ILE MAURICE : Consommation accrue de la drogue parmi les enfants

Summary: Avec le trafic de drogue qui sĂ©vit sur l’Ile Maurice, une petite nation de l’ocĂ©an Indien, des travailleurs sociaux et les centres de dĂ©sintoxication notent qu’un nombre croissant d'enfants et de jeunes deviennent maintenant accro Ă  la drogue.

[Le 16 septembre 2011] - Maurice, qui n’a qu’une population de 1,2 million d'habitants et une superficie d’environ 2.000 mĂštres carrĂ©s, a Ă©tĂ© classĂ©e comme ayant la plus forte prĂ©valence en termes de consommation des opiacĂ©s (1,9 pour cent) en Afrique, selon le Rapport mondial 2010 des Nations Unies sur les drogues.

"Nous avons commencĂ© Ă  fumer Ă  l’ñge de 11 ans et quatre ans plus tard, nous avons commencĂ© Ă  injecter du subutex et de l'hĂ©roĂŻne dans nos veines", ont dĂ©clarĂ© Assad et Asraf*, deux jumeaux ĂągĂ©s de 15 ans, qui vivent Ă  Plaine-Verte, prĂšs de Port Louis, la capitale mauricienne.

D’un air pĂąle et faible, ces deux garçons, et plusieurs centaines d’autres enfants avoisinant leur Ăąge, sont actuellement au Centre 'Idriss Goomany' pour le traitement et la rĂ©habilitation des toxicomanes, financĂ© par le gouvernement.

Les frĂšres ont dit Ă  IPS que leur consommation de drogue avait d'abord commencĂ© par s’intensifier avec des antitussifs, mais que plus tard, leur voisin de 33 ans les a initiĂ©s aux drogues dures.

Les deux garçons ont alors commencé à prendre quotidiennement de l'héroïne et du subutex (Buprénorphine, qui est utilisé dans le traitement de la dépendance à l'héroïne).

"Notre voisin achetait les drogues et nous en consommions tous ensemble", ont-ils expliquĂ©. Ils ont admis qu'ils tombaient malades aprĂšs chaque coup, qu’ils avaient des maux de tĂȘte et vomissaient, mais qu’ils ont continuĂ© avec leur dĂ©pendance, jusqu'Ă  ce qu'ils aient Ă©tĂ© finalement capturĂ©s par leur pĂšre, qui avait Ă©tĂ© informĂ© par un autre voisin de leur dĂ©pendance.

Mais, le travailleur social au Centre Idriss Goomany, Ally Lazer, a affirmé qu'il voit des milliers de jeunes et de jeunes enfants devenir accro à la drogue. Et ces derniers temps, le nombre n'a cessé d'augmenter.

Le directeur du centre, Imran Dhanoo, a confirmé cela.

"Cela peut se voir dans le nombre de jeunes qui viennent maintenant dans le centre pour le traitement et la rĂ©habilitation. Auparavant, seuls les adultes ĂągĂ©s de plus de 25 ans venaient vers nous; maintenant, ils ont jusqu’à 16 ans", a dĂ©clarĂ© Dhanoo.

Il a ajoutĂ© qu’à 16 ans, la plupart des jeunes prennent dĂ©jĂ  des drogues depuis quatre ou cinq ans au moins, depuis l'enfance.

Comme Assad et Asraf, bon nombre commencent d’abord par prendre des mĂ©dicaments contre la toux, qui, selon Lazer, sont facilement disponibles et vendus aux enfants par des pharmaciens Ă  cinq ou six fois le prix du marchĂ©. Cependant, cette pratique est illĂ©gale. Un cadre du ministĂšre de la SantĂ©, qui a requis l’anonymat, a dĂ©clarĂ© Ă  IPS que la Loi 1983 sur les pharmacies stipule que les antitussifs ne peuvent ĂȘtre vendus que sur ordonnance mĂ©dicale.

"Les pharmacies sont perquisitionnées de temps en temps et les coupables envoyés devant les tribunaux", a-t-il dit par rapport aux pharmaciens qui vendent les inhibiteurs sans ordonnance.

Jamaluddin Guillaume, un conseiller du village de Riche-Terre, qui se situe juste au nord de la capitale, a déclaré à IPS que des enfants de huit ans, certains issus de foyers brisés, fument et font le plein d'antitussifs dans sa région.

"Le nombre augmente en raison de la pauvretĂ© qui s’intensifie dans ma rĂ©gion. Ces enfants ne vont pas Ă  l'Ă©cole, bien que l'Ă©ducation soit obligatoire jusqu'Ă  l’ñge de 16 ans. Ils ne font qu’errer dans les rues et sniffent de la colle et prennent des antitussifs", a expliquĂ© Guillaume Ă  IPS.

Yousouf Dauhoo de 'SOS Poverty' (SOS PauvretĂ©), une organisation non gouvernementale locale, a Ă©tĂ© d’accord. "Beaucoup d'enfants dans les zones dĂ©favorisĂ©es de l'Ăźle suivent les pas de leurs aĂźnĂ©s et deviennent une proie Ă  la drogue".

"Aucun village ou aucune ville n'est Ă©pargnĂ©", a ajoutĂ© Lazer. Il mĂšne actuellement des programmes anti-drogue dans les Ă©coles. Il a confiĂ© Ă  IPS que beaucoup d’élĂšves lui ont avouĂ© qu'ils prennent non seulement des antitussifs, mais aussi des mĂ©langes d'alcool et de cannabis.

Trois directeurs d'Ă©coles secondaires, qui ont requis l’anonymat, ont confirmĂ© cette augmentation dans la consommation de drogue. Un directeur a dit que plus d'une fois, il a dĂ» appeler les parents d'un Ă©colier dans l'Ă©cole pour les informer de la dĂ©pendance de leur enfant.

Bien que le trafic de drogue puisse ĂȘtre endĂ©mique sur l'Ăźle, le gouvernement tente de le freiner.

Répondant à une question du parlement à ce sujet en mars, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a déclaré que la stratégie du gouvernement est focalisée sur l'application, la prévention, le traitement et la réhabilitation des toxicomanes.

*Les noms ont été retirés pour protéger l'identité des mineurs.

pdf: http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=6689

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