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Summary: Les cantines scolaires dans les écoles primaires du Congo ont permis, entre 2007 et 2011, d’augmenter les taux de fréquentation au cours primaire, à tel point que les ruptures de vivres inquiètent aujourd’hui certains administrateurs. L’Etat annonce des subventions.
(Le 27 avril 2011) - Il est midi à l’école primaire Jean-Félix Tchicaya de Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Les élèves rangent leurs affaires, mais pas pour rentrer. Ils attendent que le repas du jour leur soit servi dans les salles de classe où les assiettes sont déjà posées sur leurs tables-bancs... "C’est le meilleur moment de la journée après le cours de calcul", affirme à IPS, Garry Makoundou, âgé de neuf ans. "J’aime quand c’est des légumes", ajoute Judicaëlle Malela, 11 ans. Selon la direction de l’école, le Programme alimentaire mondial (PAM) sert 756 repas par jour, du Cours préparatoire première année au Cours moyen deuxième année. Sur l’ensemble du pays, le PAM couvre 188 écoles avec 70.000 repas journaliers faits principalement de haricot, de riz, de thon en conserve et de la farine. Le Congo compte officiellement 1.851 écoles primaires. "Grâce à ces repas, le taux de rétention est maintenant de 92 pour cent et le taux d’abandon est seulement de quatre pour cent. La nourriture renforce les effectifs dans les écoles", se réjouit Alix Loriston, le représentant du PAM au Congo. "Certains enfants doivent marcher plus de 15 kilomètres chaque jour sans nourriture pour aller à l’école. L’assistance alimentaire permet aujourd’hui à tous ces enfants de rester à l’école et de suivre les cours l’après-midi", souligne Loriston à IPS. Les autorités congolaises envisagent de pérenniser et d’étendre le système. "Ces cantines ont eu un impact favorable dans nos écoles, car elles ont largement contribué à l’augmentation des taux de scolarisation", déclare Benoît Chrysostom Mienkouono, directeur de l’enseignement primaire. Selon Mienkouono, le taux de scolarisation en 2010 dans les écoles primaires était de 114 pour cent, et peut atteindre cette année 117 pour cent. Ce taux n’était encore que 92 pour cent en 2007. "En ville comme en campagne, la pauvreté y est. Les cantines scolaires sont nécessaires pour une fréquentation accrue et, par conséquent, pour accroître le taux de succès", indique-t-il. L’organisation non gouvernementale américaine, 'International Parternaship for Humanitary Development' (IPHD) installée dans la Lékoumou, dans le sud-ouest, sert actuellement (2010-2011) 10.025 repas dans 48 écoles des quatre districts de ce département. Selon la coordination de l’IPHD, 25.000 repas seront servis en 2011-2012, prenant en charge les centres préscolaires. En mars 2011, après la récolte de 1.300 tonnes de maïs à Mouindi dans le sud, Christian Bana, responsable de IPHD au Congo, avait déjà indiqué qu’une bonne partie de ce produit serait consacrée aux cantines scolaires. Cependant, l’espoir suscité par ces cantines s’est éteint dans certaines écoles comme Joseph Kéoua de Brazzaville, la capitale congolaise, où 890 pensionnaires ne sont plus nourris depuis novembre 2010, à cause d’une rupture de vivres. "Nous enregistrons beaucoup d’absences aux cours et il y a peu d’engouement pour les élèves", déclare à IPS, Thomas Richard Meza, directeur de la vague (groupe) A de cette école. "Nous craignons de faire de mauvais résultats à la fin de cette année. Les cantines étaient importantes ici", souligne Bienvenue Danielle Mankita, directrice de la vague (groupe) B. A l’école 'Amitié' de Brazzaville, les 1.200 enfants déçus par la disparition de la cantine à cause de la rupture de vivres, reviennent progressivement aux cours. "Ce fut un choc au début, mais avec la sensibilisation, le grand nombre revient et s’adapte. Tout ça, c’est la pauvreté", déclare Jean Lucien Manganga, un enseignant de l’école. Les cantines dans ces écoles avaient ouvert en 2010-2011 avec le reste des vivres de 2009-2010. Elles ont toutes fermé un mois après, faute de vivres. Et c’est le 18 avril 2011 que les vivres sont arrivés grâce à un don du Japon estimé à 11,2 millions de dollars. Ce don relancera les cantines scolaires, affirme à IPS, Kanji Kitazawa, ambassadeur du Japon au Congo. "Désormais, l’Etat va subventionner des cantines. Nous savons bien qu’un jour, nos partenaires partiront", reconnaît Mienkouono, annonçant que le Congo avait déjà apporté trois millions de dollars pour soutenir les cantines. Pour varier leurs repas, les cantines scolaires du département de la Lékoumou entretiennent des jardins scolaires où les élèves cultivent des légumes: la tomate, la carotte et l’aubergine. "La contribution des parents, en dehors de la construction du hangar, porte sur l’eau, le bois et les condiments", indique Loriston. "Ce n’est pas trop nous demander par rapport à ce que les enfants mangent à l’école. Nous épargnons le repas de midi et l’enfant ne mange que le soir à la maison", témoigne Philomène Mbani, une parente d’élève. "On ne se lasse pas de chercher du bois et de puiser l’eau pour que ces cantines continuent", ajoute une autre parente. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement, 42,3 pour cent des 3,8 millions de Congolais vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2010. Et près de 22 pour cent d’entre eux ne vont pas à l'école et sont analphabètes.
pdf: http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=6495