PEROU: Ces enfants qui travaillent au recyclage des ordures

Summary: L’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur des jeunes qui travaillent au recyclage des ordures passe par la prise de parole

[Le 1 septembre 2011] - Le travail des enfants qui tentent de gagner un peu d’argent en ramassant des ordures dans des dĂ©charges publiques pour les recycler est reconnu par la communautĂ© internationale comme l’une des pires formes de travail infantile qui soient. Mais qu’en pensent ceux-lĂ  mĂȘmes qui vivent cette dure expĂ©rience, en l’occurrence les enfants? C’est ce qu’a voulu savoir Marie-Pier Girard, doctorante en anthropologie, dont la thĂšse porte sur les droits des enfants qui travaillent Ă  la collecte et au tri des ordures Ă  Las Lomas de Carabayllo, Ă  Lima, au PĂ©rou.

La chercheuse a collaborĂ© avec 20 enfants sur le terrain et leur a demandĂ© de parler de leur vie, de leurs projets et de la façon dont ils envisageaient l’avenir. Suivant l’idĂ©e selon laquelle l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur des enfants passe par la possibilitĂ© qu'ils puissent exprimer leurs idĂ©es et leurs besoins, elle leur a donnĂ© la parole. «Certains enfants allaient Ă  l’école le matin et travaillaient au recyclage des ordures l’aprĂšs-midi, tandis que d’autres ne travaillaient que les fins de semaine, explique Marie-Pier Girard. Il Ă©tait important pour eux que leur travail ne passe pas avant l’école, qu’il n’affecte pas leur santĂ© et, enfin, qu’on ne les force pas Ă  travailler contre leur grĂ©. À cet Ă©gard, aucun enfant ne m’a affirmĂ© qu’il Ă©tait obligĂ© de travailler. Tous considĂ©raient que c’était leur rĂŽle d’aider financiĂšrement leurs parents.»     

Une rĂ©alitĂ© parmi d’autres
Souliers, cĂąbles, fils de cuivre, canettes, bouteilles de plastique, jouets usĂ©s, papier, seringues: voilĂ  un aperçu du type de dĂ©chets rĂ©cupĂ©rĂ©s et ramenĂ©s Ă  la maison par les enfants pour ĂȘtre ensuite classĂ©s par les parents puis revendus Ă  des prix dĂ©risoires, mais qui valent leur pesant d’or dans ces familles oĂč rĂšgne la pauvretĂ©. Pour recycler les bouteilles de plastique, on les «pĂšle» en exposant les Ă©tiquettes Ă  une source de chaleur. MĂȘme chose pour les semelles des espadrilles qu’on arrive Ă  dĂ©coller du reste de la chaussure sous l’effet d’une forte chaleur. Si les enfants se disent conscients des risques de blessures encourus dans la manipulation des ordures, ils voient aussi des aspects positifs dans leur pratique comme la possibilitĂ© de dĂ©velopper des habiletĂ©s manuelles et de rĂ©aliser des opĂ©rations mathĂ©matiques de base pour calculer les poids et l’argent qui leur est dĂ». 

Dans un tel contexte, oĂč se situe donc l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de ces enfants, un concept qui stipule que tout doit ĂȘtre mis en Ɠuvre pour assurer leur bien-ĂȘtre et leur protection? «L’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur des enfants qui travaillent au recyclage, c’est d’aider leurs parents afin qu’il y ait suffisamment d’argent Ă  la maison», a rĂ©pondu une petite fille. «C’est que les enfants dĂ©laissent ce travail et que, une fois pour toutes, on leur donne accĂšs Ă  l’eau et Ă  des Ă©gouts», a indiquĂ© une autre. «Toujours dans leur intĂ©rĂȘt, il est certain que ce travail devrait ĂȘtre Ă©radiquĂ©, dit Marie-Pier Girard. Mais sur le terrain, on s’aperçoit qu’il ne constitue qu’une facette parmi d’autres de leur rĂ©alitĂ©. MĂȘme s’ils arrĂȘtaient de travailler du jour au lendemain, ils continueraient Ă  souffrir de malnutrition chronique et de violence familiale, de grandir dans un environnement contaminĂ©, sans avoir accĂšs Ă  l’eau potable et aux autres services de base. Ce sont ces violations Ă  leurs droits sociaux et Ă©conomiques qu’il faut prioritairement rĂ©soudre.»

Owner: Renée Larochelle

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