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[AMMAN, 28 août 2008] - La Jordanie a dispensé de frais de scolarité annuels les élèves irakiens scolarisés dans les établissements publics pour les aider à faire face au coût de plus en plus élevé de la vie, a déclaré un responsable du ministère jordanien de l’Education, le 26 août. Cette décision intervient après l’annulation, par le gouvernement, des frais de scolarité des Jordaniens dans les écoles publiques pour l’année 2008-2009, selon Mohammad Ekour, directeur de l’enseignement général et des affaires étudiantes. « Nous avons envoyé des courriers à toutes les écoles [...] pour exempter les Irakiens de frais de scolarité et la décision a déjà été appliquée dans toutes les régions du royaume », a annoncé M. Ekour. Selon lui, tous les Irakiens, quelque soit leur statut d’immigrés, pourront bénéficier de cette mesure. Les élèves scolarisés dans les établissements publics payent chacun 20 à 30 dinars (28-42 dollars) par trimestre. Les manuels scolaires coûtent 50 dinars de plus par élève, une charge financière importante pour certains Irakiens, qui ont en moyenne trois enfants scolarisés. « Nous traitons les Irakiens de la même façon que les Jordaniens », a indiqué M. Ekour. Sur les 500 000 Irakiens de Jordanie –dont la plupart ont fui l’Irak dans le sillage de l’invasion américaine et des violences qui se sont ensuivies- au moins 360 000 n’ont pas de permis de séjour valide, selon le ministère de l’Intérieur. À leur arrivée en Jordanie, les personnes qui ne disposaient pas de visa d’immigration se voyaient interdire l’accès aux écoles publiques, et bon nombre de familles se trouvaient ainsi contraintes d’inscrire leurs enfants dans des établissements privés. Or, ces dernières années, les personnes ne disposant pas de permis valides n’avaient pas le droit de fréquenter ces écoles. Même les personnes titulaires d’un permis de séjour n’étaient autorisées à fréquenter ces établissements que si elles avaient obtenu au préalable une autorisation spéciale ; une politique qui a privé des milliers d’enfants irakiens d’éducation. Mais de nombreux Irakiens se sont trouvés confrontés à des difficultés financières croissantes : des milliers d’élèves irakiens ont dû quitter les établissements privés, et certaines familles se sont vues contraintes d’envoyer leurs enfants au travail. Ce problème a alarmé les associations de défense des droits de l’enfant et les organisations internationales, qui ont fait pression sur le gouvernement jordanien pour que celui-ci accepte tous les Irakiens dans ses écoles, quel que soit leur statut juridique. Un fardeau Selon la Jordanie, pourtant, les nombreux élèves irakiens scolarisés dans les établissements publics (ils étaient 24 000 en 2007-08) font peser une lourde charge sur les infrastructures éducatives du pays. D’après les responsables du ministère de l’Education, un grand nombre d’écoles ont instauré un système d’horaires doubles pour pouvoir accueillir leurs nombreux élèves. D’autres ont ouvert de nouvelles classes ou embauché du personnel supplémentaire. La plupart des élèves irakiens vivent dans les villes d’Amman et de Zarqa. Selon les autorités jordaniennes, accueillir les réfugiés irakiens aurait coûté 2,2 milliards de dollars au pays, des fonds principalement consacrés à financer les secteurs de l’éducation et de la santé. Les Nations Unies « tout à fait conscientes » du problème « Nous sommes tout à fait conscients que les pressions exercées sur le secteur [de l’éducation publique] sont énormes », a admis Imran Rizza, représentant du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Jordanie, dans un communiqué publié le 25 août. Le HCR envisage actuellement différents moyens de collaborer avec le gouvernement en vue d’améliorer la capacité d’accueil des établissements publics. L’agence envisage également de proposer des cours du soir auxquels les enfants réfugiés irakiens pourront assister. « L’un des défis les plus essentiels auxquels nous nous trouvons confrontés consiste à faire en sorte que l’alphabétisation et l’avenir de toute une génération d’enfants irakiens ne soient pas perdus en raison de leur déplacement », a souligné M. Riza. Aujourd’hui, selon le HCR, au moins 4,4 millions d’Irakiens sont encore déracinés, dont 2,4 millions sont déplacés sur le territoire irakien et deux millions se sont réfugiés à l’étranger, essentiellement en Syrie et en Jordanie.