ALGÉRIE : Internet censurĂ© pour protĂ©ger le Bac

[Le 21 juin 2016] - AprÚs les fuites importantes qui ont affecté la session 2016 du bac en Algérie au début du mois, les autorités ont décidé de bloquer certains réseaux sociaux lors de la tenue des nouveaux examens.

 
Depuis ce week-end, il est devenu passablement compliquĂ© de surfer tranquillement sur Internet en AlgĂ©rie. Les autoritĂ©s du pays ont en effet dĂ©cidĂ© de couper l’accĂšs Ă  certains rĂ©seaux sociaux — Facebook, Twitter et Instagram — afin d’empĂȘcher que les candidats au baccalaurĂ©at puissent consulter les sujets d’examen si jamais ces derniers fuitent avant l’heure sur la toile.
 
DĂ©marrĂ©es samedi 18 juin Ă  20 heures, ces restrictions se poursuivront jusqu’au jeudi 23 juin, date Ă  laquelle les Ă©preuves prendront fin, fait savoir le site Tout sur l’AlgĂ©rie. Selon ses informations, il s’agit d’une mesure destinĂ©e Ă  « protĂ©ger les candidats au bac partiel qui commence demain contre les faux sujets », qui risqueraient de perturber la bonne tenue de l’examen et de troubler la concentration des lycĂ©ens.
 
En rĂ©alitĂ©, il apparaĂźt que cette dĂ©cision vise surtout Ă  Ă©viter que les incidents survenus au dĂ©but du mois de juin ne se reproduisent. Le site AlgĂ©rie Presse Service rappelle que le bac a eu lieu du 29 mai au 2 juin mais que la session 2016 a Ă©tĂ© entachĂ©e par des fuites avant le jour J. Dans cette affaire, 31 personnes sont suspectĂ©es d’avoir eu un rĂŽle actif, dont des membres de l’éducation nationale.
 
À la suite de cet incident, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de refaire passer l’examen Ă  plus de la moitiĂ© des candidats, soit environ 550 000 jeunes selon Geopolis. Ce sont des sujets issus des filiĂšres scientifiques, mathĂ©matiques et gestion qui ont Ă©tĂ© publiĂ©es sur Facebook avant les Ă©preuves, fait savoir Le Monde. Selon le site Internet World Stats, il y avait en 2015 plus de 11 millions d’internautes en AlgĂ©rie, soit un peu moins de trois AlgĂ©riens sur dix.
 

Des répercussions ailleurs 

Le blocage temporaire des rĂ©seaux sociaux les plus frĂ©quentĂ©s en AlgĂ©rie n’est pas sans consĂ©quence. Outre le fait que la censure pĂ©nalise aussi les internautes qui ne passent pas le bac, et qui aimeraient bien pouvoir naviguer sans souci, elle a aussi des effets nĂ©fastes sur l’accĂšs Ă  d’autres sites, selon des tĂ©moignages rassemblĂ©s et synthĂ©tisĂ©s par nos confrĂšres.
 
« La difficultĂ© d’accĂ©der Ă  Internet avait notamment concernĂ© les rĂ©seaux sociaux, Facebook et Twitter Ă©tant les plus consultĂ©s en AlgĂ©rie. NĂ©anmoins, elle s’est poursuivie dimanche pour s’élargir Ă  toutes les prestations du service Internet, pĂ©nalisant des milliers d’usagers », Ă©crivent-ils. InterrogĂ©e Ă  ce sujet, l’autoritĂ© de rĂ©gulation de la poste et des tĂ©lĂ©communications, qui contribue au blocage, n’a pas souhaitĂ© faire de commentaires.
 

Pas une premiÚre 

Si la dĂ©cision prise par l’AlgĂ©rie de couper provisoirement l’accĂšs Ă  certains sites web au nom de la bonne tenue des Ă©preuves du baccalaurĂ©at est une premiĂšre dans le pays, ce n’est pas le cas au niveau mondial. Cette annĂ©e, l’Irak a procĂ©dĂ© de la mĂȘme façon pour empĂȘcher que les rĂ©ponses aux examens d’entrĂ©e au collĂšge ne se retrouvent sur le web et, le cas Ă©chĂ©ant, qu’elles puissent ĂȘtre consultĂ©es par les Ă©lĂšves.
 
Ailleurs dans le monde, l’OuzbĂ©kistan a aussi coupĂ© toutes les connexions Internet ainsi que les SMS sur la totalitĂ© de son territoire il y a deux ans, afin de prĂ©server l’intĂ©gritĂ© des examens d’entrĂ©e Ă  l’universitĂ©. En Inde, des comptes-rendus ont fait Ă©tat d’une coupure de six heures, toujours pour limiter la triche scolaire. Dans un autre style, la CorĂ©e du Sud ne bloque pas Internet, mais carrĂ©ment tout le pays pendant une heure.

 

 

Pays: 
Auteur: 
Julien Lausson
Organisation de l'auteur: 
Numerama

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