KIRGHIZISTAN: Des mesures pour Ă©viter le placement des enfants en orphelinat

[BISHKEK, 30 juillet 2008] - C’est en aidant les familles d’accueil Ă  s’occuper des orphelins qu’on peut donner Ă  ceux-ci les meilleures chances de vivre une vie dĂ©cente, et non en les plaçant dans des institutions, oĂč ils sont parfois victimes de maltraitances, selon des organisations civiques.

« Ce qu’il y a de particuliĂšrement bien, avec ces familles [les familles d’accueil], c’est que l’enfant Ă©levĂ© dans un foyer temporaire a une chance de retourner dans sa propre famille », a expliquĂ© Ă  IRIN Nurjan Musaeva, experte chez ‘Ma famille’, une organisation non-gouvernementale (ONG) de Bishkek, la capitale kirghize.

Il vaut mieux que les enfants vivent dans un environnement familial plutĂŽt que dans un orphelinat, a poursuivi Mme Musaeva. « Cela donne Ă  l’enfant la chance de se dĂ©velopper sainement ».

Il y a environ 6 000 orphelins au Kirghizstan (5,2 millions d’habitants), selon certains spĂ©cialistes et travailleurs sociaux, et d’aprĂšs le site Internet local d’actualitĂ©

Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) Ă  Bishkek, 20 pour cent d’entre eux n’ont pas de parents, mais 80 pour cent sont des « orphelins sociaux » (des enfants issus de familles en difficultĂ©).

D’aprĂšs Ekaterina Khoroshman, directrice du Centre de soutien aux familles et aux enfants d’Issyk-Ata, une ONG locale, la croyance populaire veut que les enfants se sentent bien dans les orphelinats : ils y reçoivent de la nourriture, des vĂȘtements et une Ă©ducation, et sont toujours sous la responsabilitĂ© d’enseignants. « Mais en fait, ce n’est pas toujours vrai », a-t-elle objectĂ©.

Maltraitances dans les orphelinats

Une fillette du nom de Lena, qui vit dans un orphelinat de Bishkek, a Ă©tĂ© interrogĂ©e dans le cadre d’une Ă©tude publiĂ©e derniĂšrement par l’UNICEF, et intitulĂ©e What Secrets Do the Walls Keep.

« Je vis dans cet orphelinat depuis plusieurs annĂ©es. Ici, les enseignants nous battent souvent lorsqu’on dĂ©sobĂ©it », a-t-elle confiĂ©, selon les propos repris dans le rapport.

Roma, un pensionnaire du mĂȘme orphelinat, a rapportĂ© que les employĂ©s de l’établissement obligeaient souvent les enfants Ă  travailler Ă  leurs domiciles : « Les filles font la vaisselle, lavent le sol et les vĂȘtements [des employĂ©s de l’orphelinat]. Les garçons travaillent dans les jardins et s’occupent d’autres travaux difficiles. Ils nous font ça parce qu’ils savent que personne ne nous dĂ©fendra ».

Pour rĂ©soudre ce problĂšme, les autoritĂ©s kirghizes se sont lancĂ©es dans un projet d’aide aux familles d’accueil. « Nous pensons que ce projet pourra amĂ©liorer la situation en matiĂšre de protection et de soins aux enfants orphelins », a dĂ©clarĂ© Jainagul Iskakova du ministĂšre de la Protection des familles et des enfants.

De nombreux orphelins finissent en prison

Selon l’UNICEF, lorsque les enfants quittent les orphelinats Ă  l’ñge de 18 ans, ils sont sujets Ă  diffĂ©rentes sortes de maltraitances (psychologiques, physiques et sexuelles).

« Seuls quelques rares orphelins partent bien orientĂ©s et capables de rĂ©ussir leur vie ; 65 pour cent finissent en prison », a expliquĂ© Olga Grebennikova, chargĂ©e de communication Ă  l’UNICEF.

D’aprĂšs Maripa Abdieva, directrice des politiques sociales et des politiques en matiĂšre d’égalitĂ© des sexes Ă  la prĂ©sidence, « de nombreuses Ă©tudes indiquent que [
] les liens du sang sont les plus stables et les plus forts. Donc, c’est avant tout la famille qui doit recevoir un soutien Ă©conomique et social ».

« Les enfants qui quittent les orphelinats [
] peuvent ĂȘtre aisĂ©ment dupĂ©s et entraĂźnĂ©s [
] dans le crime organisĂ©. Et cela reprĂ©sente une menace grave pour l’Etat », a ajoutĂ© Mme Musaeva, de l’ONG ‘Ma famille’.

S’il existe des lois pour protĂ©ger les droits des enfants et des orphelins, ces lois ne sont pas appliquĂ©es, selon Nadezhda Alisheva, avocate indĂ©pendante.

« Il faut que ces lois soient appliquĂ©es comme il se doit [
 ] Ce n’est que lorsque les droits des enfants seront protĂ©gĂ©s que l’Etat lui-mĂȘme se dĂ©veloppera effectivement et rapidement », a-t-elle dit.

Pour Mme Grebennikova, de l’UNICEF, « Aujourd’hui, les parents qui mettent leurs enfants dans des orphelinats et des pensions sont le plus souvent des travailleurs migrants. Lorsqu’ils partent dans d’autres pays pour gagner de l’argent, ils confient souvent leurs enfants Ă  ces organisations ».

 

pdf: http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=79549

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