AUSTRALIE: L'extrême droite australienne tente d'entraver un projet d'école islamique

(AUSTRALIE, 05.01.08) - Les écoles islamiques existent depuis des années en Australie, mais le sujet s'avère néanmoins sensible. La population de Camden, à 65 kilomètres au sud-ouest de Sydney, a pu le constater : depuis quelques semaines, le projet d'un établissement musulman, qui pourrait accueillir 1 200 élèves, crée un malaise dans cette communauté majoritairement anglo-saxonne. Parmi les opposants au projet de la Société coranique - l'organisation musulmane à l'origine du projet - figurent en bonne place des nationalistes qui tentent d'attiser les tensions raciales.

Fin novembre, deux têtes de cochon, plantées sur des poteaux, avaient été retrouvées à l'emplacement prévu pour la future école. Peu avant Noël, le révérend Frederick Nile, député des chrétiens- démocrates au Parlement de l'Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud, connu pour ses positions traditionalistes, a organisé une réunion rassemblant presque un millier de personnes à Camden, durant laquelle il a opposé l'islam au christianisme. M. Nile a fait salle comble, et la police a dû intervenir pour contenir des participants criant des invectives contre les musulmans.

Australia First, un parti d'extrême droite, a également pris part à l'opposition. L'un de ses représentants, Jim Saleam - impliqué lors des émeutes de Cronulla, fin 2005, au cours desquelles de jeunes Blancs extrémistes s'en étaient pris à des Libanais dans une banlieue de Sydney - a dénoncé dans le quotidien The Australian une campagne des musulmans pour "démolir l'homogénéité" du pays. Il prévoit désormais d'organiser lui aussi des réunions à Camden. "C'est une question de planification locale, les arguments religieux ou politiques n'ont pas leur place ici", déplore pour sa part le maire de Camden, Chris Patterson.

1,7 % DE LA POPULATION

L'affaire inquiète, faisant surgir la crainte de nouvelles violences, à l'exemple de celles qui s'étaient produites à Cronulla. "L'ampleur de la réaction suscitée par le projet est étonnante. On dirait que rien n'a été retenu des événements de 2005", regrette Kuranda Seyit, à la tête du think tank FAIR (Forum pour les relations islamiques et australiennes).

La communauté musulmane est également fragilisée par une autre affaire. Il y a quelques semaines, un mystérieux "cheikh Haron" s'en est pris aux parents d'un soldat australien tué en Afghanistan, leur écrivant que leur fils était "mort pour rien". Beaucoup de musulmans, qui doutent de l'existence de ce religieux, soupçonnent en réalité une manipulation visant à discréditer leur communauté. "Nous ne connaissons pas de cheikh Haron. Ses positions sont extrêmes. C'est nuisible pour notre image", affirme Ikebal Patel, le président de la Fédération australienne des conseils islamiques.

Pour les 340 000 musulmans d'Australie - 1,7 % de la population totale, selon le dernier recensement - les dernières années ont été marquées par les tensions. "Après les attentats du 11 septembre 2001 et de Bali en 2002, après surtout ceux de Londres (2005), la façon dont on nous regarde a changé", commente Shakira Hussein, musulmane, journaliste pour le magazine en ligne Shalom, Pax, Salam. "A terme cela joue aussi sur la façon dont notre communauté se perçoit", observe Kuranda Seyit. Le conseil municipal de Camden se prononcera en mars pour ou contre le projet d'école islamique. Owner: Marie-Morgane Le Moelpdf: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-996179@51-993487,0.html

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