INDONESIE : baisers interdits aprĂšs 21 heures

[6 octobre 2015] - Il l’a annoncĂ© et, cette fois-ci, il l’a fait. Pas comme en juillet, lorsqu’il s’était engagĂ© Ă  couper la tĂ©lĂ©vision la nuit pour que les jeunes de son district se concentrent mieux sur les Ă©tudes coraniques. Dedi Mulyadi, dirigeant du district de Purwakarta, une rĂ©gion Ă  l’ouest de la capitale, Djakarta, a dĂ©cidĂ© d’interdire aux couples non mariĂ©s, les rendez-vous galants aprĂšs 21 heures. Mise en place d’abord dans quelques villages pilotes, cette nouvelle rĂ©glementation est officiellement de mise partout dans Purwakarta depuis le 1er octobre.

Que risquent les contrevenants ? D’aprĂšs le dirigeant local, les jeunes de moins de 17 ans (Ăąge minimum lĂ©gal pour se marier en IndonĂ©sie) recevront trois avertissements. S’ils n’obtempĂšrent toujours pas, ils devront venir le voir et il dĂ©cidera, avec l’accord des parents, s’il faut marier les jeunes dĂ©sobĂ©issants.

L’annonce, qui avait Ă©tĂ© faite dĂ©but septembre, a entraĂźnĂ© des rĂ©actions en chaĂźne dans le pays. « Il y a eu plusieurs articles dans la presse, on en a parlĂ© Ă  la radio, et Dedi Mulyadi a mĂȘme Ă©tĂ© invitĂ© Ă  un talk-show rĂ©putĂ© sur TV1 [chaĂźne d’info de la tĂ©lĂ©vision nationale] », rapporte Dewi Rina, une journaliste du groupe Tempo, dans la partie ouest de l’üle de Java.

Un couple forcé de se marier

On compte dĂ©jĂ  un couple qui a Ă©tĂ© « forcĂ© de se marier » dans le village de Cijunti, selon un article de Tempo du 2 octobre. Ces deux personnes, divorcĂ©es, ne voulaient pas arrĂȘter de se voir et avaient Ă©tĂ© prises sur le fait Ă  minuit, trois fois de suite. « L’homme avait Ă©tĂ© prĂ©venu mais il est tĂȘtu », explique le chef du village.

M. Mulyadi explique avoir fait construire dans six villages des « pavillons de rencontre » avec chaises, tables, jardin, Wi-Fi et caméras de surveillance, « mais sans piÚces fermées », rassure-t-il, pour que les gens puissent se retrouver, avant 21 heures donc.

Le jeune dirigeant, trĂšs actif sur les rĂ©seaux sociaux, vient d’ailleurs de publier un post Ă  ce sujet sur Facebook. On le voit inspecter en personne l’installation des camĂ©ras. Il veut Ă©quiper ainsi plus de la moitiĂ© des villages d’ici Ă  la fin de l’annĂ©e.

« Lutter contre les grossesses non désirées »

Gardien des traditions, M. Mulyadi espĂšre que, grĂące Ă  cette interdiction, les jeunes se coucheront plus tĂŽt et reviendront sur ce qu’il considĂšre comme le droit chemin. Il veut aussi « protĂ©ger l’honneur des parents des jeunes filles et lutter contre les grossesses non dĂ©sirĂ©es ».

Dans son district, oĂč les avortements sont interdits, comme dans le reste du pays, le taux de mortalitĂ© maternelle est deux fois plus Ă©levĂ© que la moyenne nationale. En cause selon les autoritĂ©s : de trop jeunes mĂšres, qui sont accusĂ©es de gonfler les statistiques.

Celui qui a Ă©tĂ© Ă©lu Ă  deux reprises dĂ©jĂ  Ă  la tĂȘte du district assure que « 90 % des gens sont en faveur de cette interdiction ». MĂȘme si ce chiffre ne repose pas forcĂ©ment sur une enquĂȘte solide, la journaliste Dewi Rina estime que les habitants de cette rĂ©gion rurale, assez conservatrice, ne sont finalement pas tellement choquĂ©s de la mesure qui est entrĂ©e en vigueur : « MĂȘme si cela peut paraĂźtre fou de l’extĂ©rieur, cela rassure les mĂšres. »

M. Mulyadi est « trĂšs content » d’avoir participĂ© Ă  l’émission sur TV1. C’était sa premiĂšre apparition (40 minutes en direct) sur la chaĂźne nationale. Une belle rĂ©ussite deux mois Ă  peine aprĂšs avoir Ă©tĂ© choisi pour participer au IYLA (International Young Leaders Assembly) et s’ĂȘtre exprimĂ© Ă  la tribune de l’ONU Ă  New York parmi un millier de jeunes dirigeants prometteurs.

 

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