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Summary: Avec le retour à la normale dans le pays, les recherches du Comité international de la Croix Rouge (CICR) permettent à de nombreux enfants d'identifier leurs familles, mais beaucoup ne les rejoignent de peur de revivre une crise, et d'autres restent en attente.
[Abidjan, le 26 september 2012] -  Plus dâun an aprĂšs la crise postĂ©lectorale qui a secouĂ© la CĂŽte dâIvoire entre dĂ©cembre 2010 et avril 2011 aprĂšs la prĂ©sidentielle, une centaine dâenfants ayant fui les combats dans lâouest du pays, attendent toujours de retrouver leurs parents. AndrĂ© GouĂ©, 47 ans, a retrouvĂ© en fĂ©vrier 2012 ses enfants - Franck, six ans et Mathieu, huit ans â quâil avait vus, pour la derniĂšre fois, le soir du 31 mars 2011. CâĂ©tait le jour du dĂ©but de lâoffensive Ă Toulepleu (ouest du pays) des forces pro-Ouattara qui avaient chassĂ© du pouvoir lâancien prĂ©sident Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, aprĂšs son refus de reconnaĂźtre sa dĂ©faite Ă©lectorale. Depuis lors, ce planteur pensait que ses enfants avaient Ă©tĂ© tuĂ©s pendant leur fuite. Mais, il affirme Ă IPS quâil a oubliĂ© ses 10 mois de peine lorsquâil les a retrouvĂ©s. Ils avaient passĂ© tout ce temps dans un camp de rĂ©fugiĂ©s du LibĂ©ria. "Jâai toujours les larmes aux yeux lorsque je vois mes enfants. Parce que câĂ©tait inespĂ©rĂ© pour des enfants de survivre dans une situation oĂč des armes lourdes crĂ©pitaient dans tous les sens et en pleine nuit", raconte GouĂ©, rencontrĂ© par IPS le 22 septembre 2012 Ă Treichville, une commune au sud dâAbidjan, la capitale Ă©conomique ivoirienne. InstallĂ© dĂ©sormais Ă Abidjan, aprĂšs avoir fui Toulepleu et transitĂ© par un camp de rĂ©fugiĂ©s dans le comtĂ© du Grand Gedeh, au Liberia, GouĂ© loue Dieu au quotidien pour lui avoir remis ses enfants sains et saufs. Il dĂ©clare espĂ©rer que dâautres parents connaĂźtront la joie de retrouver leurs progĂ©nitures. Comme GouĂ©, lâoctogĂ©naire Albert Toualy, de la mĂȘme rĂ©gion, avait vĂ©cu une histoire similaire rapportĂ©e en dĂ©cembre 2011 par le ComitĂ© international de la Croix Rouge (CICR) qui est au centre des recherches visant Ă retrouver des centaines dâenfants sĂ©parĂ©s de leurs familles. Selon le CICR, lorsque des combattants armĂ©s sont arrivĂ©s Ă Dohouba (ouest du pays), village de CĂ©lestine Toualy, cette fille de 17 ans avait pris par la main son neveu Mohammed ĂągĂ© de sept ans, et les deux enfants avaient fui vers le LibĂ©ria voisin. Ils Ă©taient rĂ©fugiĂ©s lĂ -bas depuis mars 2011. CĂ©lestine et Mohammed sont arrivĂ©s au camp des rĂ©fugiĂ©s de Bahn (Liberia) pieds nus, Ă©puisĂ©s et perdus. Ils n'avaient aucune idĂ©e de ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă leurs parents. Ils Ă©taient trop effrayĂ©s pour rentrer chez eux, comme de nombreux autres enfants qui les avaient prĂ©cĂ©dĂ©s sur ce site dâaccueil. ConfiĂ©s Ă une autre rĂ©fugiĂ©e, mĂšre de cinq enfants, les deux nouveaux venus avaient fini par faire dâelle leur nouvelle maman. "Elle sâest bien occupĂ©e de nous", reconnaĂźt CĂ©lestine. Avec le retour Ă la normale dans le pays, les recherches du CICR ont permis aux deux enfants de retrouver leurs parents en janvier 2012. "C'Ă©tait une joie pour moi d'apprendre que mes enfants avaient Ă©tĂ© retrouvĂ©s. Je ne savais pas du tout oĂč ils Ă©taient allĂ©s", avait confiĂ© au CICR, Ă Dohouba, Toualy, pĂšre de CĂ©lestine et grand-pĂšre de Mohammed. Dans une dĂ©claration publiĂ©e le 20 septembre Ă Abidjan, dont IPS a reçu copie, le CICR rĂ©vĂšle avoir identifiĂ© en 2011, 837 enfants sĂ©parĂ©s de leurs parents et vivant principalement dans les camps de rĂ©fugiĂ©s au LibĂ©ria et en GuinĂ©e. La Croix-Rouge dit avoir rĂ©tabli le contact familial pour au moins 610 d'entre eux, dont la plupart nâont pas encore donnĂ© un avis favorable pour regagner leurs parents en CĂŽte dâIvoire, par peur de revivre une crise. Selon lâorganisation, seuls 129 enfants ont dĂ©jĂ regagnĂ© leurs familles, et ils sont encore une centaine Ă nâavoir aucun contact avec leurs parents. "Toutefois, le CICR continue de rechercher les parents de cette centaine dâenfants, dont huit - de quatre ans Ă 11 ans - si jeunes et vulnĂ©rables au moment de la sĂ©paration, qu'ils n'ont pas pu fournir les informations permettant de faire aboutir nos recherches", explique Monique Crettol, coordinatrice des activitĂ©s de protection du CICR Ă Abidjan. Layal Horanieh, porte-parole du CICR Ă Abidjan, explique Ă IPS lâune des raisons de la difficultĂ© Ă retrouver les parents de ces enfants. "Un des problĂšmes auxquels nous sommes confrontĂ©s, câest que ces enfants nâont gardĂ© en mĂ©moire aucun signe permettant dâidentifier leurs parents. Ils ne parlent que de papa et de maman. Or il est difficile dâidentifier une personne simplement par lâappellation familiale", souligne-t-elle. Face Ă cette situation, une campagne de recherche des proches de ces huit enfants, a Ă©tĂ© lancĂ©e Ă Abidjan, le 20 septembre. Des posters, avec les photos des enfants, seront affichĂ©s, notamment dans l'est du LibĂ©ria et dans lâouest de la CĂŽte d'Ivoire, ainsi que dans des lieux publics Ă Abidjan (centres de santĂ© et marchĂ©s), avec l'espoir que les enfants seront reconnus par un membre de leurs familles. Le ministĂšre de la Famille, de la Femme et de lâEnfant sâest engagĂ© Ă poursuivre son action de facilitation des opĂ©rations de rapatriement entre les camps de rĂ©fugiĂ©s au LibĂ©ria et les familles des enfants en CĂŽte dâIvoire. "Nous fondons beaucoup dâespoir dans cette opĂ©ration. En fonction du rythme Ă retrouver les parents, nous allons initier dâautres campagnes pour permettre aux autres enfants de renouer avec leurs parents", ajoute Horanieh, indiquant que lâopĂ©ration en cours durera trois mois.