Premier verdict de la CPI : un ancien chef rebelle congolais déclaré coupable

Summary: La Cour pénale internationale (CPI) a déclaré mercredi, à l'unanimité, l'ancien chef rebelle congolais Thomas Lubanga Dyilo coupable de crimes de guerre en République démocratique du Congo (RDC). Il s'agit du premier verdict rendu par une chambre de premiÚre instance de la CPI.

[Le 14 mars 2012] - M. Lubanga a été jugé coupable d'avoir procédé à la conscription et à l'enrÎlement d'enfants de moins de 15 ans et de les avoir fait participer activement à des hostilités du 1er septembre 2002 au 13 août 2003, a précisé la CPI dans un communiqué de presse publié mercredi.

Ces crimes de guerre ont été commis dans le cadre d'un conflit armé interne qui a eu lieu en Ituri (RDC) et a opposé la Force patriotique pour la libération du Congo (FPLC), dirigée par Thomas Lubanga Dyilo, à l'Armée populaire congolaise et à d'autres milices, dont la Force de résistance patriotique en Ituri. Thomas Lubanga Dyilo et les coauteurs des crimes ont convenu d'un plan commun consistant à mettre sur pied une armée dans le but de prendre et conserver le contrÎle de l'Ituri, aussi bien politiquement que militairement. Ce plan a eu pour conséquence la conscription et l'enrÎlement de garçons et de filles de moins de 15 ans, et leur utilisation pour les faire participer activement à des hostilités.

 

Thomas Lubanga Dyilo était Président de l'Union des patriotes congolais (UPC), dont il exerçait la direction politique, et commandant en chef de sa branche militaire, la FPLC. Il assurait la coordination globale des activités de l'UPC/FPLC et apportait un appui actif aux campagnes de recrutement, par exemple en prononçant des discours devant la population locale et les recrues. En outre, il a personnellement utilisé des enfants de moins de 15 ans comme gardes du corps et voyait réguliÚrement de tels enfants assurer la garde d'autres membres de l'UPC/FPLC.

 

La Chambre, composée des juges Adrian Fulford (juge président), Elizabeth Odio Benito et René Blattmann, a conclu que les éléments de preuve présentés par le Procureur établissent au delà de tout doute raisonnable que Thomas Lubanga Dyilo a apporté une contribution essentielle au regard du plan commun.

 

À la demande de Thomas Lubanga Dyilo et en application de l'article 76‑2 du Statut de Rome, la Chambre consacrera une audience distincte Ă  la fixation de la peine. Elle Ă©tablira Ă©galement les principes applicables aux rĂ©parations en faveur des victimes. La DĂ©fense a le droit d'interjeter appel de la dĂ©claration de culpabilitĂ© dans un dĂ©lai de 30 jours suivant la rĂ©ception de la traduction française du Jugement.

 

Thomas Lubanga Dyilo, ressortissant de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  La Haye le 17 mars 2006, en exĂ©cution d'un mandat d'arrĂȘt dĂ©livrĂ© par la Chambre prĂ©liminaire I. Son procĂšs, le premier devant la CPI, s'est ouvert le 26 janvier 2009, pour s'achever par la prĂ©sentation des conclusions orales des parties et participants les 25 et 26 aoĂ»t 2011.

 

Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU, Ban Ki-moon, a saluĂ© le verdict, estimant qu’il s’agissait d’une Ă©tape importante dans les efforts de la communautĂ© internationale pour garantir que les auteurs de crimes contre les enfants dans des situations de conflit armĂ©s soient traduits en justice.

« Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral estime que la communautĂ© internationale doit continuer ses efforts pour mettre fin Ă  l’impunitĂ© et rappelle l’importance de poursuivre ceux qui ont commis des crimes de gĂ©nocide, des crimes contre l’humanitĂ© et des crimes de guerre », a dit son porte-parole dans une dĂ©claration Ă  la presse.

Dans ce contexte, Ban Ki-moon a réaffirmé le ferme engagement des Nations Unies à soutenir le travail indépendant de la CPI comme piÚce centrale du systÚme international de justice pénale.

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, le Directeur exĂ©cutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Anthony Lake, et la ReprĂ©sentante spĂ©ciale du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral pour les enfants et les conflits armĂ©s, Radhika Coomaraswamy, ont Ă©galement saluĂ© la condamnation de Thomas Lubanga.

« Il s’agit d’un moment historique dans la lutte contre l’impunitĂ© », a dit Mme Pillay dans une dĂ©claration Ă  la presse. « Il y a deux dĂ©cennies, la justice internationale Ă©tait une menace vide », a-t-elle ajoutĂ©. « Depuis lors, beaucoup de choses ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. L’arrivĂ©e Ă  l’ñge adulte de la CPI est d’une Ă©norme importance dans la lutte pour amener la justice et dissuader d’autres crimes. »

La CPI est la premiĂšre cour pĂ©nale internationale permanente crĂ©Ă©e en vertu d'un traitĂ© pour mettre fin Ă  l'impunitĂ© des auteurs des crimes les plus graves touchant la communautĂ© internationale, Ă  savoir les crimes de guerre, les crimes contre l'humanitĂ©, le gĂ©nocide et le crime d'agression. À l'heure actuelle, 14 autres affaires sont portĂ©es devant la Cour, dont trois en sont au stade du procĂšs.

pdf: http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=27787&Cr=CPI&Cr1=

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