HAÏTI: Lancement de la semaine consacrĂ©e aux droits des enfants

Summary: Ce 6 juin a eu lieu, dans la capitale haĂŻtienne, le lancement de la semaine consacrĂ©e aux droits des enfants. Cette activitĂ© organisĂ©e par l’Institut du Bien-ĂȘtre Social et de Recherche (IBESR), de concert avec le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et l’UnitĂ© de la Protection de l’Enfant de la MINUSTAH, aura notamment pour but de sensibiliser davantage de personnes sur des thĂšmes comme l’éducation, la santĂ© et la nutrition des enfants.

(Le 6 juin 2011) - C’est sur le thĂšme : « Respekte dwa nou, se sa nou menm timoun nou mande » (Respectez nos droits, c’est ce nous exigeons de vous), qu’est cĂ©lĂ©brĂ©e cette annĂ©e « la semaine de l’Enfant haĂŻtien ». Une cĂ©lĂ©bration dont l’objectif est d’« attirer l’attention de la sociĂ©tĂ© haĂŻtienne sur l’importance de veiller aux droits des enfants qui ont besoin d’ĂȘtre protĂ©gĂ©s et prĂ©servĂ©s contre toutes formes d’abus ». Elle offrira Ă©galement l’occasion d’ « insister Ă  nouveau sur le respect concret et effectif des droits des enfants du pays ».

Ils sont nombreux, en effet, les enfants haĂŻtiens Ă  ĂȘtre victimes de violations de toutes sortes. Bien avant le sĂ©isme, la situation des enfants haĂŻtiens Ă©tait dĂ©jĂ  alarmante. Plus de 500.000 d’entre eux n’ont jamais Ă©tĂ© scolarisĂ©s. Des petits garçons et des petites filles se retrouvent dans la rue ou sont en conflit avec la loi.

Parmi eux, Stanley. Ancien enfant de rue, il vit depuis 2007 au Centre d’Accueil de Carrefour, un Ă©tablissement public qui reçoit quelque 650 enfants dĂ©favorisĂ©s. Sa situation s’est, depuis, amĂ©liorĂ©e. Mais il se souvient de l’époque oĂč il vivait dans la rue. « C’était une situation infernale. Je mendiais pour vivre et, souvent, les gens m’humiliaient ».

Son camarade, John Peter, 14 ans, y est aussi depuis 2004. Avant, il vivait avec sa maman jusqu’au jour oĂč celle-ci, fatiguĂ©e de vivre dans la misĂšre, est partie pour la RĂ©publique Dominicaine. Suite Ă  son dĂ©part, John Peter s’est retrouvĂ© dans la rue pendant 3 ans, faisant l’aumĂŽne pour survivre ou en lavant des voitures. « J’ai eu la chance de n’avoir pas Ă©tĂ© victime de violences. Mais des amis l’ont Ă©tĂ©. Des petites filles ont souvent fait l’objet d’agressions sexuelles. Parfois, aprĂšs avoir fini de nettoyer la voiture d’un automobiliste, celui-ci en guise de rĂ©compense, pointait son revolver pour m’éloigner ».

Certes, Pierre, 13 ans, Ă©lĂšve de la 6e AnnĂ©e Fondamentale (derniĂšre annĂ©e du primaire), contrairement Ă  des milliers d’enfants haĂŻtiens, ne sait pas ce que c’est d’ĂȘtre un enfant de la rue. Lui a toujours vĂ©cu avec ses parents et souhaite devenir mĂ©decin. Cependant, confesse-t-il : « tant que je vois des enfants vivre dans des situations de misĂšre, je ne peux pas considĂ©rer que mes droits sont respectĂ©s. Car  je vois souvent des enfants trainer dans la rue. Ils ne vont pas Ă  l’école et sont parfois malades ou victimes de violences. Cela me donne envie de pleurer».

Ces enfants soumis Ă  des violences quotidiennes de toutes sortes, victimes de trafic ou de traite d’enfants, atteints du SIDA, n’ont pas d’actes de naissance pour la plupart. En HaĂŻti, un enfant sur trois souffre de  malnutrition chronique et plus de la moitiĂ© des enfants mal nourris sont ĂągĂ©s de moins de deux ans.

