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Summary: Une ONG de Beyrouth a dĂ©cidĂ© dâapprendre aux jeunes de 12 camps de rĂ©fugiĂ©s palestiniens au Liban Ă prendre des photos de la vie dans les camps.
(Beyrouth, le 23 mai 2011) - LâidĂ©e est que cet exercice sera cathartique pour les enfants, quâil amĂšnera aux camps un bĂ©nĂ©fice financier et permettra Ă certain des jeunes ainsi formĂ©s de travailler comme photographes professionnels. Cette idĂ©e de faire photographier la vie des camps par les jeunes est venue Ă Ramzi Haidar, aprĂšs une de ses visites dans un camp de rĂ©fugiĂ©s palestiniens et lâa poussĂ© Ă lancer le projet Zakira (souvenir). « Les enfants sont des enfants ; ils sont les mĂȘmes partout, » a t-il dit. « Ils ont les mĂȘmes besoins, quâils soient Irakiens, Palestiniens, Libanais ou autre. Et sâils traversent des guerres ou dâautres expĂ©riences difficiles, il faut quâils puissent exprimer ce quâils ont vu. » M. Haidar pense que la souffrance de vivre dans les camps palestiniens est comparable avec ce quâil avait vu en Irak, oĂč les enfants devaient faire face Ă des situations auxquelles ils nâauraient jamais dĂ» ĂȘtre confrontĂ©s, sans aucun moyen crĂ©atif ou intellectuel de rĂ©agir. « Jâai commencĂ© Ă rĂ©flĂ©chir Ă des maniĂšres de travailler avec la photographie pour exprimer ce genre dâexpĂ©riences », a t-il dit Ă IRIN. GrĂące au projet Zakira, des centaines de jeunes ont eu cette chance Ă travers la photo. LâONG a jusquâĂ prĂ©sent menĂ© deux projets : âLahzaâ, qui signifie âaperçuâ ou â moment â en arabe, et la suite, âAprĂšs Lahzaâ. Durant âLahzaâ, Zakira a organisĂ© des ateliers dans tous les camps palestiniens libanais : 500 jeunes ont appris les bases de la photographie ; on leur a donnĂ© des appareils jetables et on leur a demandĂ© de photographier la vie du camp. Une sĂ©lection des photos, qui avaient capturĂ© tout , depuis les allĂ©es Ă©troites et les maisons en bĂ©ton gris si typiques, jusquâĂ la famille et aux amis, a Ă©tĂ© publiĂ©e. Lâargent obtenu, qui revient ainsi Ă la communautĂ© palestinienne, a servi jusquâici Ă payer un terrain de football et la piste et les miroirs dâun studio de âDebkeâ (une danse folklorique) dans le plus grand camp du Liban, Ein el-Helweh. Le projet âAprĂšs Lahzaâ utilise la photographie comme moyen dâexpression et sert Ă rassembler les gens. Plus de 250 adolescents, Libanais et Palestiniens, ont obtenu un niveau de compĂ©tence avancĂ© en photographie, grĂące Ă des ateliers de trois mois Ă Beyrouth, Tripoli, Saida, Sur et Baalbek. Une opportunitĂ© Ă©conomique Zakira voit plus loin : « Ce que nous espĂ©rons pouvoir faire maintenant, câest dâinstaller des studios photographiques dans les camps de Beyrouth, Tripoli, Saida, Sur et Baalbek,â a dit Rima Abushakra, lâune des fondatrices du projet. « Une grande partie des jeunes avec qui nous avons travaillĂ© durant âAprĂšs Lahzaâ avaient abandonnĂ© leurs Ă©tudes. Ils ont dĂ©couvert quâils avaient un talent pour la photographie et maintenant, ils veulent le dĂ©velopper et en tirer un revenu. « Câest vraiment bien, car dans les camps, comme partout ailleurs, il y a un marchĂ© pour les photographes, » a tâelle ajoutĂ©. « Les gens ont besoin de photos pour leurs cartes dâidentitĂ©, et quand ils se marient, ils veulent aussi des photos. » Les ateliers sont une opportunitĂ© dâamĂ©liorer ses compĂ©tences et de nouer de nouveaux contacts. Les compĂ©tences acquises constituent Ă©galement une opportunitĂ© Ă©conomique dans les camps. En tant que communautĂ© sans Etat, les rĂ©fugiĂ©s ont en effet beaucoup de mal Ă accĂ©der Ă lâĂ©ducation et Ă lâemploi. « Nous avons dĂ©couvert bien des choses chez les jeunes que nous avons formĂ©s : du talent, de la dĂ©termination et une recherche de lâexpression personnelle », a dit Mme Abushakra. « Beaucoup dâentre eux sont dĂ©sormais enthousiastes Ă lâidĂ©e de travailler dans la photo. » Lâune de ces jeunes qui a profitĂ© de la formation a eu plusieurs de ses photos publiĂ©es dans un journal libanais et un autre a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© photographe des Ă©vĂ©nements dans son camp. Le projet a organisĂ© des expositions Ă Dublin, AthĂšnes, Washington et Paris. Les Palestiniens reprĂ©sentent presque 10 pour cent dâune population libanaise de 4,2 millions, mais selon les observateurs, ils vivent en marge de la sociĂ©tĂ©. Quoiquâils vivent dans le pays depuis 1948, la plupart vivent encore dans des camps et sont confrontĂ©s Ă la pauvretĂ©, la discrimination et lâexclusion sociale.