L’Organisation mondiale de la SantĂ© dĂ©clare que la violence envers les enfants peut et doit ĂȘtre prĂ©venue

[GENÈVE, 16 octobre 2006] - L’Organisation mondiale de la SantĂ© (OMS) rend public aujourd’hui un nouveau Guide pratique destinĂ© Ă  aider les pays Ă  prĂ©venir la violence envers les enfants, qui sont les victimes d’une quantitĂ© surprenante d’actes de violence souvent commis par ceux-lĂ  mĂȘmes qui sont censĂ©s les protĂ©ger. Le nouveau Guide, publiĂ© par l’OMS et l'International Society for Prevention of Child Abuse and Neglect (ISPCAN), dĂ©montre que la violence Ă  l’encontre de l’enfant peut et doit ĂȘtre Ă©vitĂ©e.

 

Il ressort de l’étude rĂ©cemment rendue publique du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU sur la violence envers les enfants qu’une grande partie des actes de violence subis jusqu’à 14 ans surviennent au foyer et sont commis par les parents, d’autres membres de la famille ou des personnes qui s’occupent des enfants. Les consĂ©quences de ces actes de violence entravent la santĂ© et le dĂ©veloppement de l’enfant et peuvent avoir des effets sur la santĂ© pendant l’ñge adulte ; devenues adultes, d'anciennes victimes peuvent elles-mĂȘmes s’en prendre Ă  des enfants.

Le Guide sur la prĂ©vention de la maltraitance de l’enfant vise Ă  aider les pays Ă  concevoir et Ă  appliquer des programmes destinĂ©s Ă  prĂ©venir la maltraitance due aux parents et aux personnes qui s’occupent des enfants. Il s’agit d’un outil pratique qui aidera les gouvernements Ă  mettre en oeuvre les recommandations de l’étude de l’ONU.

Les informations sur les pays figurant dans l’étude de l’ONU montrent que c'est l’enfant de moins de 10 ans bien plus que l'enfant plus ĂągĂ© qui est exposĂ© au risque d’actes de violence graves commis par des membres de la famille et des personnes de son entourage. L’étude fournit Ă©galement des estimations de l’OMS selon lesquelles avant 18 ans, la prĂ©valence de la violence sexuelle ayant abouti Ă  un rapport et Ă  des attouchements sous la contrainte atteint 73 millions de cas pour les garçons et 150 millions pour les filles.

La recherche montre qu’il est possible d’éviter la maltraitance de l’enfant et qu’il faut accroĂźtre d’urgence les investissements en faveur de la prĂ©vention au niveau mondial. Parmi les stratĂ©gies prometteuses, on peut mentionner la rĂ©duction des grossesses non souhaitĂ©es, l’amĂ©lioration de l’accĂšs Ă  des soins prĂ©natals et postnatals de qualitĂ©, la rĂ©duction de la consommation abusive d’alcool et de drogues illicites pendant la grossesse et par les jeunes parents, les services de visite Ă  domicile d’infirmiĂšres et de travailleurs sociaux dans les familles oĂč un risque de maltraitance existe, et la formation destinĂ©e aux parents sur le dĂ©veloppement de l’enfant, la discipline non violente et le rĂšglement de problĂšmes. L’étude de l’ONU et le Guide indiquent clairement que la responsabilitĂ© de l’application de ces stratĂ©gies incombe aux gouvernements qui doivent associer Ă  leurs efforts les autres parties intĂ©ressĂ©es, notamment les organisations non gouvernementales (ONG), conseils de recherche et communautĂ© internationale.

Comme l’a soulignĂ© le Dr Anders Nordström, Directeur gĂ©nĂ©ral par intĂ©rim de l’OMS, « cela fait trop longtemps que l’attitude face Ă  la maltraitance de l’enfant est rĂ©active au lieu d'ĂȘtre prĂ©ventive. Les donnĂ©es scientifiques concernant la prĂ©vention des actes de violence physique, sexuelle et psychologique sont dĂ©jĂ  assez abondantes et le moment est venu d’adopter un changement radical en remplaçant la rĂ©action par la prĂ©vention ».

Le nouveau Guide OMS-ISPCAN fournit des conseils techniques aux professionnels dans les gouvernements, les instituts de recherche et les ONG sur la façon de mesurer l’ampleur du phĂ©nomĂšne de maltraitance de l’enfant et ses consĂ©quences et comment concevoir, appliquer et Ă©valuer des programmes de prĂ©vention. Le Guide note aussi que les liens Ă©troits entre maltraitance, inĂ©galitĂ© Ă©conomique et pauvretĂ© font que la rĂ©duction de l’inĂ©galitĂ© et de la pauvretĂ© risque d’apporter une contribution sensible Ă  la prĂ©vention de la maltraitance.

Mme Ann M. Veneman, Directrice gĂ©nĂ©rale de l’UNICEF a saluĂ© « le Guide OMS-ISPCAN sur la prĂ©vention de la maltraitance de l’enfant qui constitue un nouvel outil important de lutte contre le phĂ©nomĂšne de la violence envers les enfants. »

Le Guide reconnaĂźt pour la premiĂšre fois que la maltraitance de l’enfant et les autres problĂšmes de l’enfance sont associĂ©s Ă  un large Ă©ventail de comportements Ă  risque ultĂ©rieurs, notamment le tabagisme, les comportements sexuels Ă  haut risque, les grossesses non souhaitĂ©es et l’abus d’alcool et de drogues.

Selon une rĂ©cente Ă©tude de l’OMS, les attentats Ă  la pudeur subis pendant l'enfance sont Ă  l’origine par la suite d’environ 6 % des cas de dĂ©pression, de 6 % des cas d’abus/dĂ©pendance de l’alcool ou des drogues, de 8 % des tentatives de suicide, de 10 % des troubles paniques et de 27 % des troubles de stress post-traumatiques. Ces facteurs et comportements Ă  risque peuvent conduire Ă  certaines des principales causes de dĂ©cĂšs, de maladie et d’incapacitĂ©.

Pour le Dr Vincent Felitti, Chef de la MĂ©decine prĂ©ventive au Kaiser Permanent Medical Care Program des Etats-Unis d’AmĂ©rique qui a contribuĂ© Ă  la rĂ©daction du Guide, « les expĂ©riences pendant l’enfance ont un effet 30, 40, voire 50 ans plus tard. Une ancienne victime peut devenir chroniquement dĂ©pressive, alcoolique ou suicidaire ou encore toxicomane et contracter une hĂ©patite chronique. Mais les liens de causalitĂ© sont occultĂ©s par le temps qui s’écoule, le sentiment de honte, le secret et les tabous sociaux qui font que l’on prĂ©fĂšre Ă©viter de parler de ces choses-lĂ . Ces consĂ©quences dissimulĂ©es tout au long de la vie font que les gouvernements un peu partout consacrent une importante partie de leurs budgets de la santĂ© Ă  traiter les effets de la maltraitance - des ressources qu’il serait plus utile de consacrer Ă  la prĂ©vention ».

Enfin le Professeur Barbara Bonner, PrĂ©sident d’ISPCAN, a soulignĂ© que « nous avons assez d’informations pour prendre des mesures prĂ©ventives et nous devons agir sans retard. Les enfants ne peuvent attendre. En suivant les recommandations contenues dans le Guide, les pays peuvent immĂ©diatement commencer Ă  mettre en oeuvre des programmes de prĂ©vention de la maltraitance de l’enfant tout en Ă©largissant encore la base de donnĂ©es. »

 

Informations supplémentaires

pdf: http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2006/pr57/fr/index.html

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