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Summary: Depuis la division de la Côte d'Ivoire en 2002 à cause de la crise socio politique, les campagnes de sensibilisation contre le VIH SIDA n'existe presque plus dans la moitié nord du pays. L'ONG ESPOIR POUR ENFANTS organise uen campagne de sensibilisation dans six villes du nord. Des partenariats nous serons très profitables.
Jusqu’à une date récente, il était généralement admis que l’Afrique occidentale restait épargnée par le fléau que constitue le SIDA sur le plan tant social qu’économique ou sanitaire. Désormais, rien ne peut justifier cette vision optimiste. Aujourd’hui, les autorités politiques et sanitaires de l’Afrique occidentale sont de plus en plus conscientes que le SIDA est un problème de santé publique qui menace gravement les populations de leur pays. Dans certaines régions, l’ampleur du SIDA a atteint celle d’une épidémie. En Afrique occidentale, comme dans d’autres parties du monde, les organisations non gouvernementales (ONG) jouent un rôle décisif. Les bénévoles de l’ONG ESPOIR POUR ENFANTS combattent le SIDA sur plusieurs fronts : l’éducation et la prévention, le conseil et les soins médicaux et envisage des soins à domicile et l’aide économique apportée aux sidéens et à leurs familles. "Nous faisons face au SIDA avec grand intérêt’’ explique BATA Traoré, spécialiste en SIDA au CHU de Yopougon. Cette approche se concrétise dans le travail de l’ONG ESPOIR POUR ENFANTS, une organisation non gouvernementale active en Côte d’Ivoire. Les membres de cette organisation ont en effet découvert qu’il est possible de créer un programme de soins et de soutien destiné aux sidéens avec peu de moyens supplémentaires et, par ailleurs, de mettre sur pied des activités d’éducation et de prévention au sein des communautés. La Côte d'Ivoire est un des pays les plus riches d'Afrique, mais l'instabilité et les conflits internes ont entraîné des déplacements de population et ont entravé l'accès à des services sociaux essentiels. Les écoles primaires ont cessé de fonctionner dans les régions du nord et de l'ouest touchées par les conflits, ce qui a empêché des centaines de milliers d'élèves des écoles primaires d'aller régulièrement à l'école. Le secteur de la santé a également souffert, de nombreux centres de santé ayant été contraints de réduire leurs services après le départ d'une bonne partie de leur personnel de santé et la diminution des stocks de fournitures médicales essentielles. Awa et son fils, tous les deux séropositifs, ne peuvent pas obtenir de traitement dans le nord, où ils vivent, depuis la guerre civile qui a éclaté il y a plus de deux ans. Le taux d'infection au VIH/SIDA a chuté, mais la lutte continue. ABIDJAN, 12 juin (IPS) - Le taux de séroprévalence en Côte d'Ivoire, qui était de sept pour cent, est passé à 4,7 pour cent, a révélé, samedi, le quotidien 'Notre Voie', citant les résultats d'une enquête transmise mercredi dernier au ministère ivoirien de la Lutte contre le VIH/SIDA. Ce travail, le premier du genre dans ce pays d'Afrique de l'ouest, a duré une année et a été réalisé dans les 10 anciennes régions administratives de la Côte d'Ivoire, plus le district d'Abidjan, la capitale économique, par l'Institut national de la statistique, avec l'appui de Macro International, une organisation basée à Washington, et le projet américain Retrovirus Côte d'Ivoire (RETROCI). Selon RETROCI, l'un des enquêteurs, le rapport indique que 6,4 pour cent des femmes de 15 à 49 ans sont infectés par le VIH, contre 2,9 pour cent d'hommes de la même tranche d'âge au plan national, soit 9,3 pour cent dans cette couche des jeunes. En 2003, les taux d'infection étaient de 6,6 pour cent chez les femmes, et de 3,2 pour cent chez les hommes, soit 9,8 pour cent pour cette tranche de la population, selon le Programme national de lutte contre le SIDA. Quelque 5.060 foyers - soit 12.000 personnes - ont été touchées par l'enquête. ''Une baisse de 0,5 pour cent est enregistrée à ce niveau. Mais la grande chute est à mettre à l'actif des femmes et des hommes qui ont un niveau scolaire secondaire et plus. Le taux y est passé de sept à 3,6 pour cent'', indique le rapport. ''Cependant, la situation reste stagnante chez les femmes et les hommes de niveau scolaire primaire, avec un taux respectif de 8,2 pour cent et 1,6 pour cent''. Interrogée par IPS, la ministre de la Lutte contre le VIH/SIDA, Christine Adjobi, qui présentera prochainement, au grand public, les résultats de cette enquête, estime que c'est la ''forte sensibilisation'' qui a permis d'aboutir à ce résultat. ''Nous avons mené des activités intenses pendant près de cinq ans pour une campagne du port du préservatif ou de l'abstinence. Il fallait de la patience pour y arriver''. ''Bientôt, nous aurons un atelier de validation du plan stratégique sur la lutte contre le SIDA, qui nous permettra, à partir de ce travail, de voir les régions dans lesquelles il faudra intensifier la sensibilisation et les autres offres sanitaires'', a-t-elle ajouté. Le rapport précise que la répartition de la séroprévalence a montré que certaines régions du sud du pays dont Abidjan étaient plus infectées avec 6,1 pour cent que celles du nord (Korhogo, avec environ trois pour cent). Pour les spécialistes de la santé, les mouvements de population du nord vers le sud, pendant la crise politico-militaire que traverse le pays depuis bientôt quatre ans, expliquent en partie cette situation. Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d'Ivoire est divisée en deux par une crise politico-militaire. La moitié nord du pays est occupée par des rebelles qui soutenaient avoir pris les armes pour lutter contre l'exclusion présumée des populations de cette région sous leur contrôle. ''Que les chiffres aient chuté, est une bonne chose. Cela signifie que le travail effectué n'est pas vain. Il porte ses fruits petit à petit. Mais en même temps, ils nous interpellent sur la nécessité de poursuivre les actions'', a expliqué à IPS, Lilian Mboa, président de l'organisation non gouvernementale (ONG) 'Lumière et Action', basée à Abidjan. Son objectif est l'amélioration des conditions de vie des personnes infectées par le VIH. ''C'est certain qu'en cas de relâchement, les risques de la reprise du fléau sont énormes et les dégâts inestimables''. Pour sa part, Hervé Villard, porte-parole du Réseau ivoirien des personnes vivant avec le VIH/SIDA (RIP+), une ONG basée à Abidjan, reste prudent. ''C'est déjà un repère. Mais il y a des chiffres officiels et il y a la réalité du terrain'', dit-il à IPS. ''On dira que nous sommes trop alarmistes, mais la chute des chiffres ne résout pas les problèmes auxquels nous sommes confrontés pour le traitement de ceux qui sont malades. Il y a des moments où nous avons des pénuries d'anti-rétroviraux (ARV). Il faut parler de cela''. Selon le RIP+, 16.714 malades bénéficient d'un traitement ARV en Côte d'Ivoire, sur 100.000 qui en ont besoin; il leur coûte environ deux dollars par mois, le financement étant assuré par l'Etat ivoirien. Et 60.000 femmes bénéficient du Programme de transmission mère-enfant. Quelque 1,120 million de personnes seraient infectées dans le pays. ''En matière de SIDA, il ne faut pas célébrer les chiffres. Il faut aussi penser à ces villes où la maladie circule librement'', ajoute Villard, dont l'ONG avait lancé, en 2005, une pétition dénommée ''Médicament du SIDA pour tous en Côte d'Ivoire''. Depuis près d'une décennie, la Côte d'Ivoire est considérée par plusieurs organisations comme le pays le plus infecté par le VIH/SIDA en Afrique de l'ouest. Le Programme conjoint des Nations Unies sur le SIDA (ONUSIDA) estimait à sept pour cent le taux d'infection en Côte d'Ivoire, en 1993, tandis que d'autres organisations internationales le mettaient à 10 ou 12 pour cent. Toutefois, aucun chiffre officiel n'est disponible, à ce jour, dans la partie nord du pays où la situation de guerre a désorganisé le système sanitaire. Environ 80 pour cent des infrastructures médicales ne sont plus opérationnelles et plus de 80 pour cent du personnel ont abandonné leurs postes, selon le bureau de l'Organisation mondiale de la santé, à Abidjan. Seules quelques données partielles sont connues grâce aux services sanitaires de l'ONU qui travaillent encore dans le nord. ''Il y a, dans le nord du pays, un fort pourcentage se séropositifs. Le manque de moyens des populations ne leur permet pas de se déplacer pour se rendre dans les centres hospitaliers adaptés pour les tests. Et le fléau y est réel'', a indiqué à IPS, Mamoudou Diallo, représentant de l'ONUSIDA en Côte d'Ivoire. Selon lui, les campagnes de prévention dans les zones rebelles n'existent plus et cette situation a favorisé l'expansion de la maladie. ''Il faut tenter de réactiver tous les services sanitaires qui existaient par le passé afin de pouvoir évaluer l'existence du mal'', a souligné Diallo. ''Pour l'enquête, nous l'attendions depuis 15 ans et maintenant, il faut que nous soyons officiellement informés''. Dans cette partie septentrionale du pays, ce sont les enfants de zéro à huit ans qui semblent être les plus infectés par leurs mères séropositives, selon l'enquête.
''Après l'analyse des données fournies par la nouvelle enquête, nous espérons que la lutte sera accentuée vers nos zones. Il y a des régions comme Abengourou (est du pays) qui était la première à être infectée et où la situation s'est améliorée ces derniers années'', plaide l'ONG 'Santé VIH/SIDA Korhogo'. Selon l'ONG, il faudra désormais concentrer la campagne de sensibilisation et de prévention sur le nord. ''Depuis 15 ans, c'est la première enquête que nous effectuons, avec les marges d'erreurs que cela pourrait comporter'', a indiqué la ministre de la Lutte contre le SIDA. ''Toutefois, dans la suite de la politique de lutte, nous assurons les uns et les autres que toutes les données ont été prises en compte du nord au sud et de l'est à l'ouest du territoire ivoirien pour une lutte plus efficace'', a ajouté Adjobi. Selon l’ONUSIDA, près d’un million de personnes vivent avec le VIH/SIDA en Côte d’Ivoire. La prévalence moyenne de l’infection y était estimée en 1998 à 10,57% dans la population générale; ce qui en fait le pays le plus infecté en Afrique de l’ouest.