Madagascar: Malgré la vulgarisation des méthodes de contraception, nombre d'adolescentes continuent à avoir recours à l'IVG clandestine

Les chiffres sont éloquents : l'avortement clandestin continue à faire des victimes, à tel point qu'il constitue la cause de 63% des décès maternels des 15-25 ans à Antananarivo. Ces chiffres ressortent du rapport de l'Observatoire des droits de l'enfant pour la région Océan Indien (ODEROI) qui a chapeauté en 2005 une consultation sous-régionale sur la violence contre les enfants à Antananarivo et ce, dans le cadre d'une étude internationale sur le même thème, placée sous l'égide du Secrétaire général des Nations Unies.

Des données qui reflètent une réalité bien présente et non moins alarmante dans le domaine de la santé de la reproduction des adolescents et le problème de la grossesse précoce.

 

Grossesse précoce

En effet, la proportion de grossesse précoce chez les adolescentes à partir de 15 ans aux jeunes femmes de 19 ans se chiffre à 27,9% à Madagascar, si pour la région Océan Indien, la proportion est de 2 à 3%. Cette situation est due à une activité sexuelle relativement précoce (parfois à peine 11 ans), sans que cela s'accompagne d'une bonne information en matière de contraception. Malheureusement, l'arrivée d'une grossesse non désirée se solde parfois par un avortement. Avec ce que cela comporte de dangers et de complications. Le caractère illégal de l'IVG à Madagascar, cache, pourtant une quasi-certitude sur une ampleur bien plus grande que l'on croit, du problème de l'avortement. Si les chiffres sont ahurissants sur les décès maternels liés à l'IVG clandestin chez les 15-25 ans, ce pourcentage est tout aussi élevé chez les femmes toutes tranches d'âge confondues : 50% des décès liés à la grossesse seraient dus à une IVG clandestine qui a mal tourné.

 

Et pourtant, selon le très sérieux rapport de l'ODEROI pour le compte du SG de l'ONU, toutes ces réalités se passent essentiellement à Antananarivo. Ainsi, malgré la vulgarisation continue des méthodes de contraception, nombre d'adolescents et adolescentes ne les ont pas encore suffisamment adoptés, au point de « multiplier » les grossesses précoces et encore moins désirées qui se terminent dans la majorité des cas, par une IVG, clandestine pour la plupart.

Bouche à oreille

Mais où donc se passent ces interventions illégales et qui les pratiquent ? Les témoignages, bien sûr anonymes, font référence à des sages-femmes et des médecins qui pratiquent l'IVG non thérapeutique de manière illégale. « Les interventions se font soit au domicile de celui ou celle qui les pratiquent, surtout lorsqu'il s'agit d'une sage-femme, ou alors dans le cabinet médical, lorsqu'il s'agit d'un médecin ». Dans d'autres cas, il s'agit de matrones qui utilisent évidemment des méthodes qui n'ont rien en commun avec la pratique de la médecine. Presque toujours, les jeunes filles apprennent l'existence de la « personne qui peut résoudre le problème » grâce au bouche-à-oreille, au sein même du cercle d'ami(es). Les frais des interventions varient de Ar 50.000 à Ar 150.000, voire plus de Ar 200.000. Mais il arrive que bien moins que cela suffise. Aux risques et périls de celles qui y ont recours.

pdf: http://fr.allafrica.com/stories/200611030114.html

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