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[MBABANE, 10 avril 2008] - Une femme swazie sur trois a subi une forme de sĂ©vices sexuels au cours de son enfance, et une femme swazie sur quatre sâest vu infliger des violences physiques, selon une nouvelle Ă©tude publiĂ©e cette semaine par les Nations Unies. Cette Ă©tude du Fonds des Nations Unies pour lâenfance (UNICEF) est la premiĂšre de ce type menĂ©e dans un pays oĂč les tĂ©moignages recueillis laissent penser quâun nombre alarmant de fillettes sont victimes de maltraitances. Fait plus dĂ©concertant encore, avec la prolifĂ©ration des orphelins et des enfants vulnĂ©rables, le Swaziland est un terreau dâautant plus fertile Ă lâexploitation sexuelle. Dans deux ans, 200 000 enfants swazis auront perdu leurs parents, emportĂ©s par le sida, soit plus dâun cinquiĂšme de la population actuelle, selon lâUNICEF. Avec un taux de prĂ©valence du VIH de 33,4 pour cent chez les personnes ĂągĂ©es de 15 Ă 49 ans, le pays affiche le taux dâinfection le plus Ă©levĂ© du monde. En consĂ©quence, lâespĂ©rance de vie a Ă©tĂ© Ă©courtĂ©e de moitiĂ©, passant de prĂšs de 60 ans dans les annĂ©es 1990 Ă un peu plus de 30 ans Ă peine, aujourdâhui. « Les enfants handicapĂ©s, les enfants dĂ©scolarisĂ©s et les orphelins sont parmi les groupes les plus vulnĂ©rables », a indiquĂ© Jama Gulaid, reprĂ©sentant de lâUNICEF au Swaziland. « En raison de la pauvretĂ© et de la prĂ©valence Ă©levĂ©e du VIH, un grand nombre dâenfants sont marginalisĂ©s ». LâĂ©tude (lâEtude nationale sur la violence contre les enfants et les jeunes femmes) repose sur les conclusions tirĂ©es dâentretiens menĂ©s auprĂšs des communautĂ©s rurales et urbaines. Selon ses conclusions inquiĂ©tantes, la violence et les agressions sexuelles contre les filles ont principalement lieu au domicile familial. « Nous avons dĂ©couvert que 75 pour cent des auteurs de violences sexuelles Ă©taient connus de leurs victimes », a expliquĂ© M. Gulaid. « Il nâest pas surprenant de constater que les sĂ©vices sexuels infligĂ©s aux fillettes sont un problĂšme domestique, parce que les Swazis vivent dans des foyers plurigĂ©nĂ©rationnels, gĂ©nĂ©ralement dans des fermes isolĂ©es. Assez peu de fillettes sont violĂ©es par des inconnus en ville parce que moins de gens vivent en milieu urbain, et parce quâen ville, ils sont plus conscients de lâinsĂ©curitĂ© ». Les violeurs nâutilisent pas de prĂ©servatifs Bien souvent, les agresseurs sont les pĂšres ou les compagnons des victimes. Seules 43,5 pour cent des fillettes ont dĂ©clarĂ© que leurs premiĂšres expĂ©riences sexuelles avaient Ă©tĂ© consenties librement et sans contrainte ; un peu moins de cinq pour cent ont dit avoir Ă©tĂ© violĂ©es en guise de premiĂšre expĂ©rience. La crise du sida souligne le besoin urgent de lutter contre la violence envers les fillettes. « Les violeurs nâutilisent pas de prĂ©servatifs, et lorsquâun homme souhaite violer sa fille ou sa niĂšce, ou lorsquâun garçon force sa compagne Ă avoir des rapports sexuels, le risque de transmission est endĂ©mique », a indiquĂ© Victor Ndlovu, responsable conseil et dĂ©pistage volontaires Ă Manzini, ville commerciale du centre du pays. « Ajoutez Ă cela la rĂ©ticence des fillettes Ă dĂ©clarer les maltraitances dont elles sont victimes, ou dans de nombreux cas, Ă bien comprendre quâelles ont subi une violation, et vous vous retrouvez face Ă un grave problĂšme de