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Summary: Environ 100 garçons âgés de 12 à 17 ans sont détenus par la Direction nationale de la Sécurité (DNS) afghane pour avoir tenté de commettre des attentats suicides pour le compte des talibans. Les insurgés nient toutefois avoir recruté des mineurs, affirmant que leur présence aurait pu encourager le « vice » dans les rangs des insurgés.
(Kaboul, 24 mai 2011) - Le 20 mai dernier, dans la province du Nuristan, dans l'est du pays, le gilet bourré d'explosifs d'un garçon de 12 ans a explosé prématurément. Selon la DNS et les autorités provinciales, l'explosion a tué plusieurs insurgés présumés, y compris le jeune garçon. « Environ 100 enfants kamikazes potentiels sont actuellement détenus par la DNS », a dit à IRIN Lutfullah Mashal, un porte-parole de la DNS, ajoutant que les enfants ont été entraînés par les talibans, le Hezbe Islami et le réseau Haqqani – les trois principaux groupes insurgés qui sont également accusés par les Nations Unies d'utiliser des enfants à des fins militaires, et notamment pour des missions suicides. « Nous avons des preuves que les talibans ont recruté des enfants âgés de 11 à 17 ans pour mener diverses activités – du combat armé à la contrebande d'armes entre le Pakistan et l'Afghanistan, en passant par l'installation d'EEI [engins explosifs improvisés] », a dit Dee Brillenburg Wurth, conseillère en matière de droits de l'enfant auprès de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). Les talibans rejettent les allégations concernant l'explosion qui a eu lieu dans la province du Nuristan : « Peuvent-ils vraiment déterminer l'âge d'un kamikaze immédiatement après l'incident en examinant son corps mutilé ? », a dit Zabihullah Mujahid, un prétendu porte-parole des talibans. Il a également nié que des enfants aient été utilisés comme kamikazes ou à d'autres fins militaires. « Nous n'avons pas besoin d'utiliser des enfants : il y a déjà trop de moudjahidin plus vieux qui souhaitent devenir des martyrs », a-t-il dit. Selon la MANUA, environ 140 attentats suicides ont été perpétrés en 2010 en Afghanistan et ont fait au moins 228 victimes parmi les civils. Selon l'article premier de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant de 1989, « tout être humain âgé de moins de 18 ans » est un enfant, et la loi afghane interdit le recrutement de mineurs dans les forces armées ou la police. Toutefois, le djihad – le terme utilisé par les talibans pour décrire leur insurrection armée en Afghanistan – n'exige pas que les participants aient un certain âge. Selon les érudits islamiques, ils doivent seulement avoir atteint l'âge de la puberté et être aptes mentalement. « C'est dans notre politique de ne pas recruter des enfants afin de prévenir le vice dans nos rangs. En effet, la plupart des moudjahidin sont des hommes seuls et ils passent beaucoup de temps loin de chez eux. Notre objectif est donc d'éviter l'exploitation sexuelle des enfants au sein de nos troupes », a dit le porte-parole des talibans. L'exploitation sexuelle des enfants, qu'on appelle 'bacha bazi', est une pratique illégale mais très répandue dans certaines régions de l'Afghanistan. Les Nations Unies ont appelé le gouvernement à y mettre fin. Lien avec le Pakistan ? Les autorités afghanes croient que la plupart des enfants kamikazes sont formés au Pakistan. Selon M. Mashal, le porte-parole de la DNS, « quatre-vingt-dix-neuf pour cent des enfants qui ont été arrêtés pour tentative d'attentat suicide viennent du Pakistan, où ils ont été endoctrinés, entraînés et équipés dans des écoles religieuses ou d'autres camps d'entraînement pour insurgés », mais les autorités pakistanaises ont toujours rejeté ces accusations. D'autres rapports suggèrent également que des groupes extrémistes religieux prêchent le djihad contre les forces étrangères en Afghanistan. La MANUA a indiqué qu'elle menait actuellement des recherches afin de recueillir des données sur le recrutement transfrontalier d'enfants par des acteurs militaires étatiques et non-étatiques. Les Nations Unies reconnaissent toutefois qu'il est très difficile de surveiller et de signaler le recrutement d'enfants par des groupes armés non-étatique à cause du manque d'accès. « Par ailleurs, une partie du recrutement se fait de l'autre côté de la frontière. Ce sont là les difficultés auxquelles nous sommes confrontés », a dit Radhika Coomaraswamy, représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Kaboul le 24 février 2010. Plus d'informations: