France: deuxième expulsion d'une lycéenne sans papiers, malgré la mobilisation

[PARIS, 21 juillet 2006] - Cette fois-ci, la mobilisation du Réseau éducation sans frontière (RESF) n'aura pas suffi. Ils étaient pourtant une cinquantaine à être venus, jeudi 20 juillet, à l'aéroport de Roissy pour tenter d'empêcher l'expulsion d'Aminata Diallo vers Bamako, au Mali. En vain. Après Abdallah  Boujraf début juillet, la lycéenne malienne de 19 ans est le deuxième jeune scolarisé à être expulsé. 

"Il s'agit de la seconde expulsion – à notre connaissance – de lycéens sans papiers. La première avait été Abdallah, lycéen marocain de 19 ans. La semaine dernière, une famille roumaine de Châteauroux a également été expulsée avec leur enfant collégien", a expliqué Richard Moyon, porte-parole de RESF.

Aminata, qui a bénéficié d'une réinscription dans son lycée pour l'année prochaine, avait été interpellée il y a quinze jours et placée au centre de rétention de Geispolsheim (Bas-Rhin). S'étant vue refuser un visa d'études par l'ambassade de France au Mali parce qu'elle n'avait pas le bac, elle s'était rendue à Sarreguemines, où vit un oncle naturalisé français, avec un visa de touriste pour y passer le bac, avec pour "seul objectif de faire un BTS de commerce", selon Eric Schultz, coordinateur de RESF pour le Bas-Rhin. Elle a embarqué le matin de l'aéroport de Strasbourg pour Roissy. Son vol pour le Mali est parti vers 17 heures.

"ON EST TOUS DES MALIENS"

Dans un communiqué publié jeudi soir, le ministère de l'intérieur affirme que "la situation de cette jeune adulte arrivée en France il y a moins d'un an ne relève aucunement du champ d'application de la circulaire du 13 juin" sur la régularisation des parents sans papiers d'enfants scolarisés en France."Bien que née en France en 1986, Aminata Diallo a passé son enfance et son adolescence dans son pays d'origine", souligne le communiqué, et n'est arrivée en France "qu'en 2005 sous couvert d'un visa de tourisme".

Le président du MRAP, Mouloud Aounit, ainsi que des élus d'Aubervilliers, de Seine-Saint-Denis et du conseil régional d'Ile-de-France étaient présents et ont crié :"On est tous des Maliens", ou "Non, non, non aux expulsions !" "Chaque personne expulsée est une tache sur la conscience du ministre de l'intérieur et du médiateur", s'est indigné Mouloud Aounit.

Aussitôt après son expulsion, le syndicat lycéen FIDL a qualifié de "honte" cette expulsion. "La FIDL est indignée de cet acte inhumain. Si Aminata avait été championne de sport plutôt que simple lycéenne, aurait-elle été expulsée ?"

François Hollande, Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn ou encore Marie-George Buffet sont également intervenus pour tenter d'empêcher l'expulsion. "Ce que je craignais est en train de se produire, le ministre de l'intérieur procède à des expulsions en profitant des vacances d'été", a déploré M. Strauss-Kahn. "Il me paraît totalement invraisemblable que cette jeune fille née à Aubervilliers et parrainée par les élus de cette ville soit renvoyée au Mali", a dit pour sa part Mme Buffet.

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