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[ADDIS ABEBA] - Le parlement éthiopien a adopté mardi une loi restreignant considérablement les activités en Ethiopie des organisations humanitaires étrangères ou financées par des fonds étrangers, qui ne pourront notamment plus s'occuper des droits de la femme ou des problèmes ethniques. En vertu de cette loi adoptée mardi, toute organisation étrangère ou qui tire plus de 10 pour cent de ses financements de source étrangère ne peut plus s'occuper de problèmes ethniques, de droits de la femme, de droits des enfants et de règlement des conflits. La loi a été adoptée par 327 voix contre 79. La majorité des figures de l'opposition se sont abstenues, a constaté un journaliste de l'AFP. La nouvelle loi prévoit également l'établissement d'une agence étatique de contrôle qui surveillera le travail des organisations humanitaires étrangères. "C'est un triste jour. Eux (le gouvernement) ne souhaitent pas que des organisations publiques jouent volontairement un rôle, leur but est d'étouffer les actions qui sont connues pour venir en aide à la population", a déclaré à la presse un dirigeant d'opposition, Beyene Petros. Plusieurs autres députés ont exprimé les mêmes critiques. "Pour nous, c'est une tentative du parti au pouvoir de bannir tous ceux qu'il considère comme une menace pour son pouvoir", a ainsi lancé le député d'opposition à ses collègues, Temesgen Zewdie, avant le vote. Mais selon le gouvernement éthiopien, cette nouvelle loi vise à améliorer la transparence des activités des ONG, et non à restreindre leur action, et tend également à mieux défendre les droits et les intérêts des citoyens éthiopiens. "Les organisations civiles pourront fonctionner sans obstacles. Elles ne feront pas face à des restrictions tant qu'elles respectent les lois du pays", a insisté le chef de la majorité gouvernementale, Hailemariam Desalegn. "Nous ne pensons pas que cette loi va affecter notre relation avec nos partenaires clefs", a-t-il poursuivi. Cette loi avait été vivement critiquée, notamment par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW). Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui sont des donateurs majeurs de l'Ethiopie, avaient aussi exprimé leur inquiétude sur cette nouvelle législation. L'Ethiopie, l'un des pays les plus peuplés et les plus pauvres d'Afrique et régulièrement frappé par les pénuries alimentaires et les calamités climatiques, est aussi l'un de ceux qui reçoit le plus d'aide internationale au monde.