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Summary: Entretien avec Mr Théodore Kabanga Bitoka (Candidat de la République Démocratique du Congo).
Mr. Théodore Kabanga Bitoka, 47 ans, de la République Democratique du Congo est actuellement Président de l'ONG Enfants de Dieu, Enfant des Hommes, ainsi que coordinateur du Groupe de Travail des ONG des Droits de l'Enfant. Auparavant, Mr Bitoka était un des cofondateurs de l'Association de Défence des Droits de l'Homme et a également travailler en tant que juge et magistrat. Pourquoi voulez-vous travailler au comité des droits de l'enfant? Je veux travailler au Comité des droits de l'enfant parce que les droits de l'enfant constituent non seulement une question majeure dans ma vie en tant qu'être humain, mais aussi dans ma vie professionnelle, d'abord en tant que magistrat et juge ayant travaillé dans ce domaine depuis plus de 10 ans et ensuite en tant qu'activiste des droits de l'enfant au niveau de la société civile où j'ai acquis une expérience qui a fait que je suis devenu un acteur majeur sur la question des droits de l'enfant dans mon pays. En outre, je veux travailler au niveau du Comité parce que je me suis familiarisé avec son travail depuis 2001 avec la soumission et la présentation du 1er rapport alternatif et évaluatif sur la mise en œuvre de la Convention de Nations Unies relative aux droits de l'enfant par la République Démocratique du Congo (RDC) ainsi que le second qui est intervenu en 2009 sans laisser de côté le travail sur le terrain de plaidoyer pour la mise en œuvre de ses recommandations par l'Etat partie. Enfin, je veux travailler au niveau du Comité pour apporter un autre regard sur les rapports soumis par les Etats parties. Car, bien que nommé par l'Etat partie pour examiner les rapports étatiques de mise en œuvre de la Convention et de ses différents protocoles additionnels ma double expérience de juge et d'activiste des droits de l'enfant me permettra en tant qu'expert de formuler des recommandations qui prennent compte aussi des préoccupations majeures de la société civile en vue d'obtenir des changements nécessaires. Que pensez-vous pouvoir apporter comme contribution dans le travail du Comité? Il faut tout d'abord relever que le travail du Comité est prédéfini par l'article 43 de la Convention à savoir examiner les rapports des Etats parties et formuler des recommandations pertinentes. Donc j'apporterai mon expertise dans l'examen des rapports qui seront soumis dans les limites des pouvoirs reconnus aux experts. Par ailleurs, de plus en plus de voix s'élèvent pour que le Comité puisse avoir la possibilité de recevoir directement des plaintes émanant des enfants ou de leurs représentants légaux. Je pense que mon expérience en tant que juge peut apporter une contribution significative en termes de réflexions tout comme en termes de projet de protocole facultatif le cas échéant. Il en est de même de la contribution que je peux apporter en termes de réflexions sur les mécanismes de suivi d'observations et des recommandations du Comité auprès des Etats parties de manière à ce que le Comité ne soit pas seulement une machine à produire des observations finales et des recommandations. D'après vous, quelle est la question qui a besoin de plus d'attention dans le domaine des droits de l'enfant? Vu que je ne suis pas au courant de tous les problèmes des enfants dans tous les pays du monde, je ne peux me baser que sur les problèmes que je vois ici en Afrique en général, et en particulier en RDC. La violence sous toutes ses formes contre les enfants reste une préoccupation majeure tant au niveau des familles, de la communauté que des autorités étatiques locales, régionales, ou centrales. Les enfants ne sont pas toujours considérés comme des êtres humains à part entière et par conséquent, on assiste à des abus qui mènent à la précarité et même à la mort. Par ailleurs, l'éducation en termes d'accès et de maintien des enfants à l'école constitue une préoccupation majeure tant pour les enfants que pour l'avenir du continent africain en termes de politique nationale non suffisamment développée dans la mesure où dans beaucoup de pays africains, et surtout en RDC que je