MALAWI: L’attitude change vis-à-vis du travail des enfants

Summary: MalgrĂ© les lois contre le travail des enfants, qui est souvent perçu comme normal et comme une importance source de revenus, leur application, jusque tout rĂ©cemment, n’avait jamais Ă©tĂ© trĂšs stricte au Malawi.

[BLANTYRE, le 20 novembre 2007] - Depuis mars 2007, quelque 480 enfants ont Ă©tĂ© ‘sauvĂ©s’ des plantations de tabac du district de Mangochi, un centre autrefois trĂšs important dans le commerce des esclaves et situĂ© sur la rive sud du lac Malawi.

« Le travail des enfants se dĂ©veloppe Ă  un rythme inquiĂ©tant, surtout dans l’industrie du tabac », a dĂ©plorĂ© Gracious Ndalama, chargĂ©e de protection Ă  Active Youth Initiative for Social Enhancement (AYISE), une organisation non-gouvernementale (ONG) Ɠuvrant pour la protection de la jeunesse au Malawi.

La formation de comitĂ©s locaux, de membres des forces de l’ordre, d’ONG et de chefs traditionnels commence Ă  payer. « Au cours des deux derniĂšres semaines, ils ont commencĂ© Ă  faire des descentes dans les plantations. Toute personne exploitant des enfants peut ĂȘtre condamnĂ©e Ă  cinq annĂ©es d’emprisonnement. DĂ©sormais, les forces de police traduisent en justice les employeurs », a expliquĂ© Mme Ndalama.

Les enfants, dont certains ont Ă  peine neuf ans, viennent de prĂšs de 200 villages de la rĂ©gion et accomplissent les mĂȘmes tĂąches que les adultes. La seule diffĂ©rence est la rĂ©munĂ©ration : un homme gagne prĂšs de 14 dollars par mois et une femme 11 dollars, mais un enfant n’a pas plus de deux dollars. L’ñge minimum de travail au Malawi est de 14 ans.

« La nature du travail est aussi dangereuse. Il n’y a aucune mesure de protection telle que le port de masque pour se protĂ©ger de la poussiĂšre inhalĂ©e [...] beaucoup d’enfants dĂ©jĂ  admis dans des [hĂŽpitaux] souffraient de [tuberculose]... ils doivent rĂ©pandre des produits chimiques – des pesticides – avec leurs mains, sans aucune protection », a dĂ©plorĂ© Mme Ndalama.

En 2001, le Malawi a Ă©tĂ© accusĂ© d’ĂȘtre le pire des contrevenants en Afrique australe en matiĂšre d’exploitation des enfants par le travail, ce qui avait failli entraĂźner un embargo sur les importations en provenance d’un des plus grands exportateurs de tabac au monde, une situation que ce pays n’aurait pas pu supporter : 70 pour cent des revenus en devises Ă©trangĂšres sont tirĂ©s de l’industrie du tabac.

Des droits ignorés

Le Malawi est signataire de plusieurs conventions internationales concernant la lutte contre le travail des enfants. Le gouvernement a ratifiĂ© la Convention des Nations Unies de 1989 sur les droits des enfants, la Convention n°138 (fixant l’ñge minimum de travail Ă  18 ans) de 1973 de l’Organisation internationale du travail (BIT) et la Convention n° 182 (sur les pires formes de travail des enfants) de 1999 du BIT.

NĂ©anmoins, selon les statistiques du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), prĂšs de 30 pour cent des enfants malawites ĂągĂ©s entre cinq et 14 ans sont impliquĂ©s dans des activitĂ©s de production.

Arnold Kabisala, responsable de la communication Ă  Active Youth in Development (AYIDO), s’est fĂ©licitĂ© de l’adhĂ©sion du gouvernement Ă  ces conventions, mais a indiquĂ© que la « ratification Ă  elle seule n’était pas suffisante. Il faut que le gouvernement adopte une loi pour lutter contre ce phĂ©nomĂšne qui a si longtemps caractĂ©risĂ© le pays ».

Selon Mme Ndalama, l’éradication du recours au travail des enfants dans le mode de vie des Malawites est plus importante que des lois et des lĂ©gislations. « Le travail des enfants est perçu comme quelque chose de normal ; la plupart des gens ne connaissent mĂȘme pas la loi. Cela fait partie de la vie, contribue en partie Ă  l’éducation de l’enfant pour qu’il soit productif [...] Un adulte sur 10 sait lire et Ă©crire et ils ne voient pas d’intĂ©rĂȘt Ă  envoyer leurs enfants Ă  l’école ».

« L’expĂ©rience a montrĂ© que les parents dĂ©favorisĂ©s dont les enfants travaillent dans des plantations avaient, Ă  une pĂ©riode de leur vie, travaillĂ© eux aussi dans des plantations. C’est un cercle vicieux oĂč la famille restera toujours pauvre si elle ne scolarise pas ses enfants », a expliquĂ© Rose Kamwachale du ministĂšre de l’Education.

Un changement d’attitude

Le Malawi est l’un des pays les plus pauvres de la planĂšte ; d’aprĂšs Le Programme commun des Nations Unies pour la lutte contre le sida (Onusida), plus de trois quarts des 12 millions d’habitants que compte le Malawi vivent avec moins de deux dollars par jour. « Les parents Ă©voquent la pauvretĂ© pour justifier le fait qu’ils envoient leurs enfants travailler dans des plantations de tabac », a affirmĂ© M. Mjaidi.

Outre la pauvretĂ©, il y a aussi le fort taux d’illettrisme, le nombre important d’orphelins et la pĂ©nurie d’enseignants qui pourraient aider Ă  maintenir les enfants dans le milieu scolaire.

Mais les choses changent. « Au dĂ©but les gens... [disaient] qu’il Ă©tait de la responsabilitĂ© du gouvernement de veiller Ă  ce que les enfants soient dans les Ă©coles plutĂŽt que dans les plantations [...] Aujourd’hui, nous travaillons en collaboration avec des parents, des propriĂ©taires de plantations et des ONG, et les rĂ©sultats sont trĂšs encourageants », a affirmĂ© Wanja Mjaidi, un fonctionnaire du ministĂšre du Travail et de la formation professionnelle.

D’aprĂšs Mme Ndalama, plus de la moitiĂ© des enfants sauvĂ©s des plantations sont actuellement scolarisĂ©s et certains parmi les plus ĂągĂ©s suivent une formation de menuisier ou de tailleur.

« Il est intĂ©ressant de constater que les enfants travaillent d’arrache-pied pour rattraper le retard pris par rapport Ă  leurs camarades de classe. Certains ont mĂȘme choisi de prendre des cours du soir pour rattraper le temps qu’il ont perdu Ă  travailler dans les plantations ».

Informations supplémentaires:

pdf: http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=75416

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