SOMALIE: Des familles locales à la recherche de nourriture rejoignent les camps de déplacés internes

Summary: Selon des travailleurs humanitaires et des reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile, de plus en plus d’habitants pauvres de Mogadiscio s’installent dans les camps mis en place pour abriter plus de 100 000 personnes dĂ©placĂ©es d’autres rĂ©gions du pays par la sĂ©cheresse et le manque de nourriture et de services de base.

[1 septembre 2011] - Le nombre des familles de Mogadiscio qui viennent s’installer dans les camps est en forte augmentation depuis trois semaines, indiquent les responsables.

« Une grande partie des familles qui viennent dans les camps ne sont guĂšre mieux loties que les personnes dĂ©placĂ©es ; personne n’est arrivĂ© jusque chez eux et les gens ont donc dĂ©cidĂ© de rejoindre les camps, pour obtenir de l’aide, » a dit Ă  IRIN Asha Ugas Sha'ur, membre de la sociĂ©tĂ© civile de Mogadiscio.

Selon elle, beaucoup de ces familles vivaient dans des zones prĂ©cĂ©demment aux mains du groupe insurgent Al-Shabab, qui s’est retirĂ© de la ville le 6 aoĂ»t.

Certains sont des dĂ©placĂ©s de longue date et des habitants qui dĂ©pendaient pour vivre d’un travail journalier. « Mais c’est tout simplement impossible de trouver du travail et il n’y pas d’autre possibilitĂ© de revenus, » a t-elle ajoutĂ©.

Mme Sha'ur a indiquĂ© que certains Ă©taient restĂ©s des semaines sans pouvoir quitter leur domicile Ă  cause des combats. « Et maintenant ils sortent de chez eux et ils n’ont plus rien. »

Un point d’attraction pour les plus dĂ©munis

Abdulqadir Omar, responsable local du Conseil danois pour les rĂ©fugiĂ©s (Danish Refugee Council) qui gĂšre quatre camps dans la capitale somalienne, soit une population de 3 000 familles (18 000 personnes), a dit Ă  IRIN que beaucoup parmi les nouveaux arrivants venaient de la ville ou des environs, « oĂč l’aide humanitaire n’est pas encore parvenue ».

De nombreuses familles qui se trouvaient dans les camps de dĂ©placĂ©s, situĂ©s le long du corridor d’Afgoye qui contourne la ville sur 30km au sud, reviennent Ă  Mogadiscio parce qu’elles n’y ont pas trouvĂ© beaucoup d’aide, a t-il ajoutĂ©.

D’autres familles, a dit M. Omar, installent des abris de fortune Ă  l’intĂ©rieur des camps, un phĂ©nomĂšne connu sous le nom de « bush bariis » (ce qui peut se traduire grosso modo par des “huttes Ă  riz”). « Elles attendent la distribution de nourriture, puis elles rentrent chez elles », a t-il expliquĂ©. « Cette attitude mĂȘme montre combien les gens sont dĂ©sespĂ©rĂ©s. »

Ambaro* a quittĂ© son lieu de rĂ©sidence au nord de Mogadiscio pour aller vivre dans un camp. Son quartier est l’un des derniers endroits Ă  avoir Ă©tĂ© abandonnĂ© par Al-Shabab. « Je suis partie parce que nous serions morts de faim si nous Ă©tions restĂ©s. »

Elle avait l’habitude de trouver du travail sur les marchĂ©s, mais ceux-ci ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s ; « et je ne peux plus nourrir mes enfants. Quand j’ai entendu parler de tous ces gens qui venaient aider les victimes de la sĂ©cheresse, j’ai dĂ©cidĂ© moi aussi d’aller chercher de l’aide. »

Pour M. Omar, il faut absolument que les agences humanitaires trouvent le moyen d’atteindre ceux qui en ont besoin « dans la ville mĂȘme et dans les environs ».

Avec l’aide dispensĂ©e aux personnes dĂ©placĂ©es par la sĂ©cheresse, nous ne voulons pas provoquer la jalousie et l’hostilitĂ© Ă  leur Ă©gard, » a t-il dit.

Atteindre les gens lĂ  oĂč ils se trouvent, a ajoutĂ© M. Omar, permettrait aussi de rĂ©duire le nombre de gens qui se dĂ©placent. « Nous assistons Ă  des mouvements de population massifs et la seule raison est que les gens essaient d’avoir accĂšs Ă  de la nourriture. S’ils savent que nous parviendrons jusqu’à eux, ils n’auront plus de raison de se dĂ©placer. »

Kiki Gbeho, directrice du Bureau d’OCHA pour la Somalie, a dit que l’objectif de la communautĂ© humanitaire Ă©tait d’amener l’aide aux personnes qui en ont besoin oĂč qu’elles se trouvent. « Quand les gens partent de chez eux pour aller chercher de l’aide, ils deviennent extrĂȘmement vulnĂ©rables et risquent d’ĂȘtre victimes de toutes sortes de transgressions. Les problĂšmes sont nombreux, surtout que plus de 100 000 PDI sont arrivĂ©s Ă  Mogadiscio au cours des deux derniers mois. Nous allons continuer Ă  faire tout notre possible pour leur venir en aide. »

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