PEINE DE MORT: Une charte arabe controversée

Summary: L’ONU salue l’adoption d’une Charte arabe des droits de l’homme. Les milieux pro-israĂ©liens bondissent. Les dĂ©fenseurs des libertĂ©s restent sur leurs gardes. [1er fĂ©vrier 08] - Les libertĂ©s sont-elles modulables selon les mentalitĂ©s et les cultures ? La question ressurgit alors que la planĂšte cĂ©lĂšbre cette annĂ©e les soixante ans de la DĂ©claration universelle des droits de l’homme. NĂ©gociĂ©e sous l’égide de la Ligue arabe, une charte rĂ©gionale des droits de l’homme va pouvoir entrer en vigueur en mars. Elle a Ă©tĂ© ratifiĂ©e par la Jordanie, le Bahrein, la Libye, l’AlgĂ©rie, les Emirats arabes unis, la Palestine, le YĂ©men. La Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Louise Arbour, a saluĂ© l’évĂšnement. Cette « caution » de l’ONU a provoquĂ© le tollĂ© dans les milieux pro-israĂ©liens.

Ces derniers ont fortement rĂ©agi au prĂ©ambule qui condamne le sionisme au mĂȘme titre que le racisme. Ils reprochent Ă  Louise Arbour de donner une crĂ©dibilitĂ© Ă  une charte qui « appelle Ă  la destruction d’IsraĂ«l », selon UN Watch. Alors que l’ONU est censĂ©e Ă©viter tout amalgame Ă  ce sujet. Les dĂ©fenseurs des libertĂ©s, eux, considĂšrent qu’une telle mention relĂšve du politique et n’a pas sa place dans ce texte.

« La Charte arabe est en conformitĂ© avec la ConfĂ©rence de Vienne de 1993 qui reconnaĂźt des spĂ©cificitĂ©s rĂ©gionales aux droits de l’homme, argue un diplomate arabe Ă  GenĂšve. La Ligue arabe a voulu rĂ©affirmer que la charia, la loi de Dieu, n’est pas en contradiction avec le droit international. La question du sionisme est un problĂšme intrinsĂšque Ă  la rĂ©gion. Les Etats arabes ne peuvent pas faire l’impasse dessus. »

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a toutefois diffusĂ© mercredi un nouveau communiquĂ©, incluant les rĂ©serves sur la mention du sionisme et sur certaines dispositions de la Charte considĂ©rĂ©es en dessous des normes internationales.

ONG sur la réserve

« Ce compromis entre la charia et la DĂ©claration des droits de l’homme laisse Ă  dĂ©sirer, relĂšve Eric Sottas, directeur de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Certains passages, notamment sur la femme, la torture, la libertĂ© d’association et la peine de mort pour les enfants, restent flous. »

« Tous les pays arabes ont pourtant signĂ© la Convention relative aux droits de l’enfant qui stipule qu’aucun mineur ne peut ĂȘtre condamnĂ© Ă  mort pour des crimes commis avant 18 ans. Or cette Charte stipule que la lĂ©gislation interne prime parfois. » Ce qui Ă©quivaut Ă  l’application de la charia pour certains pays.

MĂȘme rĂ©serve chez Said Benarbia, chargĂ© du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord Ă  la Commission internationale des juristes : « Dans certains pays de la rĂ©gion, si on fait partie des FrĂšres musulmans par exemple, on risque la peine capitale sans faire dans le dĂ©tail, enfant ou pas. »

Et Eric Sottas de poursuivre : « A partir du moment oĂč un pays ratifie une convention internationale, il doit modifier sa lĂ©gislation interne. C’est bien pour cela que les Etats-Unis n’ont toujours pas ratifiĂ© la Convention relative aux droits de l’enfant. »

Said Benarbia s’inquiĂšte aussi de la mise en application des traitĂ©s. « Lorsqu’un Syrien, un Egyptien ou un Tunisien est traduit en justice chez lui, comment peut-il ĂȘtre protĂ©gĂ© par cette Charte ? » interroge-t-il. D’une part, estime de son cĂŽtĂ© Eric Sottas, le ComitĂ© censĂ© veiller au respect de cette Charte n’est autorisĂ© Ă  recevoir que les rapports des Etats. D’autre part, les gouvernements signataires ne font rien pour adapter leur lĂ©gislation aux instruments internationaux ou rĂ©gionaux. Et comme leur justice n’est pas indĂ©pendante, conclut-il, les juges n’osent pas prendre l’initiative de modifier les lois.

MĂȘme constat pour l’état d’urgence qui doit, selon la Charte, ĂȘtre une mesure exceptionnelle. « Or dans certains de ces pays, l’état d’urgence dure depuis 30-40 ans ! ironise le juriste. Il y a un rĂ©el dĂ©calage entre la Charte et la rĂ©alitĂ© sur place. »Owner: Carol VannAssociation: InfoSud

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