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Summary: LâĂ©ducation est souvent citĂ©e comme la clĂ© pour lâĂ©limination du travail des enfants. Mais lâĂ©ducation ne suffit pas. Reportage de BIT en ligne depuis la Bolivie qui montre quâen associant le travail dĂ©cent pour les adultes Ă lâĂ©ducation des enfants, en leur ajoutant une bonne dose de volontĂ© politique, lâĂ©quation peut ĂȘtre rĂ©solue.
Quand Juanita Avillo Ari, ĂągĂ©e de 11 ans, est arrivĂ©e avec ses six frĂšres et sĆurs au pied dâune mine Ă Potosi, dans le sud bolivien il y a sept ans, elle et sa famille Ă©taient dans une misĂšre noire. Juanita et sa famille vivaient en zone rurale mais leur petite parcelle de terre agricole, Ă©puisĂ©e, nâĂ©tait plus en mesure de les nourrir, encore moins de leur procurer un revenu. Comme des centaines dâautres familles, ils ont donc fini dans une mine de la montagne Cerro Rico, oĂč le pĂšre a Ă©tĂ© embauchĂ© comme mineur et la mĂšre comme garde. Leurs lourds horaires de travail signifiaient que Juanita et ses frĂšres et sĆurs Ă©taient souvent livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes, dans une misĂ©rable hutte du camp. Quand les grands frĂšres sont partis fonder leur propre famille, la vie de Juanita et des deux autres enfants est devenue plus solitaire et encore plus prĂ©caire. Ils auraient connu le mĂȘme destin que beaucoup dâautres enfants dans les camps miniers qui sont exposĂ©s Ă des travaux dangereux, circulant dans des tunnels Ă©troits, si leurs parents nâavaient Ă©tĂ© approchĂ©s par le CEPROMIN (Centre de promotion miniĂšre), une organisation non gouvernementale. Le CEPROMIN gĂšre un projet qui vise Ă amĂ©liorer les conditions de vie des enfants et des familles de mineurs qui vivent dans les camps de Potosi. Juanita et ses frĂšres figurent parmi les quelque 450 enfants maintenant enrĂŽlĂ©s dans ce projet qui veille Ă ce quâils soient correctement nourris et pris en charge et, plus important, quâils reçoivent une Ă©ducation de qualitĂ©. En outre, le projet rĂ©pond aux besoins des adultes, en amĂ©liorant leur environnement socio-Ă©conomique. Cette approche combinĂ©e peut vraiment faire la diffĂ©rence. «Les donnĂ©es du problĂšme sont assez simples», dĂ©clare Constance Thomas, Directrice du Programme international du BIT pour lâabolition du travail des enfants (IPEC). «Nous ne rĂ©ussirons pas Ă Ă©liminer le travail des enfants sans une Ă©ducation universelle. Inversement, nous ne pourrons pas garantir Ă chaque enfant dâĂȘtre scolarisĂ© si nous ne mettons pas un terme au travail des enfants, en particulier Ă ses pires formes. Dans le mĂȘme temps, nous devons assurer aux parents lâaccĂšs au travail dĂ©cent, afin quâils ne dĂ©pendent pas du travail de leurs enfants». Juanita nâavait jamais Ă©tĂ© scolarisĂ©e mais, depuis quâelle a rejoint le projet, elle sâest rĂ©vĂ©lĂ©e lâune des plus brillantes Ă©lĂšves de sa classe. Elle rĂȘve de poursuivre ses Ă©tudes, dâune vie meilleure. Cependant, Juanita fait partie des enfants qui ont de la chance. Le troisiĂšme et dernier Rapport global du BIT sur le travail des enfants indique que le travail des enfants nâa diminuĂ© que de 3 pour cent entre 2004 et 2008, alors quâau cours de la pĂ©riode quadriennale prĂ©cĂ©dente, le recul avait atteint 10 pour cent. Le Rapport avertit que si les efforts mondiaux ne sont pas considĂ©rablement intensifiĂ©s le but dâĂ©liminer les pires formes de travail des enfants dâici Ă 2016 sera manquĂ©. Le Rapport sâinquiĂšte aussi du fait que si la tendance actuelle se poursuit lâobjectif de rĂ©aliser lâĂ©ducation primaire universelle dâici Ă 2015, ou tout autre des sept Objectifs du MillĂ©naire pour le DĂ©veloppement (OMD) de ce domaine, sera Ă©galement sacrifiĂ©. «Les efforts dĂ©ployĂ©s pour Ă©liminer le travail des enfants montrent dâinquiĂ©tants signes dâessoufflement. Il y a quatre ans, les tendances encourageantes du deuxiĂšme Rapport global sur le travail des enfants nous avaient incitĂ©s Ă croire que lâĂ©limination des pires formes de travail des enfants dâici Ă 2016 Ă©tait possible. Nous voyons maintenant cet objectif sâĂ©loigner toujours davantage», ajoute Mme Thomas. Pour redynamiser le mouvement mondial contre le travail des enfants, les dĂ©lĂ©guĂ©s de 80 pays qui participaient Ă la ConfĂ©rence rĂ©cente de La Haye ont approuvĂ© une feuille de route afin dâaccroĂźtre considĂ©rablement les efforts mondiaux pour Ă©liminer les pires formes de travail des enfants dâici Ă 2016. La feuille de route invite les gouvernements, les partenaires sociaux et les organisations de la sociĂ©tĂ© civile Ă renforcer lâaccĂšs Ă lâĂ©ducation, Ă la protection sociale et au travail dĂ©cent. Cette annĂ©e, le thĂšme de la JournĂ©e mondiale contre le travail des enfants est « Droit au but ⊠éliminons le travail des enfants»: il fait Ă©cho Ă lâouverture de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud et nous rappelle quâil reste beaucoup Ă faire pour dĂ©barrasser la planĂšte de travail des enfants. Cependant, comme le souligne Mme Thomas, rien de tout cela ne comptera si les paroles ne se traduisent pas dans les actes. «Nous savons ce qui marche: une Ă©ducation de qualitĂ© pour les enfants et du travail dĂ©cent pour les adultes. Tout ce dont nous avons besoin, câest dâune volontĂ© politique forte», conclut-elle.