Ils sont aussi 200.000 provenant des zones rurales pauvres Ă  ĂȘtre en domesticitĂ© chez un parent vivant en ville. « Il est inacceptable qu’en 2011, il y ait des enfants en domesticitĂ© (restavĂšks), qui travaillent jusque trĂšs tard dans la nuit. Ils sont parfois obligĂ©s de s’occuper d’autres enfants plus ĂągĂ©s qu’eux. Ils ne sont pas scolarisĂ©s mais ont la charge d’accompagner les enfants des « maitres » Ă  l’école.

« C’est anormal que des enfants soient ainsi exploitĂ©s et rĂ©duits Ă  une forme d’esclavage », a fait valoir Mme Françoise Gruloos-Ackermans, ReprĂ©sentante de l’UNICEF en HaĂŻti, lors du lancement de la semaine de l’Enfant haĂŻtien. Elle en appelle au sens des responsabilitĂ©s de tous.

Depuis le tremblement de terre, la situation des enfants s’est considĂ©rablement aggravĂ©e. Les cas de viol, par exemple, sont en augmentation. Les risques de violence, d’abus de toutes sortes, de trafic sont trĂšs Ă©levĂ©s dans les sites d’hĂ©bergement provisoires. De nombreux enfants sont par ailleurs devenus orphelins ou sont sĂ©parĂ©s de leurs parents, ce qui contribue Ă  accroitre leur vulnĂ©rabilitĂ©.

« Il est de notre devoir de protĂ©ger les enfants contre toutes formes de violations de leurs droits et toutes formes d’exploitation prĂ©judiciables Ă  leur bien-ĂȘtre », a dit Mme Françoise Gruloos-Ackermans pour qui « chacun, Ă  son niveau, a le devoir de respecter les droits des enfants. Du prĂ©sident de la RĂ©publique aux parents, en passant par tous ceux qui jouent un rĂŽle dans leur dĂ©veloppement et leur Ă©ducation », a-t-elle insistĂ©, promettant le soutien de l’UNICEF Ă  l’IBESR et au MinistĂšres des Affaires Sociales pour toute action visant la rĂ©unification des enfants avec leurs familles. En effet, « la place d’une enfant n’est pas dans une institution mais dans sa famille ».

Jeanne Bernard, la Directrice de l’IBESR a de son cĂŽtĂ© indiquĂ© que la semaine de l’Enfant haĂŻtien connaitra de nombreuses activitĂ©s, y compris une visite dans les centres de dĂ©tention. De nombreux enfants s’y trouvent en effet. A l’occasion, des vĂȘtements neufs et des kits d’hygiĂšne leur seront distribuĂ©s. Au programme aussi, un atelier de travail avec les Maires et les Juges, qui ont, selon les lois haĂŻtiennes, l’obligation de participer Ă  la protection des enfants.

Le chef de l’Etat haĂŻtien qui participait, ce lundi 6 juin en compagnie de son Ă©pouse, au lancement de la semaine de l’Enfant haĂŻtien, a promis de lutter contre le trafic et la traite des enfants. Il a Ă©galement promis un lendemain meilleur aux enfants qui auront un plus grand accĂšs aux soins de santĂ© et Ă  l’éducation. « Mon gouvernement soutiendra tous les efforts allant dans ce sens pour que les enfants aient un avenir meilleur », rappelant au passage la crĂ©ation du Fonds National pour l’Education (FNE) qui devrait permettre la scolarisation de 500.000 d’entre eux.

A l’attention des enfants prĂ©sents Ă  la cĂ©rĂ©monie, il a signalĂ© qu’ils sont « l’avenir du pays » et les a encouragĂ©s Ă  accorder « toute l’attention nĂ©cessaire Ă  leurs Ă©tudes, les exhortant Ă  « Ă©couter les conseils de leurs parents, Ă  leur obĂ©ir et Ă  respecter leurs professeurs ». Le prĂ©sident Martelly  a en outre rĂ©vĂ©lĂ© qu’il Ă©tait en train de travailler sur deux projets destinĂ©s Ă  combattre le phĂ©nomĂšne des enfants de la rue.

Pour clĂŽturer la cĂ©rĂ©monie de lancement de la semaine de l’Enfant haĂŻtien, un groupe d’enfants du Centre d’Accueil de Carrefour a prĂ©sentĂ© Ă  l’auditoire une chanson dĂ©nonçant les conditions de vie des enfants de la rue et rappelant Ă  l’Etat ses obligations envers eux.

pdf: http://minustah.org/?p=30530

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