Soumis par Louise le
[Le 29 juin 2016] - Deux adolescents toulousains ont Ă©tĂ© condamnĂ©s mercredi 29 juin Ă six mois de prison avec sursis pour avoir passĂ© trois semaines en Syrie dĂ©but 2014 afin dây faire le djihad. Le parquet, qui avait requis des peines plus lourdes, de deux ans de prison dont un avec sursis, fait appel, selon une source judiciaire. Le procĂšs sâest tenu mardi et mercredi Ă Paris, devant le tribunal pour enfants, Ă huis clos. Les deux mineurs ont Ă©tĂ© condamnĂ©s pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Le projet dâA., 16 ans Ă lâĂ©poque, et de Y., 15 ans, avait mĂ»ri en quelques semaines Ă lâautomne 2013. AprĂšs ĂȘtre entrĂ©s en relation sur Facebook avec lâun des principaux recruteurs français de combattants en Syrie, Mourad FarĂšs, interpellĂ© et mis en examen en France depuis, ils avaient achetĂ© leurs billets dâavion avec la carte bancaire du pĂšre de lâun dâeux, prĂ©textĂ© un voyage scolaire devant leurs parents, et filĂ© le jour de la rentrĂ©e de janvier 2014.
Ambiance « pourrie »
Sur place, selon leurs dĂ©clarations, ils ont rejoint la brigade de Mourad FarĂšs, alors affiliĂ© au Jabhat Al-Nosra, lui-mĂȘme liĂ© Ă Al-Qaida. Ils ont Ă©galement reconnu, lors dâune confrontation, « avoir participĂ© Ă des tours de garde armĂ©s dâune kalachnikov ». En revanche, ils sont « en dĂ©saccord sur le fait que lâarme soit ou non chargĂ©e », avait prĂ©cisĂ© la juge dâinstruction chargĂ©e du dossier dans son ordonnance de renvoi.
Mais les deux lycĂ©ens font face Ă des conditions de vie difficiles et ils prĂ©fĂšrent rentrer. Lors de leur garde Ă vue, ils ont reconnu quâils nâimaginaient pas que « ce serait si dur », et ils dĂ©noncent lâambiance « pourrie » dans leur groupe de francophones. Les 25 et 27 janvier, ils arrivent en France aprĂšs avoir Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s par leurs familles respectives en Turquie, Ă la frontiĂšre syrienne.
Lâavocate de lâun des deux mineurs, Me AgnĂšs DufĂ©tel-Cordier, qui avait plaidĂ© la relaxe, a estimĂ© que le tribunal avait « montrĂ© quâil avait une certaine confiance et ne souhaitait pas les stigmatiser en tant que terroristes ». Ils ignoraient, selon elle, quâils rejoignaient un groupe terroriste et nâavaient « pas du tout conscience de la complexitĂ© de la situation en Syrie Ă ce moment-là  », a-t-elle ajoutĂ©.
Comme lors de lâinstruction, son confrĂšre Matthieu Chirez, conseil de lâautre adolescent, a plaidĂ© que, en vertu de la convention relative aux droits de lâenfant de 1989 et dâautres textes internationaux, son client devait ĂȘtre protĂ©gĂ© et ne pouvait ĂȘtre ni poursuivi ni condamnĂ©. « La peine prononcĂ©e semble (âŠ) tenir compte de lâembrigadement dont ils ont Ă©tĂ© victimes et de leur personnalité », a remarquĂ© Me Chirez, jugeant « incomprĂ©hensible » lâappel du parquet.
Plus d'informations
- Le terrorisme et ses conséquences sur les droits de l'enfant (CRIN, décembre 2015)
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