connais, nombre d'enfants n'ont pas accès à l'école ou n'ont pas la possibilité d'y être maintenus. Enfin, la part des budgets réservée aux secteurs sociaux de base qui touchent directement les enfants tels que la santé et l'éducation devaient constituer une préoccupation majeure du Comité de manière à obtenir des changements nécessaires dans un temps relativement record et d'améliorer de ce fait l'avenir quasi hypothéqué d'un grand nombre d'enfants. Pour le cas de la RDC, la part du budget pour les deux secteurs ne représente pas plus de 5% du budget national .Ce qui en soi est une cause de maintien des enfants dans la précarité et la violence. Quelle est la meilleure réalisation de votre carrière? En tant que juge, la meilleure réalisation est d'avoir, à travers les jugements d'adoption, donner une famille de substitution à un grand nombre des bébés qui sont souvent soit jetés dans les poubelles publiques soit abandonnés dans les hôpitaux par leurs génitrices pour insolvabilité. La meilleure réalisation en tant qu'activiste est d'avoir été membre du comité qui a contribué à l'élaboration de l'avant projet de loi portant sur la protection de l'enfant en RD Congo lequel a été soumis au Parlement qui l'a adopté avant d'être promulgué le 10 janvier 2009 par le Président de la République. Quelle est votre vision du comité; en d'autres mots, comment pensez vous qu'on pourrait le rendre plus efficace? Je pense qu'il faut être plus disponible pour le comité, pas seulement en y étant présent physiquement, mais aussi, activement. Si je suis élu, je pourrai travailler en synergie avec les autres experts pour le bien du Comité par ma disponibilité et mon sens de travailler en équipe. Quel est le plus grand défi auquel le comité doit faire face? Le plus grand défi auquel le Comité doit faire face est son mode de fonctionnement qui repose sur des experts lesquels ne sont pas engagés et sont moins nombreux et travaillent sur la base d'un agenda précis. Ce qui fait que le travail à faire est immense mais que « les ouvriers » sont peu nombreux. Par ailleurs, le travail du Groupe des ONG pour la Convention relative aux droits de l'enfant qui sert de béquille à son travail n'est pas suffisamment pris en compte. Comment pensez vous que le comité pourrait travailler plus efficacement avec les ONG? Le comité donne déjà de la valeur aux actions des ONG à travers les rapports alternatifs qui lui sont soumis et en tient compte lors d'examen des rapports étatiques. Cependant, il faut avouer que ce mécanisme reste isolé en ce qu'en dehors des rapports alternatifs, les autres rapports que les ONG peuvent élaborer ne sont pas suffisamment exploités par le Comité pour des raisons évoquées ci-dessus. Ainsi, pensons-nous qu'un protocole facultatif donnant la possibilité aux enfants de porter plainte directement devant le Comité soit, par eux-mêmes soit, par voie de représentation légale peut constituer un moyen de contribuer au rapprochement des ONG avec le travail du Comité en attendant que d'autres mécanismes soient envisagés et qui passeraient par le renforcement du mode de fonctionnement du Comité. Que feriez vous si vous ne travailliez pas dans le domaine des droits de l'enfant? J'ai commencé comme activiste des droits de l'homme en général à l'université, avant de me consacrer aux droits de l'enfant. Je me suis toujours intéressé aux droits de l'homme en général, donc si je ne travaillais pas dans le domaine des droits de l'enfant, je serais toujours en train de travailler comme activiste des droits humains. Où seriez vous si nous n'étions pas entrain d'avoir cet entretien? Je serai à une réunion avec Save The Children RDC pour préparer une grande réunion qui aura lieu ce week-end pour examiner les difficultés liées à l'administration de la justice pour les enfants en conflit avec la loi pénale dans la ville de Kinshasa. Si je vous dis droits de l'enfant en un mot ? Pour moi, c'est un ensemble de prérogatives reconnues à un être humain de moins de 18 ans pour lui permettre de grandir, de s'épanouir, de se développer dans le respect des ses droits et des autres pour construire une société humaine égalitaire et juste dans un esprit de paix de fraternité et de tolérance.