RDC: Reconstruire la vie des enfants associés aux groupes armés

Summary: « Ce sont les enfants qui sont les premiers Ă  souffrir du conflit : Ils sont entraĂźnĂ©s dans la violence en tant que victimes d’attaques sexuelles ; ils perdent leur famille suite Ă  d’incessantes migrations et sont impliquĂ©s dans les combats en tant qu’acteurs du conflit, » a indiquĂ© Cornelia Walther, chef de la communication pour l’Unicef en RDC.

[Le 18 janvier 2012] - Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), un partenariat de plusieurs organisations humanitaires travaillant avec des volontaires au niveau communautaire au Sud-Kivu, province situĂ©e Ă  l’est de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC), a aidĂ© Ă  dĂ©mobiliser des milliers d’enfants qui avaient Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment associĂ©s Ă  des groupes armĂ©s dans cette province.

« Ce sont les enfants qui sont les premiers Ă  souffrir du conflit : Ils sont entraĂźnĂ©s dans la violence en tant que victimes d’attaques sexuelles ; ils perdent leur famille suite Ă  d’incessantes migrations et sont impliquĂ©s dans les combats en tant qu’acteurs du conflit, » a indiquĂ© Cornelia Walther, chef de la communication pour l’Unicef en RDC.

D’aprĂšs Mme Walther, 101 enfants ĂągĂ©s de 11 Ă  17 ans, vivent actuellement au Centre de transit et d’orientation (CTO) de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©mobilisĂ©s des forces armĂ©es ou d’autres groupes armĂ©s.

Selon Alessandra Dentice, responsable Ă  l’UNICEF de la protection infantile en RDC, au moins 33 000 enfants ont Ă©tĂ© dĂ©mobilisĂ©s depuis 2004 dans tout le pays, avec l’aide de l’UNICEF.

Le CTO est gĂ©rĂ© par une association congolaise, le Bureau pour le Volontariat au service de l’Enfance et de la SantĂ© (BVES), qui a aidĂ© Ă  la dĂ©mobilisation de plus de 2 500 enfants depuis 2002.

Qui fait quoi

Tandis que l’UNICEF finance le programme et que le CTO supervise la procĂ©dure de dĂ©mobilisation, le ComitĂ© International de la Croix-Rouge (CICR) s’occupe de retrouver la trace des familles et fournit un soutien mĂ©dical. 34 familles d'accueil regroupĂ©es en rĂ©seau reçoivent les jeunes prĂšs de chez elles dans les rĂ©gions Ă©loignĂ©es de la province. Ce sont des volontaires communautaires qui supervisent la procĂ©dure de rĂ©intĂ©gration. Quant au Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), il assure l’alimentation des enfants du CTO.

Les Nations Unies estiment que depuis 1998, cinq millions de personnes ont été tuées en RDC par la guerre ou la maladie.

L’irrĂ©gularitĂ© de l’enregistrement des naissances dans un pays aussi vaste constitue l’un des plus grands dĂ©fis quand il s’agit de dĂ©mobiliser les enfants. Une Ă©tude de 2010 menĂ©e par l’UNICEF indique que moins d’un enfant congolais sur trois est en possession d’un certificat de naissance.

Comme l’a dit rĂ©cemment Murhabazi Namegabe, directeur du BVES Ă  Bukavu, « d’un point de vue administratif, ces enfants n’existent pas. Comment prouver Ă  un chef militaire que son soldat est mineur, si mĂȘme l’enfant ne connaĂźt pas son Ăąge ? »

Beaucoup d’enfants viennent de rĂ©gions oĂč le conflit perdure, a indiquĂ© M. Namegabe, en ajoutant que quand ils reviennent chez eux, ces enfants ont toutes les chances d’ĂȘtre Ă  nouveau enrĂŽlĂ©s dans un groupe armĂ©. « Chaque enfant sauvĂ© est une journĂ©e rĂ©ussie » a t-il dit.

« Certains enfants ne veulent pas rentrer chez eux parce qu’ils ont honte de ce qu’ils ont fait. Et finalement, il arrive que des familles refusent de reprendre leur enfant, parce qu’elles ont peur de ce qu’il est devenu, » a ajoutĂ© M. Namegabe.

Les traumatismes

Pour les filles associĂ©es aux groupes armĂ©s, la situation est particuliĂšrement tragique, a indiquĂ© M. Namegabe : en effet elles souffrent de traumatismes, car la plupart d’entre elles ont Ă©tĂ© violĂ©es et se sont parfois retrouvĂ©es enceintes.

Toutes les jeunes filles dĂ©mobilisĂ©es sont emmenĂ©es Ă  l’hĂŽpital Panzi Ă  Bukavu, un centre mĂ©dical qui traite les survivants d’attaques sexuelles.

Julia*, 17 ans, a dit Ă  l’équipe d’UNICEF : « Je suis nĂ©e au Rwanda, mais je n’ai jamais connu mes parents. Quand j’avais 16 ans, un commandant de l’armĂ©e nationale m’a prise de force. Quand je me suis trouvĂ©e enceinte, il m’a rejetĂ©e. Dans un centre de soutien pour les rĂ©fugiĂ©s, j’ai Ă©tĂ© violĂ©e une seconde fois. Je suis reconnaissante d’ĂȘtre ici maintenant, avec mon bĂ©bĂ©. Si c’est possible, j’aimerais ouvrir un petit magasin qui serait Ă  moi. »

Au CTO, les enfants et les jeunes suivent des cours classiques, ont des discussions de groupe entre pairs et bĂ©nĂ©ficient de conseils d’orientation professionnelle sur les options qui s’offrent Ă  eux aprĂšs le centre.

« La situation qui les a amenĂ©s dans un groupe armĂ© n’a pas changĂ©. C’est important, dans un tel contexte, qu’ils aient un projet de vie bien clair, » a indiquĂ© M. Namegabe. « Nous voulons qu’ils soient en mesure de bĂątir des rĂȘves, tout en restant rĂ©alistes. »

« La pauvretĂ© des familles est un gros problĂšme. Avant de reprendre leur fille, elles demandent de la nourriture ou de l’argent, parce qu’elles ont dĂ©jĂ  trop de bouches Ă  nourrir Ă  la maison, » a dĂ©clarĂ© Rohanne Rosine, directrice du CTO pour la protection des filles.

* un nom d’emprunt

pdf: http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?reportid=94666

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.