BURKINA FASO : Des militaires français soupçonnés de pédophilie

[Le 30 juin 2015] - Le parquet de Paris a confirmĂ© au Monde l’ouverture, mardi 30 juin dans la soirĂ©e, d’une enquĂȘte prĂ©liminaire sur des soupçons d’agressions sexuelles sur mineur par des soldats français en mission au Burkina Faso.

L'enquĂȘte a Ă©tĂ© confiĂ©e au commandement de la gendarmerie prĂ©vĂŽtale, chargĂ©e du rĂŽle de police judiciaire militaire auprĂšs des forces armĂ©es françaises hors du territoire français. Le ministĂšre de la dĂ©fense a annoncĂ© mardi soir avoir suspendu deux soldats français soupçonnĂ©s de s’ĂȘtre livrĂ©s la veille Ă  des « actes Ă  connotation sexuelle » sur deux enfants dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

« InformĂ© de ces soupçons, le ministre de la dĂ©fense a immĂ©diatement signalĂ© les faits allĂ©guĂ©s aux autoritĂ©s judiciaires françaises compĂ©tentes (
). Il a Ă©galement suspendu les deux soldats », prĂ©cise le ministĂšre dans une dĂ©claration Ă©crite transmise Ă  l’AFP.

DeuxiĂšme affaire aprĂšs la Centrafrique

Environ 220 soldats français sont stationnĂ©s au Burkina Faso dans le cadre de l’opĂ©ration de lutte antiterroriste Barkhane qui couvre cinq pays du Sahel, du Mali au Tchad. La dĂ©cision de rendre l’affaire publique de mĂȘme que la suspension quasi immĂ©diate des deux soldats, pour l’heure seulement suspects, sont aux antipodes du traitement rĂ©servĂ© au premier scandale de viol sur mineurs, qui a Ă©cornĂ© l’image de l’armĂ©e française, aprĂšs les accusations portĂ©es contre des militaires de la force Sangaris en Centrafrique.

Selon une source judiciaire, 14 militaires français ont Ă©tĂ© mis en cause dans cette derniĂšre affaire, dont trois sont identifiĂ©s, par les tĂ©moignages de six enfants ĂągĂ©s de 9 Ă  13 ans dĂ©nonçant des faits commis au dĂ©but de l’opĂ©ration Sangaris entre fin 2013 et fin mai-dĂ©but juin 2014. Des juges d’instruction enquĂȘtent depuis mai 2015 sur ces accusations.

Cinq scandales qui ont Ă©claboussĂ© les casques bleus de l’ONU

Des soldats français en Centrafrique sont accusĂ©s d’abus sexuels sur des mineurs, selon un rapport dĂ©voilĂ© mercredi 29 avril par le quotien britannique « The Guardian ». Depuis 2004, plusieurs soldats faisant partie des forces de maintien de la paix ont Ă©tĂ© mis en cause ou accusĂ©s pour des faits similaires au Mali, en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo ou encore Ă  HaĂŻti.

Mali, Septembre 2013, Minusma

Une femme affirme avoir Ă©tĂ© violĂ©e par des soldats faisant partie du contingent tchadien de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). Quatre d’entre eux sont placĂ©s en garde Ă  vue. La victime les ayant formellement reconnus parmi d’autres agresseurs. La Minusma avait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en juillet 2013 dans le but de stabiliser le pays dans le cadre de la guerre contre les groupes armĂ©s djihadistes dĂ©butĂ©e un an plus tĂŽt, et de protĂ©ger les populations civiles.

HaĂŻti, 2011, Minustah

Plusieurs Casques bleus de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en HaĂŻti (Minustah) sont filmĂ©s en train de violer un jeune homme de 18 ans. Les images sont prises Ă  l’aide d’un tĂ©lĂ©phone portable et la vidĂ©o est diffusĂ©e sur Internet. Quatre casques bleus uruguayiens sont identifiĂ©s comme ayant pris part Ă  ce viol collectif. Le chef du contingent uruguayen de la Minustah est aussitĂŽt dĂ©mis de ses fonctions. La Minustah avait Ă©tĂ© mise en place aprĂšs l’insurrection de 2004 qui avait chassĂ© Jean-Bertrand Aristide du pouvoir et plongĂ© le pays dans une longue instabilitĂ©. L’opĂ©ration, prolongĂ©e aprĂšs le sĂ©isme qui a frappĂ© HaĂŻti le 12 janvier 2010, devait Ă©galement veiller au bon dĂ©roulement des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2010-2011 qui visaient Ă  rĂ©tablir l’ordre constitutionnel dans ce pays.

Cîte d’Ivoire, 2010, ONUCI

Une ONG britannique effectue un sondage auprĂšs d’une dizaine de jeunes filles dans l'ouest de la CĂŽte d’Ivoire, alors occupĂ©e par des groupes rebelles qui divisent le pays en deux depuis 2002. Huit de ces jeunes filles reconnaissent avoir eu des rapports sexuels, en Ă©change de nourriture, avec des soldats bĂ©ninois de la force militaire des Nations unies (ONUCI), mise en place en 2003. Ce n’était pas la premiĂšre fois que la mission onusienne en CĂŽte d’Ivoire, constituĂ©e de prĂšs de 8 000 hommes representant une cinquantaine de pays, recensait ce genre de scandale. DĂ©jĂ  en 2009, des soldats marocains Ă©taient reconnus coupables de viols, de pĂ©dophilie et autres abus sexuels avant d’ĂȘtre renvoyĂ©s dans leur pays.

République démocratique du Congo, 2009, MONUC

La Mission de maintien de la paix des Nations unies en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (MONUC, mise en place en 2009 et transformĂ©e en Monusco en juillet 2010) recense 10 cas d’abus sexuels de viols et de pĂ©dophilie. Quatre soldats marocains, reconnus par leurs victimes, sont incarcĂ©rĂ©s. Entre dĂ©cembre 2004 et aoĂ»t 2006, des soldats de cette mĂȘme mission ont Ă©tĂ© mis en cause dans 140 cas portant sur des abus sexuels.

Burundi, décembre 2004, ONUB

Deux soldats de la Mission des Nations unies au Burundi sont suspendus en dĂ©cembre 2004 Ă  la suite Ă  des allĂ©gations de « mauvaise conduite sexuelle ». Quatre soldats Ă©thiopiens sont arrĂȘtĂ©s pour les mĂȘmes faits. L’ONUB s’était installĂ©e au Burundi sept mois plus tĂŽt, en mai, afin d’Ɠuvrer Ă  l’établissement d’une paix durable : le pays peinait Ă  se remettre d’une dĂ©cennie de guerre civile.

D’autres abus sexuels sur des mineurs impliquant des soldats de maintien de la paix de l’ONU ont Ă©tĂ© Ă©galement Ă©tĂ© recensĂ©s au Liberia, au Soudan, au Liban, au Kosovo et en Bosnie. Mais les Casques bleus ne sont pas les seuls Ă  ĂȘtre rĂ©guliĂšrement accusĂ©s d’abus sexuels. Dans un rapport publiĂ© en 2014, l'ONG Human Rights Watch accusait des soldats de la Mission de l'Union africaine dĂ©ployĂ©e en Somalie d'avoir abusĂ© et exploitĂ© sexuellement au moins 21 femmes et jeunes filles.


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