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Summary: Les Maliens soumis Ă lâapplication stricte des lois religieuses depuis la prise de contrĂŽle du Nord par des groupes islamistes il y a neuf mois et les populations rĂ©fugiĂ©es dans le Sud ressentent de la frustration face Ă lâinaction perçue du gouvernement central.
 [Le 7 janvier 2013] - Parmi les habitants qui ont pris la fuite, certains ont exprimĂ© leur dĂ©sespoir. « Je ne comprends pas lâinaction du gouvernement et la rĂ©ponse de la communautĂ© internationale. Tout le monde sâexprime ; chaque jour, on entend de beaux discours, mais rien ne change sur le terrain », a dit Amidou MaĂŻga, 38 ans, qui a fui Tombouctou. Cette ville classĂ©e par lâUNESCO est tombĂ©e aux mains des islamistes, qui ont dĂ©truit des mausolĂ©es et des mosquĂ©es. « Les occupants bafouent les droits Ă©lĂ©mentaires des habitants. Ils violent, volent, commettent des amputations et dĂ©truisent des biens. Et pendant ce temps, les hommes politiques se battent pour obtenir un poste Ă Bamako. Câest trĂšs regrettable. Nous, les habitants du Nord, avons Ă©tĂ© complĂštement oubliĂ©s ». Les islamistes ont interdit la diffusion de musique profane, le football et lâalcool, et auraient infligĂ© des chĂątiments, y compris des amputations, aux personnes accusĂ©es de ne pas sâĂȘtre soumises aux interdictions. Selon Moumouni Damango, prĂ©sident du comitĂ© de crise de la ville de Mopti, situĂ©e au centre du pays, il faut donner Ă lâarmĂ©e le temps nĂ©cessaire pour prĂ©parer une offensive contre les groupes islamistes installĂ©s dans le Nord. « Je comprends parfaitement la colĂšre et la nĂ©cessitĂ© dâune guerre, mais ils [les habitants du Nord] devraient ĂȘtre informĂ©s quâune intervention est en cours ». En attendant, des habitants envisagent de rejoindre un groupe qui propose uneformation au combat dans la ville de SĂ©varĂ©, au centre du pays, dans lâespoir dâinciter le gouvernement Ă agir. « Notre armĂ©e ne veut pas se battre, donc si jâen ai la possibilitĂ©, je rejoindrais sans hĂ©sitation un groupe dâauto-dĂ©fense qui propose des formations. Au moins, ils savent ce quâils veulent â et ils veulent se battre », a dit Oumar MaĂŻga, un habitant de Gao, une des villes clĂ©s du nord du pays contrĂŽlĂ©es par les islamistes. « Je pense que les dĂ©placĂ©s se calmeraient si le gouvernement renforçait son action en leur faveur. Mais les ONG [organisation non gouvernementale] offrent plus dâaide aux dĂ©placĂ©s que ne le font les autoritĂ©s de Bamako », a dit Moussa CissĂ©, du groupe dâaide Fondation Orange. Le 20 dĂ©cembre 2012, le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations Unies a autorisĂ© uneintervention militaire au Mali, mais le dĂ©ploiement des troupes ne devraient pas intervenir avant plusieurs mois. Le gouvernement de transition, formĂ© aprĂšs le coup dâĂtat du 22 mars, est minĂ© par des luttes intestines, comme la dĂ©missionforcĂ©e du Premier ministre en dĂ©cembre. Amadou Haya Sanogo, qui a fomentĂ© le coup dâĂtat et poussĂ© le Premier ministre Cheikh Modibo Diarra Ă la dĂ©mission, qui se serait opposĂ© au processus de « transition politique », a indiquĂ© que des interventions Ă©taient Ă©laborĂ©es afin de reprendre le Nord. Bien quâil ait transmis les reines du pouvoir Ă une autoritĂ© civile aprĂšs la chute de lâancien prĂ©sident Amadou Toumani TourĂ©, M. Sanogo conserve une certaine influence politique. « Soyez certain que nous mettons tout en Ćuvre pour reprendre les rĂ©gions occupĂ©es. Je ne suis pas en mesure de dĂ©voiler la stratĂ©gie militaire mise en place actuellement. Je comprends lâimpatience de la population, elle a raison. LâarmĂ©e se prĂ©pare et nous faisons ce quâil faut pour regonfler le moral des troupes. Il est hors de question de sâengager maintenant et dâeffectuer un repli tactique plus tard. Si nous partons en guerre, il nây a pas de retour en arriĂšre possible », a dit M. Sanogo Ă des journalistes le 25 dĂ©cembre. Les familles dâaccueil en difficultĂ©Â Certaines familles des villes du sud du Mali accueillent des proches originaires du Nord, qui ont fui lâinsĂ©curitĂ© et la sĂ©cheresse sĂ©vĂšre dans la rĂ©gion du Sahel en 2012, mais elles ont du mal Ă sâen sortir. Mohamed TourĂ©, qui vit Ă Mopti, au centre du pays, accueille 21 personnes chez lui, dont 14 membres de la famille de son frĂšre. « Le soir, je me couche, mais je ne dors plus, câest la vĂ©ritĂ© », a dit M. TourĂ© Ă IRIN. « Comment nourrir 21 personnes, prendre soin dâelles et les accueillir avec un salaire de 100 000 francs [CFA] (200 dollars) ? », a demandĂ© le fonctionnaire. « En tant que famille dâaccueil, je nâai reçu que deux sacs de millet et 5 kg de sucre depuis que je les hĂ©berge ». « Jamais je nâaurais pensĂ© que la libĂ©ration du Nord prendrait autant de temps. Les autoritĂ©s et lâarmĂ©e donnent trop de temps aux bandits armĂ©s. En rĂ©alitĂ©, cela nâa jamais Ă©tĂ© une prioritĂ©. Ce ne sont que des mots, il nây pas de mesures concrĂštes ». La CommunautĂ© Ă©conomique des Ătats dâAfrique de lâOuest (CEDEAO) cherche une solution Ă la crise que traverse le Mali depuis plusieurs mois et qui a permis aux groupes islamistes de garder le contrĂŽle du Nord. Cette organisation rĂ©gionale, qui demande le dĂ©ploiement dâune force dâintervention, a Ă©galement entamĂ© des discussions avec le groupe islamiste Ansar Dine et les sĂ©paratistes touaregs du Mouvement national pour la libĂ©ration de lâAzawad. « Notre armĂ©e devrait ĂȘtre la premiĂšre sur le terrain. Elle ne devrait pas attendre lâarrivĂ©e des troupes de la CEDEAO, ni le feu vert des Nations Unies. Si nous attendons les Nations Unies, le Nord ne sera jamais libĂ©rĂ©, car certains pays ne sâintĂ©ressent quâĂ leurs propres intĂ©rĂȘts », a dit M. Al Hamdoum de Tombouctou. Selon lâimam El Hadj Oumar Bocoum de SĂ©varĂ©, la signature dâun accord de paix avec les islamistes protĂšgerait les civils des dangers de la guerre. « Nous voulons Ă©viter de nouvelles effusions de sang dans le pays. LâidĂ©al serait que les personnes qui occupent le Nord et les autoritĂ©s de Bamako trouvent un accord sans quâun seul coup de feu ne soit tirĂ© ».Â