Soumis par Louise le
[1 dĂ©cembre 2015] - Si la tendance actuelle se poursuit, le nombre total de filles mariĂ©es pendant leur enfance en Afrique passera de 125 millions Ă 310 millions dâici 2050 selon un rapport de lâUNICEF publiĂ© aujourdâhui Ă lâoccasion du Sommet de la fille africaine, organisĂ© par lâUnion africaine Ă Lusaka, en Zambie.
Ce rapport statistique de lâUNICEF, intitulĂ© A Profile of Child Marriage in Africa (La situation du mariage dâenfants en Afrique) souligne que de faibles taux de rĂ©duction associĂ©s Ă une croissance dĂ©mographique rapide sont la cause principale de lâaugmentation prĂ©vue. Dans toutes les autres rĂ©gions du monde, les taux actuels de rĂ©duction et les tendances dĂ©mographiques font quâil y aura chaque annĂ©e de moins en moins de filles mariĂ©es pendant leur enfance. Dâici 2050, lâAfrique dĂ©passera lâAsie du Sud en tant que rĂ©gion ayant le nombre le plus Ă©levĂ© de femmes ĂągĂ©es de 20 Ă 24 ans qui ont Ă©tĂ© mariĂ©es pendant leur enfance.
« Le mariage dâenfants crĂ©e des normes qui sont devenues de plus en plus difficiles Ă Ă©liminer, des normes qui diminuent la valeur de nos femmes », a dĂ©clarĂ© Nkosozana Dlamini Zuma, la PrĂ©sidente de la Commission de lâUnion africaine. « En prenant mieux conscience du problĂšme, et en sâappuyant sur un processus de collaboration, on peut Ă©radiquer les effets dĂ©vastateurs du mariage dâenfants. »  Â
Dans toute lâAfrique, le pourcentage de femmes mariĂ©es pendant leur enfance a baissĂ©, passant de 44 % en 1990 Ă 34 % aujourdâhui. Parce que la population totale des filles devrait augmenter, passant de 275 millions aujourdâhui Ă 465 millions dâici 2050, des mesures bien plus ambitieuses sont nĂ©cessaires â mĂȘme un doublement des taux actuels de rĂ©duction des mariages dâenfants a toujours pour effet une augmentation du nombre de femmes mariĂ©es pendant leur enfance. Â
Les progrĂšs ont aussi Ă©tĂ© profondĂ©ment inĂ©gaux : la probabilitĂ© quâune fille appartenant au quintile le plus pauvre soit mariĂ©e pendant son enfance est aujourdâhui aussi forte quâelle lâĂ©tait il y a vingt-cinq ans.
Quand les enfants sont mariĂ©s, leurs perspectives de mener une vie saine et rĂ©ussie diminuent considĂ©rablement, enclenchant souvent un cycle de pauvretĂ© intergĂ©nĂ©rationnel. Les filles mariĂ©es pendant leur enfance ont moins de chances dâachever leur scolaritĂ©, risquent davantage dâĂȘtre victimes de violences et dâĂȘtre infectĂ©es par le VIH. Les enfants de mĂšres adolescentes ont un plus grand risque dâĂȘtre mort-nĂ©s, de dĂ©cĂ©der juste aprĂšs la naissance oĂč dâavoir un poids insuffisant Ă la naissance. Les filles mariĂ©es pendant leur enfance sont souvent dĂ©pourvues des qualifications nĂ©cessaires pour trouver un emploi. Â
LâUnion africaine a lancĂ© en mai dernier une campagne Ă lâĂ©chelle du continent pour mettre fin au mariage dâenfants. Elle a Ă©tĂ© suivie dâun plan dâaction de la part des gouvernements destinĂ© Ă rĂ©duire les taux de mariages dâenfants en permettant aux filles dâavoir un meilleur accĂšs Ă lâenregistrement des naissances, Ă une Ă©ducation de qualitĂ© et Ă des services de santĂ© de la procrĂ©ation ; et Ă renforcer et appliquer les lois et les mesures protĂ©geant les droits des filles et interdisant le mariage avant lâĂąge de dix-huit ans.
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« Le nombre mĂȘme de filles concernĂ©es, et ce quâil signifie en termes dâenfances perdues et dâavenirs brisĂ©s, souligne Ă quel point il est urgent de bannir la pratique du mariage dâenfants une bonne fois pour toutes », a dĂ©clarĂ© le Directeur gĂ©nĂ©ral de lâUNICEF, Anthony Lake. « Les donnĂ©es montrent aussi clairement que pour mettre fin aux mariages dâenfants, il faut prendre des mesures encore plus ciblĂ©es pour les filles les plus pauvres et les plus marginalisĂ©es, celles qui ont le plus besoin dâaide et sont les plus exposĂ©es aux risques, et leur donner accĂšs Ă une Ă©ducation de qualitĂ© et Ă toute une gamme de services de protection. Leurs vies et lâavenir de leurs communautĂ©s sont en jeu. Chaque mariage dâune fille pendant son enfance est une tragĂ©die personnelle. Une augmentation de leur nombre est intolĂ©rable. »Â