Soumis par crinadmin le
[COTONOU, le 3 août 2006] - Au moment où les vacances scolaires débutent pour les écoliers béninois, les chauffeurs de Zémidjans, ces taxi-motos véritables icônes du pays, se joignent à l’effort national en faveur de l’éducation des filles. Des affiches proclamant «Toutes les filles à l’école» apparaissent un peu partout dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, tandis que les conducteurs de Zémidjans arborent des t-shirts d’un jaune lumineux, barré, dans le dos, du même slogan, s’assurant ainsi que tous leurs passagers verront le message. «Il est de notre devoir de sensibiliser nos soeurs, nos mères, bref les femmes du marché qui ne connaissent pas l'importance de la scolarisation de leurs enfants filles», a affirmé Robert Kakpo, l’un des milliers de chauffeurs de Zémidjans qui sillonnent chaque jour les rues encombrées de Cotonou. «Ces femmes constituent notre principale clientèle», a-t-il expliqué à IRIN. «Et comme c'est la période des vacances, c'est le moment idéal de les convaincre combien c’est important.» Environ 5 000 chauffeurs de Zémidjans participeront à cette campagne de sensibilisation qui durera six mois, dans le cadre de laquelle ils recevront tous une formation ainsi que le nouveau t-shirt. Dans un pays où les femmes représentent 52 pour cent des 7,5 millions d’habitants, le taux de scolarisation des filles a augmenté de manière significative, passant de 36 pour cent en 1990 à 84 pour cent en 2005. Mais les autorités estiment que ce n’est pas suffisant. «Les disparités demeurent», a déploré Colette Houeto, ministre des Enseignements primaires et secondaires. Mme Houeto a précisé qu’il y avait 21 pour cent de garçons en plus que de filles à l’école. Philippe Duamelle, représentant de l’agence des Nations unies pour l’enfance (Unicef), l’un des bailleurs de fonds de la campagne, a rappelé que l’éducation des femmes était essentielle pour la santé publique et qu’elle constituait un moyen de lutter contre la pauvreté. «Les filles éduquées sont en mesure de mieux participer au développement de leur famille, de leur communauté et de leur pays», a-t-il dit. «Il est regrettable qu’une fille sur trois au Bénin ne soit toujours pas scolarisée.»