IRAN : Un mineur risque une exécution imminente

[Le 15 mai 2015] - Un homme de 24 ans risque d’ĂȘtre exĂ©cutĂ© de maniĂšre imminente pour un crime qui s’est dĂ©roulĂ© lorsqu’il avait moins de 18 ans, alors que son affaire est actuellement en cours de rĂ©examen, a dĂ©clarĂ© Amnesty International, exhortant les autoritĂ©s iraniennes Ă  ne pas appliquer cette sentence.

L’organisation a Ă©tĂ© informĂ©e que l’exĂ©cution d’Hamid Ahmadi, inculpĂ© d’avoir poignardĂ© Ă  mort un homme au cours d’une bagarre collective lorsqu’il avait 16 ans, pourrait ĂȘtre imminente, mĂȘme si la Cour suprĂȘme a confirmĂ© qu’elle examine actuellement la requĂȘte en rĂ©vision de l’affaire.

« La peine de mort est le traitement le plus cruel, inhumain et dĂ©gradant qui soit, et il est particuliĂšrement inquiĂ©tant que dans cette affaire l’Iran soit prĂȘt Ă  violer l’interdiction inscrite dans le droit international d’exĂ©cuter des personnes mineures au moment du crime prĂ©sumĂ©. Si l’exĂ©cution a lieu pendant que la plus haute instance iranienne rĂ©vise cette affaire, ce sera un Ă©chec terrible de la justice, a dĂ©clarĂ© Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les autorités iraniennes doivent renoncer à leur projet de procéder à cette exécution immédiatement. Elles doivent permettre à la justice de suivre son cours sans recourir à la peine de mort. »

Hamid Ahamdi a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort en mars 2010 par la 11e chambre de la cour d’appel pĂ©nale de la province de Gilan. Sa condamnation a Ă©tĂ© confirmĂ©e par la Cour suprĂȘme en novembre 2010. Une disposition du Code pĂ©nal iranien de 2013 sur la condamnation des mineurs a toutefois permis Ă  son avocat de demander une rĂ©vision judiciaire en raison de son jeune Ăąge au moment du crime prĂ©sumĂ©.

Amnesty International demande aux autoritĂ©s de commuer la condamnation Ă  mort d’Hamid Ahmadi. S’il est reconnu coupable Ă  l’issue du nouveau procĂšs, dans le cadre d’une procĂ©dure respectant trĂšs strictement les normes internationales d’équitĂ© (notamment les garanties et principes spĂ©cifiques Ă  la justice des mineurs), il doit faire l’objet d’une sanction respectant les obligations internationales relatives aux droits humains de l’Iran, qui excluent le recours Ă  la peine de mort.

L’Iran a ratifiĂ© la Convention des droits de l’enfant, qui interdit strictement d’exĂ©cuter des personnes ĂągĂ©es de moins de 18 ans au moment du crime. Cependant, il continue de prononcer des condamnations Ă  mort contre des mineurs dĂ©linquants et de les exĂ©cuter une fois qu’ils atteignent leur majoritĂ©.

« Le cas d’Hamid Ahmadi contredit, une nouvelle fois, les dĂ©clarations rĂ©pĂ©tĂ©es de l’Iran, qui affirme ne pas exĂ©cuter de mineurs dĂ©linquants, et tĂ©moigne du mĂ©pris flagrant des autoritĂ©s envers l’une des interdictions les plus fermes concernant le recours Ă  la peine de mort », a dĂ©clarĂ© Said Boumedouha.

Hamid Ahmadi a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort en aoĂ»t 2009. Plus tard, la Cour suprĂȘme iranienne a annulĂ© la sentence et l’affaire a Ă©tĂ© renvoyĂ©e pour ĂȘtre rejugĂ©e, en raison de doutes planant sur les dĂ©clarations de tĂ©moins clĂ©s.

Durant son nouveau procĂšs, Hamid Ahmadi est revenu sur les « aveux » qu’il avait faits lors de sa garde Ă  vue, Ă  savoir qu’il avait poignardĂ© la victime Ă  la poitrine. Il a alors affirmĂ© que les policiers avaient menacĂ© de le renvoyer Ă  la tristement cĂ©lĂšbre UnitĂ© d’enquĂȘte de la police (Agahi) s’il ne reconnaissait pas le crime.

Cependant, le tribunal a rejetĂ© sa plainte et n’a pas enquĂȘtĂ© sur les allĂ©gations de contrainte, notamment la menace de torture et de mauvais traitements, pratiques courantes dans les unitĂ©s d’enquĂȘte de la police iranienne. Il n’a pas non plus relevĂ© le fait qu’un mineur a Ă©tĂ© interrogĂ© sans pouvoir consulter d’avocat, en violation des normes internationales d’équitĂ© des procĂšs et de la justice des mineurs.

Hamid Ahmadi a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© coupable d’« homicide volontaire » en s'appuyant sur le principe de la « connaissance du juge ». Aux termes de cette disposition du droit iranien, les juges sont habilitĂ©s Ă  statuer sur le fond d’une affaire en s’appuyant uniquement sur leurs « connaissances » subjectives, voire arbitraires, plutĂŽt que sur des preuves concluantes pour dĂ©terminer la culpabilitĂ©.

« Au lieu d’envoyer Ă  la potence un autre jeune homme condamnĂ© Ă  l’issue d’un procĂšs inique, les autoritĂ©s iraniennes doivent ouvrir une enquĂȘte indĂ©pendante sur l’allĂ©gation selon laquelle Hamid Ahmadi a Ă©tĂ© contraint d’" avouer " qu’il Ă©tait coupable », a dĂ©clarĂ© Said Boumedouha.

L’Iran compte parmi les quelques pays qui continuent d’exĂ©cuter des mineurs dĂ©linquants.

Selon les informations reçues par Amnesty International, 72 mineurs dĂ©linquants ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s en Iran depuis 2005 ; pour la seule annĂ©e 2014, on a recensĂ© au moins 14 exĂ©cutions de personnes ĂągĂ©es de moins de 18 ans au moment du crime commis. Le ComitĂ© des droits de l’enfant de l’ONU doit rĂ©examiner l’application par l’Iran de la Convention relative aux droits de l’enfant lors d’une prĂ©-session du Groupe de travail en juin 2015, suivie d’une session d’examen en janvier 2016.

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