santĂ© publique, en plus des souffrances subies par chaque fillette ». Un tiers des femmes swazies interrogĂ©es dans le cadre de cette Ă©tude ont dit avoir subi des maltraitances Ă©motionnelles. Bien souvent, les agresseurs ont eux-mĂȘmes Ă©tĂ© maltraitĂ©s dans leur enfance. « La transmission "de seconde main" Ă©tablie des maltraitances est Ă©vidente dâaprĂšs ce quâon nous a dit », a rĂ©vĂ©lĂ© Pamela Dlamini, Ă©tudiante en sociologie Ă lâuniversitĂ© du Swaziland, qui comptait parmi les sondeurs. « Les maltraitances Ă©motionnelles sont essentiellement infligĂ©es aux fillettes par les femmes de leurs familles, qui ont elles-mĂȘmes Ă©tĂ© maltraitĂ©es. Parfois, il y a des jalousies. Au lieu de signaler un mari violent [aux autoritĂ©s] ou dans lâincapacitĂ© de discipliner [la fillette], sa mĂšre ou sa tante la traitera comme une rivale. Cela provient dâune culture oĂč toute fillette post-pubĂšre est considĂ©rĂ©e comme mariable dans un foyer polygame, mĂȘme si celle-ci nâa que 13 ans, bien que la culture swazie nâautorise pas les incestes, endĂ©miques dans les mĂ©nages oĂč des maltraitances sont infligĂ©es ». Selon les estimations du Programme des Nations Unies pour le dĂ©veloppement, bien que le Swaziland soit officiellement un pays Ă revenu moyen, plus des deux tiers des Swazis vivent dans une pauvretĂ© chronique, et environ le mĂȘme nombre (plus de 600 000) dĂ©pend actuellement de lâaide alimentaire distribuĂ©e par le Programme alimentaire mondial et dâautres organismes humanitaires. Selon le rapport, « les violences peuvent entraver le dĂ©veloppement Ă©motionnel, cognitif et physique des enfants, et avoir ainsi des consĂ©quences sur le dĂ©veloppement Ă©conomique du Swaziland, en compromettant la contribution des enfants touchĂ©s ». La marche Ă suivre Moins de la moitiĂ© des agressions sexuelles et autres maltraitances sont dĂ©clarĂ©es aux autoritĂ©s. Il a en effet Ă©tĂ© dĂ©couvert que les enfants swazis [interrogĂ©s] nâavaient sollicitĂ© lâaide de la police ou des assistants sociaux que dans un cas sur cinq ayant abouti Ă des blessures assez graves pour donner lieu Ă un examen mĂ©dical. La solution Ă ce problĂšme semble reposer sur lâĂ©ducation, la sensibilisation des fillettes sur ce qui constitue un acte de maltraitance. « Jâai parlĂ© Ă beaucoup de fillettes qui ont dit quâelles nâavaient pas compris quâelles Ă©taient victimes de maltraitances. Elles se sentaient maltraitĂ©es, physiquement et psychologiquement, mais personne ne leur avait dit que ce nâĂ©tait pas normal », a expliquĂ© Mme Dlamini. Le rapport confirme lâobservation de Mme Dlamini, puisquâil rĂ©vĂšle que « les statistiques semblent indiquer un manque de comprĂ©hension de ce quâest la violence sexuelle, [ainsi quâun manque dâinformation sur] la maniĂšre de dĂ©clarer de tels incidents, et les interlocuteurs Ă qui sâadresser pour le faire ». Il serait utile de mettre en place des programmes Ă©ducatifs dans les Ă©coles, dans un pays oĂč la frĂ©quentation des Ă©coles primaires est relativement rĂ©pandue ; ces programmes permettraient de sensibiliser les fillettes sur le type de comportement qui est acceptable Ă la maison. « Le nombre Ă©levĂ© des cas de violence sexuelle dans les foyers souligne le caractĂšre cachĂ© de la violence sexuelle et reprĂ©sente lâune des plus grandes difficultĂ©s Ă surmonter pour prĂ©venir la violence sexuelle au Swaziland », pouvait-on lire dans le rapport.  Â