BURUNDI: Beaucoup d’anciens enfants soldats « traĂźnent dans la misĂšre »

Summary: Parmi les 3 421 anciens enfants soldats concernĂ©s par le processus de dĂ©mobilisation, dĂ©sarmement et rĂ©insertion (DDR), les plus chanceux sont retournĂ©s Ă  l’école, mais la plupart traĂźnent dans la misĂšre, dĂ©sƓuvrĂ©s, ont dit Ă  IRIN certains responsables.

(Le 6 avril 2011) - « Tous les jours nous en recevons qui nous disent que leur vie est minĂ©e par la pauvretĂ©, ce qui les empĂȘche de progresser » a dit Serge Mpawenayo, qui supervise d’anciens enfants soldats rĂ©insĂ©rĂ©s dans la commune de Matongo, dans la province de Kayanza.

Cyprien Ndayishimiye, responsable d’anciens enfants soldats dans la province de Bubanza, a indiquĂ© que ceux qui vivaient dans les provinces de Bubanza et de Cibitoke, au Burundi occidental, se trouvaient face aux mĂȘmes difficultĂ©s.

Selon M. Ndayishimiye, la situation de beaucoup de ces anciens enfants soldats est « dangereuse », car mĂȘme ceux qui ont reçu une formation professionnelle durant la rĂ©insertion n’ont pas encore trouvĂ© d’emploi rĂ©munĂ©rateur ou d’activitĂ© gĂ©nĂ©ratrice de revenus.

Beaucoup ont mĂȘme vendu le matĂ©riel qu’ils avaient reçu dans le cadre du programme DDR, par exemple une machine Ă  coudre pour ceux qui avaient appris la couture, ou un rabot pour ceux qui avaient espĂ©rĂ© que la menuiserie pourrait les aider, a dit M. Ndayishimiye.

Financements

Le programme DDR au Burundi a commencĂ© en 2005, deux ans aprĂšs la fin de la guerre civile, marquĂ©e par la mise en place d’un gouvernement provisoire.

Initialement, la Banque mondiale finançait le Programme de DĂ©mobilisation et de RĂ©insertion Transitoire, mais ce financement a pris fin en juillet 2010. C’est le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qui, par l’intermĂ©diaire d’ONG locales, soutient dĂ©sormais le programme.

Selon Bakary Sogoba, responsable de la protection de l’enfance pour l’UNICEF au Burundi, le rĂŽle de l’agence dans le processus de dĂ©mobilisation concernait le plaidoyer avec les groupes armĂ©s, l’identification des enfants et de leur famille, le soutien pour la pĂ©riode de transition, la recherche des familles, la rĂ©unification des enfants et de leur famille, le soutien du processus de coordination en gĂ©nĂ©ral et le suivi de la pĂ©riode de l’aprĂšs rĂ©unification.

« Dans le contexte de dĂ©mobilisation des enfants associĂ©s aux groupes [rebelles] et aux forces armĂ©es depuis le dĂ©marrage [du programme], l’UNICEF a reçu le soutien de la coopĂ©ration française et de la Belgique, qui ont contribuĂ© un total d’au moins 591 000 dollars, » a dit M. Sogoba.

Désiré Ndagijimana, porte-parole pour le programme DDR, a dit à IRIN que quelque 3 041 anciens enfants soldats avaient suivi le programme DDR entre 2005 et 2008, et 380 entre 2009 et 2010.

M. Ndagijimana a dit que ceux qui avaient repris leurs Ă©tudes aprĂšs avoir retrouvĂ© leur famille s’en Ă©taient mieux sortis.

« Ceux qui sont Ă  l’école ont moins de problĂšmes parce qu’ils rĂ©ussissent bien Ă  l’école, » a dit Ă  IRIN M. Ndagijimana, en ajoutant que cela concernait 102 enfants qui sont retournĂ©s au collĂšge, 23 Ă  l’école primaire et le reste au lycĂ©e.

Certains s’en tirent bien

M. Ndagijimana a indiqué que certains de ceux qui avaient repris leurs études sont maintenant à l'université.

Ceux qui avaient été blessés quand ils faisaient office de soldats continuent à recevoir une assistance médicale du programme DDR, a t-il dit.

Parmi les anciens enfants soldats qui ont suivi le DDR, 380 avaient servi dans les Forces nationales de libération (FNL), le dernier des groupes rebelles à rejoindre le gouvernement.

« Au moment de la sĂ©paration, nous les avons sĂ©parĂ©s des adultes dans un centre de transit. Puis nous avons essayĂ© de dĂ©finir avec eux quelle formation professionnelle pourrait les aider, de façon Ă  ne pas les envoyer affronter des conditions oĂč ils pourraient ĂȘtre tentĂ©s de recourir au vol, » a t-il dit. « Dans la derniĂšre phase, nous leur avons donnĂ© de l'argent et du matĂ©riel qui, selon eux, pourrait les aider ; ceci a Ă©tĂ© fait une fois les enfants rĂ©unis avec leur famille. »

Si M. Ndagijimana a minimisé les problÚmes auxquels sont confrontés les anciens enfants soldats quand ils reprennent leurs études, un groupe de Bubanza a dit avoir des difficultés parce qu'ils n'avaient pas de quoi payer les frais de scolarité. Ils ont dit qu'ils pouvaient se faire renvoyer s'ils n'étaient pas en mesure de payer ces frais.

M. Sogoba de l'UNICEF a dit à IRIN que les anciens enfants-soldats qui choisissaient de retourner à l'école aprÚs leur démobilisation continuaient de recevoir le soutien de l'UNICEF.

« Outre sa responsabilité vis-à-vis des enfants associés aux groupes armés et qui ont été systématiquement démobilisés, l'UNICEF s'occupe d'autres enfants, connus sous le nom d'enfants « auto-démobilisés », c'est-à-dire ceux qui ont décidé de rentrer chez eux sans passer par les structures de démobilisation reconnues, » a dit M. Sogoba.

Radhika Coomaraswamy, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, s'est rendue au Burundi en 2007 et a félicité le pays pour ses efforts de démobilisation des anciens enfants-soldats.


Plus d'information:

pdf: http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?reportid=92392

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