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Summary: L’attentat contre Malala Yousafzai n’était que l'une des nombreuses attaques visant des écolières au Pakistan.
[New York, le 19 octobre 2012] - Le gouvernement pakistanais devrait prendre des mesures immédiates pour protéger les élèves, les enseignants, les écoles et les défenseurs des droits humains contre tout risque d’attaque, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les groupes armés, notamment les talibans, Al-Qaïda et les groupes affiliés doivent cesser leurs attaques qui ciblent des enfants, des enseignants et des écoles. Selon les informations recueillies par Human Rights Watch, 96 attaques ont déjà été commises contre des écoles au Pakistan cette année. La plupart de ces attaques ont été perpétrées dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (KP) et dans les Zones tribales sous administration fédérale (Federally Administered Tribal Areas FATA) frontalières de l'Afghanistan. Quatorze attaques dans les zones tribales ont été signalées auprès de l'Agence Mohmand. Des dizaines d'attaques contre des écoles ont été signalées dans la province de Khyber Pakhtunkhwa : treize dans le district de Swabi, douze dans le district de Charsadda, et onze dans le district de Mardan. Des écoles ont également été attaquées dans les provinces du Baloutchistan et du Sindh. Un rapport des Nations Unies a fait état de 152 incidents de destruction partielle ou totale d’installations scolaires dans les Zones tribales et dans la province de Khyber Pakhtunkhwa en 2011. « Certaines régions du Pakistan sont parmi les endroits les plus dangereux du monde pour des élèves aujourd'hui », a déclaré Ali Dayan Hasan, directeur de recherches sur le Pakistan à Human Rights Watch. « Les autorités pakistanaises doivent réaliser que les expressions d'indignation ne suffisent plus et ces attaques ne cesseront qu’une fois que les agresseurs devront rendre compte de leurs actes. » Malala Yousafzai, une écolière de 15 ans connue pour sa défense courageuse du droit des enfants à l'éducation, a été grièvement blessée par balles à la tête et au cou le 9 octobre 2012, et se trouve toujours dans un état critique. Le Mouvement des Talibans du Pakistan (Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP) a revendiqué la responsabilité de l'attaque, qui a été condamnée par des représentants de tous horizons politiques au Pakistan. Trois jours seulement après cet attentat, au moins trois étudiants universitaires chiites – deux jeunes hommes et une jeune femme - ont été grièvement blessés lorsque des extrémistes leur ont jeté de l'acide au visage alors qu'ils rentraient chez eux à Parachinar, dans les Zones tribales, après avoir passé leurs examens à Kohat, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Il s’agirait selon une organisation non gouvernementale locale du premier cas d’ « attaque à l’acide » de ce genre dans les Zones tribales. Le Mouvement des Talibans du Pakistan a également revendiqué cette attaque. « L'unanimité de la condamnation et la rapidité des réactions à l’échelle mondiale suite à l’attentat perpétré contre Malala ont été phénoménales, mais nous devrions assister à ce même genre de réaction chaque fois qu'une élève ou une école est attaquée », a commenté Ali Dayan Hasan. « Le fait qu’il subsiste après plusieurs années des décombres d’écoles à travers tout le nord-ouest du Pakistan incite à s’interroger sur l’engagement du gouvernement à garantir que les enfants puissent retourner à l'école en toute sécurité. » Human Rights Watch a cité les attaques contre plusieurs travailleurs d'organisations non gouvernementales dans les Zones tribales et dans la la province de Khyber Pakhtunkhwa, notamment en raison de leur travail dans le domaine de l'éducation : • En juillet 2012, Farida Afridi, une militante des droits des femmes a été assassinée, manifestement à cause de son travail en faveur de l'éducation des filles dans les Zones tribales. Le gouvernement fédéral du Pakistan devrait coopérer avec les autorités provinciales afin de créer un système de réaction rapide apte à intervenir en cas d’attaques contre les écoles, par exemple en réparant ou reconstruisant rapidement toute infrastructure démolie et en remplaçant le matériel pédagogique détruit, afin de permettre aux élèves de retourner à l'école dès que possible. Lors de la reconstruction, les élèves devraient être scolarisés sur d’autres sites ou par d'autres moyens et, le cas échéant, pouvoir bénéficier d’une aide psychologique. L'armée pakistanaise devrait également éviter d’utiliser les écoles à des fins militaires, ce qui en fait des cibles pour ses ennemis, a déclaré Human Rights Watch. Un documentaire réalisé en 2009 sur Malala Yousafzai montre par exemple que son école avait été utilisée comme base militaire par l'armée. « L’attentat perpétré contre Malala n’est pas seulement une attaque contre une jeune fille courageuse, mais est révélateur de la crise qui affecte tout le système éducatif du Pakistan », a conclu Ali Dayan Hasan. « Les autorités pakistanaises devraient reconnaître que quiconque cherche à nuire aux élèves et aux enseignants pakistanais ne fait que détruire l’avenir du pays. »
• En mai 2012, un dirigeant islamiste au Kohistan (province de Khyber Pakhtunkhwa) a émis une fatwa interdisant l'éducation des filles en tant que non islamique, et a menacé de soumettre des militantes à des mariages forcés.
• En décembre 2011, des extrémistes ont abattu Zarteef Afridi, un enseignant qui avait fondé une école et qui militait depuis plusieurs décennies pour les droits des enfants et des femmes dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, alors qu’il se rendait à son ecole.