NIGER: 6.000 nouveaux cas de malnutrition enregistrés chaque semaine

Summary: NIAMEY, 27 juil (IPS) - La dĂ©gradation de la situation alimentaire et nutritionnelle au Niger, au cours des trois derniers mois, a conduit les Nations Unies Ă  rĂ©viser le coĂ»t du Plan d’action humanitaire d’urgence Ă©laborĂ© en avril de cette annĂ©e

Le plan rĂ©visĂ© le 20 juillet Ă  New York porte Ă  prĂ©sent sur un montant de 371 millions de dollars, contre les 190 millions de dollars de la requĂȘte initiale, indique un communiquĂ© officiel publiĂ© le mĂȘme jour par le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). Selon le communiquĂ©, plus de 142 millions de dollars sont dĂ©jĂ  reçus ou promis; il reste Ă  mobiliser 229 millions de dollars.

Le plan d’urgence d’avril dernier faisait suite Ă  l’appel Ă  l’aide lancĂ© par les autoritĂ©s de la transition nigĂ©rienne pour secourir prĂšs de la moitiĂ© des 15 millions d’habitants du pays confrontĂ©e Ă  une crise alimentaire d’une rare sĂ©vĂ©ritĂ©.

InterrogĂ© par IPS, le Premier ministre nigĂ©rien de la transition, Mahamadou Danda, a dĂ©plorĂ© l’intervention tardive de l’appel Ă  l’aide en mars dernier seulement, mais a jugĂ© positives les rĂ©actions enregistrĂ©es jusqu’ici.

La mauvaise campagne agricole 2009, caractĂ©risĂ©e par un dĂ©ficit cĂ©rĂ©alier global de 410.661 tonnes, est Ă  l’origine de cette crise qui touche 7,1 millions de personnes, soit plus de 47 pour cent de la population nigĂ©rienne, selon la derniĂšre enquĂȘte diligentĂ©e en avril 2010 par le gouvernement.

"Selon l’enquĂȘte annuelle sur la nutrition et la survie de l’enfant de juin 2010, la prĂ©valence de la malnutrition a augmentĂ© de 12,3 Ă  16,7 pour cent depuis la derniĂšre enquĂȘte effectuĂ©e en 2009, dĂ©passant ainsi le seuil critique d’urgence de 15 pour cent. En moyenne, 6.000 enfants sont admis chaque semaine dans les centres de rĂ©cupĂ©ration thĂ©rapeutique", alerte le communiquĂ© de OCHA.

"Chaque semaine, nous enregistrons plus d’une quarantaine de cas de malnutrition aiguĂ« dans notre formation sanitaire", tĂ©moigne Ă  IPS, Balkissa Issa, une infirmiĂšre en poste dans la rĂ©gion de Zinder, dans l’est du pays.

Au cours d’une vidĂ©oconfĂ©rence, le 16 juillet, Mohamed BĂ©avogui, directeur de la Division Afrique de l'ouest et du centre du Fonds international de dĂ©veloppement agricole (FIDA), a confirmĂ© la gravitĂ© de la crise chez les enfants. "La situation des enfants est toujours critique au Niger, mais des rĂ©ponses sont mises en Ɠuvre en faveur des femmes et des enfants considĂ©rĂ©s comme les groupes les plus vulnĂ©rables par l’UNICEF et des ONG".

Citant plusieurs sources, Béavogui a indiqué que la crise a "empiré" avec la "période de soudure" trÚs cruciale, qui a débuté en juin avec la campagne agricole pour se clore en septembre avec les récoltes.

Face Ă  ce drame, l’Etat et ses partenaires institutionnels ainsi que certaines organisations non gouvernementales internationales et locales ont engagĂ© des opĂ©rations de "vente de cĂ©rĂ©ales Ă  prix subventionnĂ©", "travail contre vivre et/ou argent", "distribution gratuite de vivres" aux couches les plus dĂ©munies sur l’ensemble du territoire, a constatĂ© IPS.

