Difficiles premiers pas de Ban Ki-moon à l'ONU

En seulement deux jours à la tête de l'ONU, son nouveau secrétaire général, Ban Ki-moon, a suscité une controverse mondiale sur la peine de mort, dû faire face à des accusations de viols d'enfants impliquant des casques bleus au Soudan, et subi la pression des grandes puissances qui cherchent à obtenir des postes-clés au sein de l'appareil onusien. M. Ban, en charge d'un poste décrit par l'un de ses prédécesseurs comme "le plus impossible du monde", a également fait savoir à la presse que son prénom, Ki-moon, se prononçait "Gui-moun".

Le premier "faux pas" du diplomate sud-coréen a été, selon plusieurs observateurs, de ne pas rappeler l'opposition traditionnelle de l'ONU à la peine de mort lorsqu'un journaliste lui a demandé, mardi 2 janvier, de réagir à l'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein. Ban Ki-moon, qui était ministre des affaires étrangères de Corée du Sud, où la peine de mort est légale, avant de succéder à Kofi Annan, s'était contenté de dire qu'il revenait "à chaque Etat de se prononcer sur la peine capitale".

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a immédiatement dénoncé un "recul" par rapport à l'opposition claire de Kofi Annan à la peine de mort, tandis que le chef de la diplomatie norvégienne, Jonas Gahr, déclarait qu'il était "important que l'ONU fixe des normes". L'Italie, soutenue par la France, s'est engagée à promouvoir à l'Assemblée générale de l'ONU un moratoire universel sur la peine capitale.

"L'opinion de M. Ban est que nous devrons oeuvrer à l'abolition de la peine de mort, mais que cela doit être un processus lent", a rectifié, mercredi 4 décembre, la nouvelle porte-parole de l'ONU, Michèle Montas. Dans ses déclarations initiales, le nouveau secrétaire général a simplement pris acte, a-t-elle expliqué, de l'absence de consensus international sur la question (68 pays conservent la peine de mort).

Ban Ki-moon a toutefois exprimé son "ferme" attachement à l'article 3 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui proclame le droit à la vie, et a "appuyé pleinement" la haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Louise Arbour, qui a appelé, mercredi, les autorités irakiennes à ne pas exécuter les deux coaccusés de Saddam Hussein, Barzan Al-Tikriti et Awad Al-Bandar, condamnés au cours d'un procès dont elle a mis en doute l'équité.

Le rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Philip Alston, a pour sa part jugé, mercredi, que le caractère "humiliant" de l'exécution de Saddam Hussein, qui a été filmé et insulté par ses bourreaux, constituait une "flagrante violation des droits de l'homme" et du "droit à ne pas être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant".

Ban Ki-moon, qui cherche à convaincre le gouvernement soudanais d'accepter le déploiement de casques bleus au Darfour - une de ses priorités -, a également dû réagir, mercredi, à une enquête du quotidien britannique Daily Telegraph affirmant que des personnels servant sous le drapeau onusien abusaient sexuellement d'enfants au Soudan sud, où ils sont déployés.

L'ONU a promis une enquête "approfondie" pour déterminer si ces faits sont anciens, et font déjà l'objet d'une investigation, ou nouveaux. Le bureau d'enquête interne de l'ONU dispose d'une antenne au Soudan où il a, au cours de l'année écoulée, obtenu le renvoi de quatre casques bleus. Le nouveau secrétaire général de l'ONU a affirmé qu'il poursuivrait une politique de "tolérance zéro" dans ce domaine, comme son prédécesseur.

Selon un proche, le nouveau secrétaire général de l'ONU fait par ailleurs "l'objet de beaucoup de pressions" des grandes puissances, qui se livrent à un "jeu de chaises musicales" pour conserver les postes-clés de l'ONU. M. Ban a annoncé, mercredi, la nomination à la tête des affaires humanitaires de l'ambassadeur du Royaume-Uni en France, John Holmes, initialement pressenti pour la direction des affaires politiques.

Ce dernier poste pourrait, selon des sources diplomatiques, revenir aux Etats-Unis, qui ont perdu le département de la gestion, désormais dirigé par la Mexicaine Alicia Barcena, ancienne chef de cabinet de Kofi Annan. De son côté, la diplomatie française affirme que Jean-Marie Guéhenno devrait conserver la direction du département des opérations de maintien de la paix, mais attend la décision finale de Ban Ki-moon.

pdf: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-851949,0.html

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