L’OMCT dĂ©nonce la maltraitance gĂ©nĂ©ralisĂ©e et la situation carcĂ©rale des mineurs au BĂ©nin

[6 octobre 2006] - Le 29 septembre 2006, le ComitĂ© des Nations Unies sur les droits de l’enfant (ci-aprĂšs, le ComitĂ©) a publiĂ© ses observations finales et recommandations concluant son examen de la situation des droits de l’enfant au BĂ©nin par rapport Ă  la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. En mars 2006, l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) a effectuĂ© une mission d’enquĂȘte dont a rĂ©sultĂ© un rapport alternatif soumis en avril 2006 au ComitĂ© en collaboration avec deux ONG locales : Enfants Solidaires d’Afrique et du Monde (ESAM) et Animation et DĂ©veloppement des Initiatives Artisanales et Aide Ă  l’Enfance (ANDIA). Ce rapport dĂ©nonce principalement le recours trop systĂ©matique Ă  la violence contre les enfants au BĂ©nin.

Lors de la session du ComitĂ© le 20 septembre, la dĂ©lĂ©gation officielle du BĂ©nin conduite par le Ministre de la Justice et notamment composĂ©e de l’Ambassadeur et reprĂ©sentant permanent du BĂ©nin Ă  GenĂšve et du Directeur des droits de l’homme a le mĂ©rite d’avoir eu un dialogue franc et constructif avec les experts membres du ComitĂ©. La dĂ©lĂ©gation a reconnu que la difficultĂ© de son pays se situe notamment dans l’apprĂ©hension des textes internationaux en matiĂšre de droits de l’homme par l’ensemble de la population bĂ©ninoise et qu’il Ă©tait nĂ©cessaire de dĂ©velopper une culture des droits de l’homme, y compris les droits des enfants.

Deux sujets ont prĂ©occupĂ© particuliĂšrement l’OMCT et le ComitĂ©. D’abord, la violence contre les enfants est un phĂ©nomĂšne Ă©tendu et banalisĂ© au BĂ©nin. Certaines catĂ©gories d’enfants y sont plus vulnĂ©rables comme les filles, les enfants abandonnĂ©s et les orphelins, les enfants en conflit avec la loi, les enfants vivant dans la rue, les enfants placĂ©s comme domestiques, travailleurs ou apprentis, les enfants de familles nombreuses et polygames, les enfants indigents, les enfants naissant avec des dĂ©formations ou des anomalies corporelles. Des tĂ©moignages d’ONG et d’enfants recueillis lors de la mission de l’OMCT au BĂ©nin mettent en lumiĂšre l’utilisation quasi-systĂ©matique du chĂątiment corporel. La maltraitance contre les enfants a lieu aussi bien au sein de la famille que dans les Ă©tablissements scolaires, de soins et de protection et les commissariats ou les prisons. Les parents et les professeurs continuent en majoritĂ© Ă  considĂ©rer le chĂątiment corporel comme une forme d’éducation nĂ©cessaire qui a fait ses preuves. Le ComitĂ© a recommandĂ© au BĂ©nin, comme l’OMCT l’avait prĂ©cĂ©demment suggĂ©rĂ© dans son rapport, d’interdire explicitement dans la loi le chĂątiment corporel dans toutes les situations et de sensibiliser la population, les enfants victimes comme les Ă©ducateurs auteurs quant Ă  ses consĂ©quences nĂ©fastes sur le bien-ĂȘtre et le dĂ©veloppement de l’enfant. Cette violence est parfois telle qu’elle apparente Ă  des formes de torture. Dans ce cas, il devient urgent de criminaliser le recours Ă  la torture dans le droit pĂ©nal bĂ©ninois afin de pouvoir enfin poursuivre les responsables sur ce chef d’accusation.

Lors de la discussion avec la dĂ©lĂ©gation, un membre du ComitĂ© a Ă©galement soulevĂ© les conditions de dĂ©tention parfois inhumaines des enfants en se rĂ©fĂ©rant implicitement aux informations mentionnĂ©es dans le rapport de l’OMCT qui avait dĂ©noncĂ© ces conditions aprĂšs sa visite dans deux prisons du BĂ©nin Ă  Cotonou et Ă  Abomey, lors de sa mission d’enquĂȘte. Dans les quartiers pour mineurs de ces deux prisons, l’OMCT a dĂ©noncĂ© la surpopulation : Ă  Cotonou par exemple, les 37 mineurs de la prison, ayant entre 13 et 17 ans, sont enfermĂ©s Ă  clĂ© chaque soir pour la nuit dans une cellule d’à peine 20 m2. Il s’en suit des conditions d’hygiĂšne dĂ©plorables qui favorisent notamment le dĂ©veloppement de maladies. Par ailleurs, la grande majoritĂ© des enfants dĂ©tenus l’est prĂ©ventivement, parfois pour des infractions peu graves ; certains sont en dĂ©tention prĂ©ventive depuis des mois voire des annĂ©es. A la fin de la session, la dĂ©lĂ©gation a reconnu ne pas ĂȘtre pleinement consciente de la situation effective dans ces prisons et a proposĂ© de revoir la situation de ces enfants.

Si l’on peut se rĂ©jouir de cette volontĂ© de ne pas occulter les problĂšmes et de l’ouverture des autoritĂ©s bĂ©ninoises Ă  l’assistance et au dialogue avec les ONG de la sociĂ©tĂ© civile et les agences de l’ONU compĂ©tentes, il ne faut pas perdre de vue l’immensitĂ© du travail Ă  accomplir pour conformer en pratique les droits des enfants Ă  ceux contenus dans la Convention.

 

 

 

L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), basĂ©e Ă  GenĂšve, Suisse est la plus grande coalition d’organisations non-gouvernementales au monde luttant contre les dĂ©tentions arbitraires, la torture, les exĂ©cutions sommaires et extrajudiciaires, les disparitions forcĂ©es et autres formes de violence. Son rĂ©seau global comprend prĂšs de 300 organisations locales, nationales et rĂ©gionales qui partagent le but commun d’éradiquer de telles pratiques et de mettre en Ɠuvre le respect des droits humains pour tous.

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