"Concernant la vente Ă  prix subventionnĂ© qui consiste Ă  vendre le sac de 100 kilogrammes de mil, de maĂŻs ou de riz Ă  13.000 francs CFA (environ 26 dollars) contre plus de 20.000 francs (40 dollars) sur le marchĂ©, nous avons dĂ©jĂ  placĂ© 60.000 tonnes de cĂ©rĂ©ales sur l’ensemble du territoire", explique Ă  IPS, Moustapha Kadi, un membre du ComitĂ© ad hoc national de supervision et de coordination des activitĂ©s et appuis au Plan de soutien 2010, basĂ© Ă  Niamey.

Kadi ajoute: "Nous avons aussi procĂ©dĂ©, conjointement avec le Programme alimentaire mondial (PAM), Ă  la distribution gratuite ciblĂ©e de 53.000 tonnes entre juin et juillet 2010". Une autre opĂ©ration similaire de 30.000 tonnes est prĂ©vue en aoĂ»t ainsi qu’une distribution de rations alimentaires aux enfants de six Ă  23 mois dans tout le pays, ajoute-t-il.

Malheureusement, de nombreuses personnes démunies, en ville comme en campagne, entendent seulement parler de ces interventions, mais ne voient rien, a constaté IPS.

FourĂ©ra Gado, une mĂšre de 28 ans, aux chevets de son enfant de 19 mois malnutri hospitalisĂ© dans un centre de santĂ© Ă  Niamey, la capitale nigĂ©rienne, en fait partie. "Jusqu’ici, nous n’avons pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette distribution destinĂ©e aux dĂ©munis. Nous ne savons pas comment se fait leur identification en ville", confie-t-elle Ă  IPS.

Pour prévenir ce genre de crise, le gouvernement a créé en mai dernier une Haute autorité à la sécurité alimentaire.

"Seule une maĂźtrise de l’eau pour permettre la pratique des cultures irriguĂ©es, avec le soutien et l’encadrement nĂ©cessaires, peut assurer l’autosuffisance alimentaire", affirme Ă  IPS, Abdouramane Nomao, un sociologue rural Ă  Niamey.

Cette conception est appliquĂ©e par le Projet de promotion de l’initiative locale pour le dĂ©veloppement Ă  AguiĂ©, une localitĂ© du centre-est du pays, financĂ© par le FIDA.

"Nous renforçons les capacitĂ©s des petits paysans Ă  concevoir et mettre en Ɠuvre des initiatives et innovations techniques, Ă©conomiques et sociales pour rĂ©duire leur pauvretĂ© et leur vulnĂ©rabilitĂ©, notamment Ă  travers l’amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© alimentaire et nutritionnelle", dĂ©clare Ă  IPS, ChaĂŻbou GuĂ©ro, le directeur du projet.

Joint au tĂ©lĂ©phone par IPS, Adamou Sahirou, un paysan de la zone, a affirmĂ© avoir amĂ©liorĂ© le rendement de son champ qui est passĂ© de six Ă  environ 10 sacs de 100 kg, grĂące Ă  l’utilisation de semences amĂ©liorĂ©es qu’il a appris lui-mĂȘme Ă  produire.

Selon GuĂ©ro, l’introduction des semences amĂ©liorĂ©es et les innovations techniques ont permis d’augmenter les rendements des principales cultures de 25 Ă  35 pour cent.

La StratĂ©gie de dĂ©veloppement rural (SDR) du Niger, selon BĂ©avogui, bĂ©nĂ©ficie de l’appui de nombreux partenaires techniques et financiers dont le FIDA. Cette stratĂ©gie s’articule autour de trois axes essentiels: favoriser l’accĂšs des ruraux aux opportunitĂ©s Ă©conomiques pour crĂ©er les conditions d’une croissance Ă©conomique durable en milieu rural; prĂ©venir les risques, amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© alimentaire et gĂ©rer durablement les ressources naturelles pour sĂ©curiser les conditions de vie des populations; renforcer les capacitĂ©s des institutions publiques et des organisations rurales pour amĂ©liorer la gestion du secteur rural. (FIN/2010)

pdf: http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=6002

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