JOURNEE DE L'ENFANT AFRICAIN: Assurer la visibilité des enfants africains victimes de violence et en conflit avec la loi

Chaque 16 juin depuis 1991, la journĂ©e de l’enfant africain[1] est cĂ©lĂ©brĂ©e. Cette annĂ©e, cette journĂ©e est dĂ©diĂ©e au droit de l’enfant africain Ă  la participation, particuliĂšrement d’ĂȘtre vu et entendu.

 

Le droit international garantit le respect des opinions de l’enfant. Selon l’article 12 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, cela couvre le droit de l’enfant d’ĂȘtre entendu et que ses opinions soient dĂ»ment prises en considĂ©ration dans toute procĂ©dure judicaire ou administrative le concernant. Il est Ă©galement intĂ©ressant de noter que, dans le cadre de la Charte Africaine des droits et du bien-ĂȘtre de l’enfant, l’article 4 relatif au meilleur intĂ©rĂȘt de l’enfant Ă©tablit que le droit de l’enfant africain d’avoir ses opinions prises en considĂ©ration dans toutes les procĂ©dures qui l’affectent.

 

Cependant, malgrĂ© les efforts pour permettre la participation de l’enfant au processus dĂ©mocratique de l’Afrique, la pleine application du droit de l’enfant Ă  participer reste largement inachevĂ©e pour beaucoup d’enfants. Deux catĂ©gories d’enfants souffrent particuliĂšrement de cette violation : les enfants victimes de la violence et les enfants en conflit avec la loi.

 

En Afrique, nombre d’enfants sont victimes de violence Ă  la maison, Ă  l’école et dans les institutions de soins, dans les rues, sur le lieu de travail et dans les lieux de dĂ©tention. MalgrĂ© la gravitĂ© de la situation, cette violence est cachĂ©e et les enfants victimes restent largement invisibles dans la sociĂ©tĂ©.

 

Cela est d’abord du au fait que la violence contre les enfants n’est que trĂšs rarement signalĂ©e. Une grande proportion d’enfants ne dĂ©nonce pas la violence dont ils sont victimes principalement parce qu’ils ne connaissent pas leurs droits et ils ne savent pas qu’ils ont droit Ă  une protection en cas de violation de ces droits. Par ailleurs, certaines formes de traitement violent ordinaire et traditionnel peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme acceptable et comme une punition normale, mĂȘme par les enfants eux-mĂȘmes.

 

Dans les rares cas oĂč les enfants dĂ©noncent la violence dont ils sont victimes, l’accĂšs Ă  une assistance effective reste rare. Selon des informations rĂ©centes de DĂ©fense des enfants International (DEI)-Ouganda et de la LIZADEEL, il n’est pas rare que des enfants victimes d’abus et de violences sexuels soient traitĂ©s sans aucun respect pour leur dignitĂ© ni aucune considĂ©ration pour leur souffrance. En Ouganda et en RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo, les procĂ©dures d’enquĂȘte de la police sont souvent humiliantes pour les victimes et contribuent Ă  les re-victimiser. Par exemple, parce que les violences sexuelles contre les adolescents notamment les jeunes filles, sont moins clairement reconnues comme des abus, les agents charges de la mise en Ɠuvre des lois dĂ©montrent couramment une attitude passive lorsque les victimes leur rapportent ces crimes. De plus, la pratique de rĂ©soudre les diffĂ©rends dans lesquels un enfant est victime de violence de maniĂšre soi-disant amiable entre la police, l’accusĂ© et la famille de la victime exclut totalement l’enfant victime et la considĂ©ration de sont meilleur intĂ©rĂȘt. La corruption de la police et de la magistrature contribue aussi Ă  cette situation. Etant largement mal organisĂ©es et peu qualifiĂ©es, le rĂŽle alternatif des institutions au niveau de la communautĂ© ne parvient mĂȘme pas Ă  combler les lacunes du systĂšme.

 

Ces attitudes bloquent l’accĂšs aux mesures nĂ©cessaires pour la rĂ©adaptation physique et psychologique et la rĂ©insertion sociale de tout enfant africain victime de la violence. Dans la plupart des cas, les services et les conseils sociaux et psychologiques en faveur des enfants victimes ne sont pas fournis par des entitĂ©s Ă©tatiques mais par des organisations intergouvernementales ou non-gouvernementales. Cependant, le niveau gĂ©nĂ©ral de ressources allouĂ©es reste insuffisant pour assurer un accĂšs libre des victimes Ă  l’assistance physique et psychologique et beaucoup de victimes ne reçoivent pas d’aide du tout. En consĂ©quence, afin que la rĂ©adaptation et la rĂ©insertion des enfants victimes africains deviennent effectives, les Etats africains doivent dĂšs maintenant commencer Ă  rĂ©ellement prendre en considĂ©ration ces enfants et leurs besoins, ce qui inclut les Ă©couter et les voir.

 

En ce qui concerne les enfants en conflit avec la loi, le droit d’ĂȘtre entendu est un Ă©lĂ©ment fondamental de la garantie d’un procĂšs Ă©quitable. A cet Ă©gard cependant, pour beaucoup d’enfants africains l’accĂšs Ă  la justice est un vĂ©ritable dĂ©fi. En Afrique, quand un enfant est accusĂ© d’avoir enfreint la loi pĂ©nale, la police peut utiliser le rĂ©gler le conflit de maniĂšre informelle. Cela viole le droit de l’enfant Ă  un procĂšs Ă©quitable dĂšs le moment oĂč les garanties judiciaires sont exclues de cette pratique. ParticuliĂšrement, les enfants accusĂ©s peuvent rarement exprimer leur opinion et se voient dĂ©nier le droit Ă  l’assistance juridique. Exclure les enfants des procĂ©dures qui les concernent mĂšnent souvent Ă  prendre des dĂ©cisions qui vont Ă  l’encontre du meilleur intĂ©rĂȘt de l’enfant.[2] Dans beaucoup de pays africains, le systĂšme de justice pour mineurs ne considĂšre pas suffisamment l’enfant comme protagoniste de la procĂ©dure.

 

De plus, le droit des enfants en conflit avec la loi d’avoir accĂšs Ă  la justice et par consĂ©quent de participer aux procĂ©dures qui les concernent subis aussi des obstacles logistiques. Ainsi, selon DEI-Ouganda, il y a actuellement plus de 168 jeunes au centre de dĂ©tention de Naguru Ă  Kampala qui ne peuvent ĂȘtre amenĂ©s devant les juridictions compĂ©tentes Ă  cause de problĂšme de transports.

 

Cette situation qui fait souffrir beaucoup d’enfants africains montre que la promotion et le respect du droit d’ĂȘtre entendu et vu est une Ă©tape nĂ©cessaire pour amĂ©liorer la protection globale de tous les enfants, particuliĂšrement les plus vulnĂ©rables. L’adoption de lois sur la protection des enfants ne suffit pas sans assurer leur financement et un suivi appropriĂ©s. Dans cette perspective, l’OMCT, DCI-UGANDA et la LIZADEEL demandent aux gouvernements africains d’agir afin de protĂ©ger pleinement tous les enfants africains et particuliĂšrement de :

- augmenter les ressources aux organes s’occupant des enfants Ă  tous les niveaux, des ministĂšres aux autoritĂ©s locales,

- lutter contre la corruption des agents de l’Etat,

- former et sensibiliser le personnel national et local travaillant avec les enfants,

- mettre en place des systĂšmes de justice qui favorise la protection des enfants face aux violations de leurs droits fondamentaux.

 

 

 

Pays: 
ProblĂšmes: 

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.