Soumis par crinadmin le
Summary: Un ensemble de pratiques culturelles, telles que le mariage prĂ©coce et forcĂ© et le travail des enfants, empĂȘchent les filles dâavoir accĂšs Ă lâĂ©ducation dans le complexe de rĂ©fugiĂ©s de Dadaab, dans lâest du Kenya.
[Le 12 avril 2012] - Les enfants de moins de 18 ans comptent pour plus de la moitiĂ© de la population de Dadaab, estimĂ©e Ă 463 000 habitants, dont la plupart sont des rĂ©fugiĂ©s somaliens. Environ 38 pour cent dâentre eux vont Ă lâĂ©cole. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR), la proportion de filles dans les Ă©coles primaires et secondaires du complexe est de 38 et 27 pour cent respectivement. Un tiers des filles de 5 Ă 13 ans qui habitent le complexe vont Ă lâĂ©cole et seulement cinq pour cent des filles de 14 Ă 17 ans sont inscrites. Hawa Ahmed, qui est arrivĂ©e Ă Dadaab il y a environ sept mois avec ses six enfants, a dit Ă IRIN que seuls ses fils allaient Ă lâĂ©cole. Ses deux filles restent Ă la maison pour cuisiner, laver la vaisselle et aller chercher de lâeau. « Câest dĂ©jĂ suffisant dâapprendre Ă tenir un foyer », a dit Mme Ahmed en tressant les cheveux de sa fille. Si les garçons sont gĂ©nĂ©ralement encouragĂ©s Ă aller Ă lâĂ©cole, les obstacles Ă lâĂ©ducation des filles se maintiennent. Ainsi, un dicton employĂ© par les Somaliens de Dadaab dit quâune fille doit ĂȘtre soit mariĂ©e, soit enterrĂ©e. Halima, 19 ans, a Ă©tĂ© mariĂ©e Ă un homme plus ĂągĂ© en 2011 et a dĂ» abandonner lâĂ©cole secondaire du camp dâIfo, Ă Dadaab. Cette mĂšre dâun enfant, dĂ©sormais divorcĂ©e, a dit : « Je suis trĂšs déçue. Ma vie est presque dĂ©truite. Je ne peux plus aller Ă lâĂ©cole, car je dois mâoccuper de mon enfant. Je suis dĂ©shonorĂ©e. » Selon les autoritĂ©s, de nombreuses jeunes filles du camp sont mariĂ©es contre leur grĂ© Ă des Somaliens de retour des Ătats-Unis qui ont les moyens de payer une dot considĂ©rable. Selon Faiza Dahir, responsable du programme sur le genre et le dĂ©veloppement communautaire de lâorganisation non gouvernementale (ONG) CARE, lâexcision ou les mutilations gĂ©nitales fĂ©minines et la violence sexuelle et liĂ©e au genre reprĂ©sentent elles aussi un problĂšme. Le systĂšme de justice traditionnel somalien, connu sous le nom de « maslaha », entrave la recherche des auteurs de violences liĂ©es au genre, « car ils sont protĂ©gĂ©s par le conseil traditionnel, qui rĂ©sout toutes les affaires et retire les plaintes faites Ă la police ». Mesures incitatives De leur cĂŽtĂ©, les organisations humanitaires mettent en place des projets visant Ă inciter les filles Ă sâinscrire Ă lâĂ©cole et Ă poursuivre leur scolaritĂ©. à titre dâexemple, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) offre chaque mois des bons pour lâachat dâun demi-kilo de sucre aux filles qui assistent Ă 80 pour cent de leurs cours. CARE fournit Ă©galement des serviettes hygiĂ©niques aux adolescentes afin de limiter lâabsentĂ©isme pendant les rĂšgles. Windle Trust Kenya propose des cours supplĂ©mentaires et de rattrapage aux filles inscrites en derniĂšre annĂ©e de primaire, tandis que lâOrganisation africaine de dĂ©veloppement et d'urgence (ADEO) leur fournit des lampes solaires. Celles qui parviennent Ă frĂ©quenter les Ă©coles des camps annexes dâIfo-2 et de Kambioos (ouverts en 2011 pour accueillir lâafflux de rĂ©fugiĂ©s somaliens fuyant la faim et la violence) se retrouvent dans des classes surchargĂ©es avec des moyens limitĂ©s. Certains Ă©lĂšves doivent sâasseoir par terre en raison du manque de pupitres. « Nous nous sommes battus pour demander un espace dâapprentissage pour les enfants et avons immĂ©diatement mis en place des Ă©coles primaires dans le camp annexe dâIfo pour accueillir le plus dâenfants possible », a dit Ă IRIN Fanuel Rendiki, coordinateur de lâĂ©ducation du camp dâIfo pour lâADEO. Des organisations humanitaires telles que CARE et Save the Children ont Ă©galement entamĂ© un programme dâapprentissage accĂ©lĂ©rĂ© pour enseigner les bases du calcul et de lâalphabĂ©tisation aux rĂ©fugiĂ©s. Lâorganisme de coordination des jeunes rĂ©fugiĂ©s participe Ă la fourniture de matĂ©riel scolaire. « Nous avons distribuĂ© plus de 2 500 manuels dâexercice aux enfants de Kambioos. Nous prĂ©voyons de faire la mĂȘme chose Ă Ifo-2 », a dit Ă IRIN Aden Tarah, membre du comitĂ© des jeunes.