CÔTE D'IVOIRE: L'ONU parle de crime contre à l'humanité à Abidjan

Summary: Selon le ministère de la défense d'Alassane Ouattara, il y a eu "de nombreux tués, dont des femmes, des enfants et l'imam de la grande mosquée", à Port-Bouët 2, une enclave pro-Ouattara de la commune de Yopougon, dans l'ouest de la ville.

(17 Mars 2011) - L'attaque à l'arme lourde causant 25 à 30 morts à Abidjan jeudi par "les forces armées du camp" du président sortant ivoirien, Laurent Gbagbo, pourrait constituer un "crime contre l'humanité", a déclaré Rupert Colville, porte-parole du Haut Commissariat, lors d'un point presse. Il a souligné qu'"il est difficile" de ne pas arriver à la "conclusion qu'il s'agit de crimes (...) possiblement d'un crime contre l'humanité". De 25 à 30 civils ont été tués jeudi, selon l'ONU, au cours de cette attaque. Ce massacre intervient alors que la communauté internationale s'inquiète de plus en plus des répercussions sur les civils d'une crise qui avant cette attaque avait fait, selon l'ONU, plus de 410 morts depuis mi-décembre et menace de plonger le pays dans la guerre civile.

Selon la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), "les forces armées du camp du président Laurent Gbagbo ont tiré au moins six projectiles sur le marché et ses environs, causant la mort de 25 à 30 personnes et faisant entre 40 et 60 blessés", a déclaré porte-parole de l'Onuci. "L'Onuci exprime son indignation devant de telles atrocités contre des civils innocents. Les auteurs de ces exactions (...) ne sauraient rester impunis", a-t-il ajouté. Avant cet incident, des fusillades et d'autres explosions avaient déjà retenti dans la matinée et durant la nuit dans plusieurs quartiers d'Abidjan, théâtre de violences post-électorales dont le bilan pour l'ensemble de la Côte d'Ivoire a été porté à 410 morts par les Nations unies.

Des témoins avaient fait état dans un premier temps de 12 tués à Abobo. Un obus a explosé sur le marché Siaka Koné, ont déclaré deux habitants. "Je me suis rendu sur le marché où la roquette a atterri. Il y avait douze cadavres et de nombreux blessés", a déclaré un habitant. D'après des témoins, l'obus a été tiré par des partisans du président sortant Laurent Gbagbo. Le camp présidentiel n'a pas fait de commentaire.

Le quartier d'Abobo, fief du président ivoirien reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, situé dans le nord d'Abidjan, a été la cible de tirs à l'arme lourde dans l'après-midi. "J'étais assise dans la cour, le premier tir a commencé, j'ai entendu 'boum', puis un deuxième 'boum'. Je suis sortie et j'ai vu les gens en train de courir, il y a avait des blessés. Ils disaient que les forces pro-Gbagbo attaquaient", a affirmé une habitante, jointe par téléphone. "Une cousine est tombée, elle est morte. Les gens quittent le quartier", a-t-elle ajouté.

Des tirs d'armes lourdes ont également été entendus pendant la nuit dans plusieurs quartiers de la capitale, notamment près de la télévision publique et dans un secteur favorable à Alassane Ouattara. Selon le ministère de la défense d'Alassane Ouattara, il y a eu "de nombreux tués, dont des femmes, des enfants et l'imam de la grande mosquée", à Port-Bouët 2, une enclave pro-Ouattara de la commune de Yopougon, dans l'ouest de la ville. "Plusieurs témoignages font état de commerces incendiés ou saccagés et de personnes enlevées au sein même de leurs domiciles", a confirmé la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).

A en croire l'organisation, "les risques sont importants de voir les affrontements s'étendre en très peu de temps à l'ensemble de la ville, avec des conséquences importantes sur la sécurité des civils". Médecins sans frontières (MSF) s'inquiète aussi des "graves répercussions" de ces affrontements sur la population. "A Abidjan, le quartier d'Abobo ne dispose que d'un hôpital fonctionnant normalement pour quelque deux millions d'habitants. La plupart du personnel de santé a déserté les deux autres hôpitaux de ce quartier en proie aux affrontements", selon l'organisation. "En l'espace de deux semaines, 129 patients, dont 81 souffrant de blessures par balle et à l'arme blanche, ont été reçus aux urgences, et 31 cas graves ont été opérés", a indiqué Mego Terzian, responsable des urgences à MSF.

pdf: http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/03/17/les-violences-post-elec...

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