GUINEE : Le nouveau chef du gouvernement devrait s’attaquer aux atteintes aux droits humains

[14 aoĂ»t 2008] – Le nouveau chef du gouvernement guinĂ©en devrait placer les problĂšmes chroniques du pays en matiĂšre de droits humains au premier rang de son ordre du jour, a dĂ©clarĂ© Human Rights Watch dans une lettre adressĂ©e au Premier ministre Ahmed Tidiane SouarĂ© et rendue publique aujourd’hui.

Si le Premier ministre Souaré veut rompre avec le passé, il doit insister pour que les membres des forces de sécurité responsables de meurtres, de viols et de tortures soient traduits en justice.

Parmi les principaux problĂšmes exigeant une attention immĂ©diate de la part du gouvernement guinĂ©en, Human Rights Watch a identifiĂ© l’impunitĂ© pour des exĂ©cutions illĂ©gales, les actes de torture, les conditions rĂ©gnant dans les prisons, le travail des enfants et le trafic d’enfants.

« L’inaction persistante du gouvernement face aux graves atteintes aux droits humains fait du tort aux citoyens guinĂ©ens ordinaires », a dĂ©clarĂ© Dustin Sharp, chercheur pour l’Afrique de l’Ouest francophone Ă  Human Rights Watch. « Si le Premier ministre SouarĂ© veut rompre avec le passĂ©, il doit insister pour que les membres des forces de sĂ©curitĂ© responsables de meurtres, de viols et de tortures soient traduits en justice. »

Ces derniĂšres annĂ©es, la GuinĂ©e a Ă©tĂ© secouĂ©e par une agitation civile Ă  laquelle les forces de l’ordre ont gĂ©nĂ©ralement rĂ©pondu par un recours excessif et brutal Ă  la force. En janvier et fĂ©vrier 2007, les forces de sĂ©curitĂ© ont violemment rĂ©primĂ© une grĂšve gĂ©nĂ©rale lancĂ©e pour protester contre la corruption, la mauvaise gouvernance et la dĂ©tĂ©rioration de la situation Ă©conomique, causant la mort de plus de 130 manifestants. Dix-huit mois plus tard, une Commission d’enquĂȘte indĂ©pendante mise en place pour enquĂȘter sur ces morts n’est toujours pas opĂ©rationnelle.

Des formes chroniques de violence avalisĂ©es par l’Etat se poursuivent sans faiblir. Human Rights Watch a documentĂ© les actes de torture couramment pratiquĂ©s par la police sur des dĂ©tenus pour leur arracher des aveux, ainsi que les conditions gravement dĂ©fectueuses rĂ©gnant dans le systĂšme carcĂ©ral guinĂ©en dĂ©labrĂ© et minĂ© par les exactions. De nombreux dĂ©tenus, y compris des enfants, croupissent pendant des annĂ©es dans des cellules confinĂ©es oĂč ils sont confrontĂ©s Ă  la faim, Ă  la maladie, et parfois Ă  la mort avant mĂȘme d’avoir Ă©tĂ© jugĂ©s ou libĂ©rĂ©s.

« Pendant trop longtemps, les dirigeants successifs en GuinĂ©e sont restĂ©s en retrait et n’ont rien fait face aux atteintes connues et rĂ©pandues aux droits humains», a ajoutĂ© Sharp. « Le message envoyĂ© aux forces de sĂ©curitĂ© est que la violence et l’indiscipline sont acceptables, et c’est lĂ  quelque chose de trĂšs dangereux. »

Human Rights Watch a aussi critiquĂ© le gouvernement pour son incapacitĂ© persistante Ă  mettre en place des protections suffisantes contre le travail des enfants, le trafic d’enfants et la maltraitance des enfants. Des dizaines de milliers d’enfants travailleurs domestiques en GuinĂ©e travaillent jusqu’à 18 heures par jour sans rĂ©munĂ©ration, et subissent frĂ©quemment des coups, du harcĂšlement sexuel et des mauvais traitements de la part de leurs employeurs. Vivant dans des conditions s’apparentant Ă  l’esclavage, certains font l’objet de trafic depuis des pays voisins ou Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de la GuinĂ©e. Il n’existe pas de systĂšme de protection de l’enfance pour garantir un contrĂŽle rĂ©gulier du bien-ĂȘtre des enfants et, si nĂ©cessaire, pour permettre qu’ils soient retirĂ©s des maisons oĂč ils sont maltraitĂ©s.

SouarĂ© a Ă©tĂ© nommĂ© Premier ministre en mai 2008 aprĂšs que Lansana KouyatĂ© ait Ă©tĂ© limogĂ© par Lansana ContĂ©, le prĂ©sident guinĂ©en, souffrant et autoritaire. SouarĂ© a fait un geste pour l’amĂ©lioration du bilan dĂ©sastreux du pays en matiĂšre de droits humains en soutenant la crĂ©ation d’un Observatoire national des Droits de l’homme indĂ©pendant chargĂ© de promouvoir les droits humains. Mais aucune mesure n’a encore Ă©tĂ© prise pour traduire en justice les membres des services de sĂ©curitĂ© de GuinĂ©e qui ont commis de graves violations des droits humains.

 

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