Dialogue interactif avec la Haut-Commissaire - mention des droits de l'enfant dans les situations de conflits: Haiti, Sri Lanka, Darfour, Israel

Le Conseil des droits de l'homme a entamé ce matin les travaux de sa troisième session en entendant un message du Secrétaire Général et un rapport oral de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme sur ses activités récentes.

Ouvrant la troisième session, Mme Louise Arbour, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a donné lecture d'un message du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Kofi Annan. Soulignant la vigueur du Conseil, notamment du fait de la tenue de plusieurs sessions spéciales depuis sa création en juin dernier, le Secrétaire général a demandé au Conseil de ne pas concentrer toute son attention sur le conflit israélo-palestinien, au détriment d'autres situations, tout aussi graves, comme le Darfour. Il a également encouragé les membres du Conseil à œuvrer en vue de résultats concrets et à éviter de se diviser selon les clivages traditionnels. Les États qui sont véritablement motivés à améliorer la situation des droits de l'homme doivent être prêts à mettre en œuvre des actions, même lorsque celles-ci peuvent offenser d'autres États de leur région, a insisté M. Annan.

Mme Arbour a ensuite rendu compte de ses activités depuis le début du mois d'octobre, notamment s'agissant de sa visite en Israël et dans le territoire palestinien occupé. Elle a insisté sur la responsabilité de l'Autorité palestinienne d'employer tous les moyens d'application des lois afin d'assurer que cesse le lancement de roquettes. Elle a souligné qu'aussi longtemps que les roquettes continueront de frapper son territoire, Israël a le droit et même le devoir de défendre sa population et d'assurer la protection de ses citoyens et de tous ceux qui se trouvent soumis à sa juridiction, à son contrôle ou à son pouvoir; mais cela doit être fait en conformité avec les droits de l'homme et le droit humanitaire.

S'agissant du Darfour, les attaques contre les villages, les meurtres de civils, les viols, les déplacements forcés de dizaines de milliers de civils se poursuivent et ont désormais de nouveau atteint les niveaux horrifiants du début de l'année 2004, s'est alarmée Mme Arbour. Elle a notamment souligné que le Gouvernement soudanais doit fournir des réponses convaincantes concernant ses liens bien documentés avec la milice ainsi qu'en ce qui concerne l'éventuelle culpabilité pénale de ses agents dans l'aide qu'ils pourraient avoir apporté aux actes perpétrés par la milice au nom du Gouvernement.

Mme Arbour a également attiré l'attention sur la grave situation des droits de l'homme et des enfants en Haïti et la violence sans précédent qui frappe l'Iraq, ainsi que sur l'importance de traduire les engagements qui viennent d'être pris au Népal en actions concrètes et la nécessité pour la Commission d'enquête mise sur pied à Sri Lanka de parvenir effectivement à traduire en justice les responsables de violations graves des droits de l'homme.

Un dialogue interactif avec la Haut-Commissaire a suivi cette présentation. S'agissant du tableau préoccupant qu'elle a brossé de la situation au Darfour, des délégations ont regretté que la résolution adoptée hier par le Conseil soit insuffisante et se sont montrées favorables à ce que cette question fasse l'objet d'une session spéciale du Conseil. D'autres ont estimé que la situation au Darfour fait l'objet d'exagérations et souhaité que le Conseil se garde de toute décision hâtive, soulignant l'importance à cet égard des efforts régionaux.

La question de l'efficacité du Conseil a également été débattue, certaines délégations estimant toutefois qu'il est prématuré de prononcer un jugement sur le fonctionnement du jeune Conseil. En revanche, beaucoup se sont accordés sur l'importance de continuer d'œuvrer vers une plus grande compréhension entre ses membres et, partant, de renforcer l'efficacité du Conseil.

En début de séance, le Conseil a adopté l'ordre du jour provisoire et le programme de travail pour sa troisième session.

Les membres suivants du Conseil ont pris la parole: Algérie (au nom du Groupe africain), Finlande (au nom de l'Union européenne); Japon; Pakistan (au nom de l'Organisation de la conférence islamique); Allemagne; Inde; Indonésie; Suisse; République de Corée; Maroc; Mexique; Canada; Bahreïn (au nom du Groupe arabe); Sri Lanka; Chine; France; Bangladesh; Uruguay; Fédération de Russie; Royaume-Uni; Tunisie et Azerbaïdjan.

