SIERRA LEONE : Pas de rapports sexuels durant l’allaitement

Summary: La malnutrition est un problÚme de santé infantile courant en Sierra Leone et les traditions, comme le « banfa », peuvent mettre la santé des jeunes enfants en danger.

[Freetown, le 17 octobre 2012] - Alors qu’elle tente d’apaiser son bĂ©bĂ© soignĂ© pour malnutrition dans une clinique d’un bidonville de Freetown, une Sierra-LĂ©onaise indique n’avoir jamais entendu parler de l’allaitement exclusif, mais dit respecter le « banfa » - un principe traditionnel selon lequel une femme ne doit pas avoir de relations sexuelles durant la pĂ©riode d’allaitement afin de ne pas mettre la santĂ© de son enfant en danger. 

Lorsque ce principe n’est pas respectĂ©, le bĂ©bĂ© ne reçoit plus de lait maternel, alors que les experts de la santĂ© recommandent un allaitement exclusif pendant les six premiers mois de la vie. L’allaitement doit ensuite ĂȘtre complĂ©tĂ© par d’autres aliments jusqu’à l’ñge de 24 mois ou plus. 

« Je n’ai jamais entendu parler de l’allaitement exclusif. Je connais le principe du "banfa" et je le respecte », a dit Kadiatu Dubero, dont le bĂ©bĂ© ĂągĂ© de 13 mois souffre de malnutrition sĂ©vĂšre. Le bĂ©bĂ© pesait 5,8 kg et la circonfĂ©rence de la partie supĂ©rieure de son bras Ă©tait de 11 cm. Chez les enfants, une circonfĂ©rence infĂ©rieure Ă  11,5 cm est le signe d’une malnutrition sĂ©vĂšre. 

Mme Dubero a indiquĂ© qu’elle nourrissait son bĂ©bĂ© avec du lait maternel, du gruau et de l’eau. Joseph Senesie, spĂ©cialiste de la nutrition auprĂšs du bureau du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Sierra Leone, a dit Ă  IRIN que bon nombre de mĂšres de ce petit État de l’Afrique de l’Ouest n’ont pas de connaissances sur la nutrition des nourrissons en raison de l’analphabĂ©tisme et de la pauvretĂ©. 

À la clinique de Kroo Bay, un bidonville de Freetown situĂ© au bord de l’ocĂ©an Atlantique, plusieurs mĂšres sont venues afin de faire rĂ©aliser un bilan de santĂ© Ă  leurs enfants. 

La malnutrition est un problÚme de santé infantile courant en Sierra Leone et les traditions, comme le « banfa », peuvent mettre la santé des jeunes enfants en danger. 

« Les femmes y [« banfa »] croient, donc elles arrĂȘtent d’allaiter leur bĂ©bĂ© dĂšs qu’elles ont des relations sexuelles », a dit M. Senesie. « Les enfants devraient ĂȘtre allaitĂ©s au moins pendant les deux premiĂšres annĂ©es. La plupart d’entre elles [les femmes] auront Ă  nouveau des relations sexuelles avant que leur enfant n’ait atteint l’ñge de deux ans. Une femme et son partenaire peuvent-ils attendre que l’enfant ait deux ans pour avoir des relations sexuelles ? Je ne le pense pas ». 

« Je ne pourrais pas avoir de relations sexuelles avec mon mari quand j’allaite, car le bĂ©bĂ© tomberait malade », a dit Ă  IRIN Fatimata Bangura, 19 ans et mĂšre d’un bĂ©bĂ© de deux mois. « Ce n’est pas bon d’avoir des relations sexuelles avec mon mari en pĂ©riode d’allaitement ». 

En Sierra Leone, un pays en reconstruction aprĂšs une dĂ©cennie de guerre civile qui a pris fin en 2002, 32 pour cent des enfants ne reçoivent que du lait maternel jusqu’à l’ñge de six mois ; 22 pour cent des enfants de moins de cinq ans prĂ©sentent une insuffisance pondĂ©rale, 8,5 pour cent sont Ă©maciĂ©s et 44 pour cent souffrent de malnutrition chronique, selon les chiffresfournis par l’UNICEF, et 35 pour cent des dĂ©cĂšs infantiles sont liĂ©s Ă  la malnutrition.

Vulnérabilité aux infections 

Certaines mĂšres commencent Ă  associer allaitement maternel et alimentation liquide avant que leur bĂ©bĂ© n’ait atteint l’ñge de six mois, mais les enfants sont vulnĂ©rables aux infections en raison des conditions d’hygiĂšne et de la mauvaise qualitĂ© de l’eau en Sierra Leone, a dit M. Senesie, ajoutant que bon nombre de mĂšres manquent de connaissances sur les aliments Ă  donner Ă  leur enfant sevrĂ©.

Les enfants souffrant de malnutrition ont un systĂšme immunitaire affaibli et sont donc particuliĂšrement vulnĂ©rables aux maladies. À l’hĂŽpital public situĂ© Ă  quelques pas du quartier central des affaires de Freetown, le gouvernement et l’UNICEF ont mis en place un programme thĂ©rapeutique ambulatoire : chaque mois, entre 50 et 60 enfants y sont soignĂ©s pour des maladies liĂ©es Ă  la malnutrition et Ă  d’autres complications mĂ©dicales. 

La plupart des enfants soignĂ©s Ă  l’hĂŽpital Ola During, situĂ© Ă  l’extĂ©rieur du centre-ville, souffrent de la tuberculose, du VIH ou de malnutrition, a dit Salimatu Kargbo, une infirmiĂšre communautaire. Les enfants sont en mauvaise santĂ© Ă  cause des maladies chroniques et de la nĂ©gligence des familles, a-t-elle ajoutĂ©. 

La malnutrition infantile atteint son pic pendant la saison des pluies, entre juin et septembre, car les mĂšres qui font vivre leur famille grĂące Ă  leur petit commerce ne peuvent pas sortir pour vendre leurs marchandises. Cette annĂ©e, la saison des pluies a Ă©galement favorisĂ© l’apparition du cholĂ©ra en Sierra Leone, infectant des milliers de personnes et faisant plusieurs centaines de victimes, notamment dans les bidonvilles de Freetown, au cours de la pire Ă©pidĂ©mie qu’ait connu le pays au cours des 15 derniĂšres annĂ©es. 

Mme Kargbo a indiquĂ© que plus de 75 pour cent des enfants malades et malnutris avaient Ă©tĂ© soignĂ©s avec succĂšs Ă  l’hĂŽpital. 

« Les rechutes sont trÚs rares. Nous leur [mÚres] expliquons comment prendre soin de leurs enfants pour éviter la malnutrition ». 

Bien que Mme Dubero ait indiquĂ© respecter le « banfa » scrupuleusement, elle a eu des difficultĂ©s Ă  expliquer pourquoi sa prĂ©tendue chastetĂ© ne protĂ©geait pas son enfant de la malnutrition. Elle a toutefois soulignĂ© : « J’y crois toujours ».

pdf: http://www.irinnews.org/fr/Report/96573/SIERRA-LEONE-Pas-de-rapports-sex...

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