MALI: Les Ă©lĂšves Ă  la traĂźne dans la course aux OMD sur l’éducation

[BAMAKO, 9 fĂ©vrier 2009] - Tandis que le gouvernement malien progresse pour atteindre l’Objectif du millĂ©naire pour le dĂ©veloppement relatif Ă  l’éducation primaire pour tous d’ici Ă  2015, l’augmentation du taux d’inscription scolaire et le manque d’enseignants et de places dans les classes qui en rĂ©sulte ont empĂȘchĂ© un nombre croissant d’élĂšves d’intĂ©grer le cursus secondaire.

En 2008, quelque 17 000 Ă©lĂšves sur les plus de 80 000 qui avaient passĂ© les examens d’entrĂ©e Ă  l’école secondaire (diplĂŽme d’étude fondamentale - DEF) n’y ont pas Ă©tĂ© admis, selon le ministĂšre de l’Education. Environ 40 pour cent de ces Ă©lĂšves Ă©taient des filles.

Mariam Coulibaly, 17 ans, a expliquĂ© Ă  IRIN qu’elle avait obtenu son DEF en juin 2008, Ă  Bamako, la capitale. Mais deux mois plus tard, a-t-elle racontĂ©, son nom ne figurait pas sur les listes des Ă©lĂšves admis dans les Ă©tablissements secondaires pour l’annĂ©e scolaire 2008-09.

« Le directeur [de l’école secondaire] m’a dit que j’avais dĂ©passĂ© l’ñge limite de 16 ans », a rapportĂ© Mariam Coulibaly. « Je lui ai demandĂ© ce que je pouvais faire et il m’a dit qu’il Ă©tait dĂ©solĂ© ?de ne pas pouvoir m’aider? ».

Mariam a expliquĂ© Ă  IRIN qu’elle avait Ă©tĂ© contrainte de redoubler une annĂ©e parce qu’elle Ă©tait tombĂ©e malade. Les trois critĂšres d’admission dans les Ă©tablissements secondaires maliens sont : l’obtention du DEF, l’ñge de l’élĂšve et ses performances acadĂ©miques, selon le ministĂšre de l’Education.

Arouna Coulibaly, le pĂšre de Mariam, a estimĂ© qu’il Ă©tait « injuste et paradoxal » que le gouvernement ne permette pas Ă  sa fille de progresser.

« Ils [le gouvernement] nous encouragent Ă  envoyer nos enfants Ă  l’école, surtout nos filles », a-t-il dit. « Et ensuite, on leur dit [aux Ă©lĂšves] de partir sous prĂ©texte qu’ils sont trop ĂągĂ©s. L’école ne peut pas enseigner Ă  des enfants de tous les Ăąges ? ».

Rokiatou Sow, la mĂšre de Mariam, a expliquĂ© Ă  IRIN que la famille avait Ă©tĂ© forcĂ©e d’inscrire Mariam dans une Ă©cole privĂ©e en octobre 2008. « Elle est devenue une charge pour notre famille. Si on ne lui payait pas son cursus secondaire, qu’est-ce qui lui arriverait ? ».

Les parents de la jeune fille ont expliquĂ© qu’ils paieraient 600 dollars par an pour les quatre prochaines annĂ©es, afin de lui permettre d’étudier la comptabilitĂ©. Dans les Ă©tablissements secondaires publics, en revanche, les Ă©lĂšves n’ont rien Ă  payer.

Au Mali, le salaire moyen s’élevait Ă  500 dollars en 2007, selon la Banque mondiale.

D’aprĂšs la Coalition pour la dĂ©fense des droits de l’enfant, un organisme Ă  but non-lucratif, les Ă©lĂšves qui obtiennent leur DEF mais ne montent pas de classe, en particulier les filles, sont victimes d’une « violation manifeste » de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, que le Mali a signĂ©e en 1990.

« Les enfants ont le droit d’étudier jusqu’au bout », a dĂ©clarĂ© Almadi CissĂ©, membre de la coalition.

Faire face au problĂšme

Le gouvernement est conscient de la « gravitĂ© » du problĂšme, selon SidibĂ© Aminata Diallo, ministre de l’Education de base.

« Le nombre d’élĂšves qui n’avancent pas [jusqu’au cursus secondaire] mais qui ont leur DEF devient chaque annĂ©e plus problĂ©matique encore », selon la ministre. « La croissance de la population Ă©tudiante est due au fait que le gouvernement s’est particuliĂšrement efforcĂ© d’augmenter le taux d’inscription Ă  l’école primaire ».

Le gouvernement du Mali a adhĂ©rĂ© Ă  l’Objectif du millĂ©naire pour le dĂ©veloppement, fixĂ© en 2000, qui porte sur l’augmentation du taux d’inscription Ă  l’école primaire pour tous et de l’éducation de base pour les jeunes adultes d’ici Ă  2015.

Mme Diallo a toutefois dĂ©clarĂ© qu’il n’y avait pas assez de classes, ni d’enseignants dans les Ă©tablissements secondaires pour rĂ©pondre au nombre d’inscriptions croissant. De 2002 Ă  2007, le pourcentage d’élĂšves inscrits Ă  l’école primaire a augmentĂ© de 56 Ă  68 pour cent pour les filles, et de 78 Ă  88 pour cent pour les garçons, selon le gouvernement.

Quoi qu’il en soit, d’aprĂšs Mme Diallo, les Ă©lĂšves qui ne poursuivent pas leurs Ă©tudes au cursus secondaire ne sont pas « jetĂ©s Ă  la rue ».

La ministre a expliqué que le gouvernement construisait actuellement des centres de formation professionnelle supplémentaires pour faire face à ce problÚme. Environ 35 pour cent des élÚves du primaire ne rempliront pas les critÚres requis pour intégrer le secondaire en 2010, a en outre indiqué la ministre.

pdf: http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=82829

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