Le Conseil poursuivra le dialogue interactif avec la Haut-Commissaire cet après-midi dès 15 heures. Il entendra également le Ministre des affaires étrangères des Maldives, M. Ahmed Shaheed, et le Conseiller spécial du Secrétaire général sur la prévention du génocide, M. Juan E.Méndez.

Lors du dialogue qui a suivi, les délégations suivantes ont soulevé la question du droit des enfants:

M. BLAISE GODET (Suisse) ...  a regretté que la situation ne cesse de se détériorer à Sri Lanka. Il a indiqué qu'une Commission d'enquête nationale a été mise en place avec le soutien d'experts internationaux. Ces derniers observeront les travaux de la Commission, qui est chargée d'enquêter sur quinze cas. Le représentant a souligné qu'il s'agit là d'un pas en avant important dans la lutte contre l'impunité. Il a demandé à la Haut-Commissaire s'il serait envisageable qu'elle renforce sa présence dans ce pays. Enfin, citant les conclusions de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés et les rapports de certaines organisations non gouvernementales comme Human Rights Watch, qui font état du recrutement d'enfants soldats au sein des forces armées des LTTE et de la faction Karuna (cette dernière parfois avec la complicité des forces gouvernementales), le représentant suisse a demandé à la Haut Commissaire si elle avait des recommandations à formuler en la matière.

M. PAUL MEYER (Canada) a exprimé la préoccupation du Canada s'agissant de la situation prévalant à Sri Lanka et à l'enrôlement d'enfants soldats dans ce pays. S'agissant d'Haïti, il s'est associé aux inquiétudes exprimées par la Haut-Commissaire et a invité, avec elle, ce pays à réformer son système judiciaire...

M. ENRIQUE MANALO (Philippines), remerciant la Haut-Commissaire pour sa mise à jour, s'est dit particulièrement préoccupé par la situation des enfants en Haïti. S'agissant de l'examen périodique universel, il a rappelé le point de vue son pays, à savoir que cet outil devait favoriser l'application effective des droits de l'homme... 

Non membres

M. WARREN W. TICHENOR (États-Unis) ... a regretté que le Conseil n'ait pas réussi à répondre de manière efficace aux souffrances endurées par les populations du Darfour. Il a exhorté le Gouvernement soudanais à s'acquitter de sa responsabilité de protéger les civils contre les violations, y compris contre l'utilisation du viol comme arme contre les femmes ou le recrutement illégal d'enfants soldats. Il faut en finir avec ces années d'impunité, a-t-il insisté. Le représentant américain s'est montré en faveur de l'envoi d'une force de maintien de la paix qui veillerait, en collaboration avec l'Union africaine, à ramener l'espoir dans cette région du monde. Pour conclure, il a exhorté le Conseil à soutenir les efforts du Haut-Commissariat au Darfour et souligné qu'il prenait note de la demande du Secrétaire général de consacrer une session spéciale à cette question.

MME UNA ALFU DE REYES (Panama) a salué le message du Secrétaire général transmis par la Haut-Commissaire. Elle a approuvé la collaboration du Haut-Commissariat avec le Conseil, réclamant qu'une attention spéciale soit portée à la situation des femmes et des enfants. La représentante du Panama a joint sa voix à celle des pays ayant appelé à une action urgente sur le Darfour. S'agissant du fonctionnement du Conseil, elle a appelé à plus de contenu et de consistance et souhaité que le Conseil tienne compte de toutes les situations graves avec la même attention et le même sentiment d'urgence. 

ONG

MME RAMA ENAV (Organisation internationale des femmes sionistes) a montré à quel point les bombardements par missiles Qassam exerçaient une pression terrible sur les enfants d'Israël. La représentante a lancé un appel à l'Autorité palestinienne pour qu'elle accepte la paix et dit espérer que les enfants de Sderot et de Gaza puissent vivre dans la sécurité.

MME RAMNI MUTTETUWEGAMA (Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement, au nom également de Amnesty International) a attiré l'attention du Conseil sur la dégradation de la situation des droits de l'homme et du droit international humanitaire à Sri Lanka depuis le début du mois de septembre dernier, soulignant que plus de 300 civils ont été tués pour le seul mois d'octobre 2006. Des enfants ont été recrutés par les LTTE et par la faction Karuna, qui agit avec la complicité des troupes gouvernementales. Le Conseil doit insister pour que les parties reviennent à la table des négociations et appliquent l'accord de cessez-le-feu.

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