BrĂ©sil: Des femmes et des enfants continuent d’ĂȘtre tuĂ©s Ă  Rio de Janeiro

ÂgĂ©e de soixante-quatre ans, Alice da Silva a Ă©tĂ© abattue par balle cette semaine alors qu’elle s’était accroupie contre le mur de sa maison dans une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e pour protĂ©ger ses deux petits-enfants. Elle s’était mise Ă  l’abri pour Ă©chapper Ă  un Ă©change de tirs qui aurait eu lieu entre des trafiquants de stupĂ©fiants et la police lorsqu’une balle a traversĂ© le mur et l’a touchĂ©e en pleine poitrine.

Alice da Silva Ă©tait la derniĂšre victime en date d’une opĂ©ration policiĂšre de deux semaines visant Ă  capturer des trafiquants de drogue dans le Complexo do AlemĂŁo, ensemble de 21 quartiers de Rio de Janeiro qui abrite environ 200 000 personnes. Des habitants se sont plaints d’avoir Ă©tĂ© victimes pendant l’opĂ©ration de menaces, de manƓuvres d’intimidation, de coups et de dommages matĂ©riels. Il y a eu des incursions dangereuses de vĂ©hicules blindĂ©s connus sous le nom de « caveirĂ”es » (gros crĂąnes). La police aurait coupĂ© l’approvisionnement en eau et en Ă©lectricitĂ© dans certaines zones, en tirant semble-t-il sur les gĂ©nĂ©rateurs Ă©lectriques. Les couvre-feux imposĂ©s par la police ont empĂȘchĂ© des rĂ©sidents d’aller travailler et des enfants d’aller Ă  l’école. Des habitants se sont plaints d’avoir Ă©tĂ© « traitĂ©s comme des bĂȘtes » par la police et ont peur de sortir de chez eux.

L’opĂ©ration policiĂšre menĂ©e dans le Complexo do AlemĂŁo constitue un recours excessif Ă  la force et tĂ©moigne d’un mĂ©pris envers les habitants au service desquels la police est censĂ©e ĂȘtre. Les autoritĂ©s doivent enquĂȘter de maniĂšre exhaustive sur tous les actes de violence, manƓuvres d’intimidation et dommages matĂ©riels qui ont eu lieu pendant l’occupation du Complexo do AlemĂŁo, et dĂ©fĂ©rer Ă  la justice les personnes soupçonnĂ©es d’ĂȘtre responsables de ces agissements.

Cette opĂ©ration s’inscrit dans le cadre d’une politique policiĂšre violente et discriminatoire contre les secteurs de la population les plus pauvres de Rio, dĂ©noncĂ©e depuis longtemps par Amnesty International. Depuis le mois de septembre, quatre enfants ont Ă©tĂ© tuĂ©s par des balles perdues lors d’opĂ©rations policiĂšres, et une voiture de police a rĂ©cemment roulĂ© sur un enfant de sept ans Ă  Vigario Geral.

Il est temps de mettre fin Ă  cette politique de sĂ©curitĂ© publique qui met en danger la vie des habitants des quartiers les plus pauvres de Rio et ne permet pas de lutter efficacement contre l’accroissement de la criminalitĂ© liĂ©e aux stupĂ©fiants. Ce n’est que par le biais de mesures Ă  long terme qui fassent participer activement les habitants de ces quartiers en mettant Ă  leur disposition une protection policiĂšre quotidienne ainsi que les services publics de base, que les autoritĂ©s parviendront Ă  renverser le cours des choses Ă  Rio de Janeiro. Alors qu’approche le second tour de l’élection des gouverneurs et du prĂ©sident, les candidats doivent combler le vide politique qui rĂšgne depuis longtemps dans ce domaine.

Informations supplémentaires

pdf: http://www.amnestyinternational.be/doc/article.php3?id_article=9243

Pays: 
ProblĂšmes: 
Violence : 

Please note that these reports are hosted by CRIN as a resource for Child Rights campaigners, researchers and other interested parties. Unless otherwise stated, they are not the work of CRIN and their inclusion in our database does not necessarily signify endorsement or agreement with their content by CRIN.