĂ©fugiĂ©s.