En Haïti, la star du hip-hop Wyclef Jean se mobilise en faveur des bidonvilles

Arrêtez les kidnappings pour que les investissements reviennent en Haïti." Le rappeur Wyclef Jean s'époumone face à plus de 20 000 fans massés sur la plage de Jacmel, une jolie ville sur la côte sud d'Haïti, loin des violences de Port-au-Prince.

Né à la Croix-des-Bouquets, près de la capitale haïtienne, il a émigré à 9 ans aux Etats-Unis où il est devenu une des stars du hip-hop avec son groupe The Fugees. Pour venir en aide à son pays natal, Wyclef Jean a fondé, il y a deux ans, Yelé Haïti. "Un mouvement plus qu'une fondation, pour aider en priorité les enfants", dit-il.

Avec ses amis célèbres comme les acteurs Angelina Jolie et Brad Pitt et l'appui du Programme alimentaire mondial, il a lancé dix-huit projets humanitaires dans les bidonvilles les plus touchés par la violence : depuis la réhabilitation d'enfants recrutés par les gangs jusqu'au ramassage des ordures en passant par la distribution de rations alimentaires et de bourses d'études. Comme son idole Bob Marley, dont il reprend plusieurs hits en créole, il veut, par la musique, donner la parole aux jeunes des bidonvilles.

En offrant un "mégaconcert" gratuit en clôture, le 1er décembre, du Festival du film de Jacmel, Wyclef Jean a voulu attirer l'attention sur cette localité dont le potentiel touristique ne demande qu'à être développé. Fondateur du festival avec le cinéaste américain David Belle, le jacmélien Patrick Boucard se félicite de la présence de Wyclef Jean.

"LA FIERTÉ D'ÊTRE NÈGRE"

Déjà, il songe à un autre festival musical, tous les ans au mois de mai. "Il faut changer l'image d'Haïti. Le Sud n'est pas touché par la violence. On peut relancer rapidement le tourisme avec de petits bateaux de croisière qui relieraient Jacmel, la Jamaïque et la République dominicaine", rêve ce fils d'un négociant en café qui a créé Fosaj, une coopérative de peintres et d'artisans.

"Pour moi Wyclef, c'est un nouveau Toussaint Louverture (dirigeant de la révolution de la fin du XVIIIe siècle, puis gouverneur de l'île). Il nous redonne la fierté d'être haïtien et d'être nègre malgré deux cents ans de misère. C'est un modèle pour les jeunes. J'ai eu la chair de poule quand je l'ai vu à la télévision brandir le drapeau haïtien pendant son concert avec Shakira, à la finale de la Coupe du monde de football", s'enthousiasme Prince Luc, un jeune peintre dont les toiles s'inspirent de Préfète Dufaut, l'un des maîtres de l'art pictural haïtien.

"Je commence à me sentir comme Obama", plaisante le chanteur peu avant le concert. Interrogé sur les cris de "Wyclef président" entendus lors de sa parade dans les rues de Jacmel, il fait allusion à Barack Obama, le démocrate afro-américain qui convoite manifestement la présidence des Etats-Unis.

"Seul Dieu connaît l'avenir. Moi, je ne peux le prédire mais je n'écarte rien", ajoute-t-il. Le rappeur, qui a voté en faveur de René Préval car il veut "envoyer les enfants à l'école et leur donner à manger", juge que le président avance dans la bonne direction, trop lentement. "Il faut faire la paix dans les bidonvilles. Il faut une véritable trêve et créer des emplois. On ne peut faire la démocratie avec des gens qui meurent de faim", martèle la star du hip-hop.

pdf: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-846861,0.html

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