Soumis par Louise le
[15 décembre 2015] - Quelque 13 millions d'enfants (près de 1% de la population du pays) ne possèdent pas de permis de résidence permanente ("hukou"), un sésame indispensable d'une citoyenneté normale en Chine. Certains sont orphelins, mais la plupart sont nés en-dehors du cadre de la politique controversée de limitation des naissances. Les parents ayant un enfant de plus qu'autorisé par la loi doivent s'acquitter d'une lourde amende afin de légaliser le nouveau-né de trop et lui permettre d'obtenir des papiers.
Mais le non-paiement de cette pénalité par les familles modestes a généré de nombreux "enfants noirs", qui n'ont pas accès à l'école, ne peuvent être officiellement employés et font face à des obstacles pour voyager, entre autres difficultés. Pékin a annoncé le 29 octobre que tous les couples chinois seraient désormais autorisés à avoir deux enfants, quelle que soit leur situation.
La mise en œuvre de cette politique s'est accompagnée de nombreux abus et violences faites aux femmes, notamment via des avortements et des stérilisations forcées. Pékin avait déjà permis aux Chinois d'avoir deux enfants si l'un des deux parents était lui-même enfant unique. Les 55 minorités ethniques du pays n'étaient, par ailleurs, pas toutes soumises à la politique de limitation des naissances, et les Chinois de la campagne (ouest du pays) pouvaient déjà avoir deux enfants si le premier était une fille.
Officiellement, elle a évité à la Chine 400 millions de naissances supplémentaires et permis de contrôler une population qui avait presque doublé entre l'arrivée de Mao Tsé-toung au pouvoir en 1949 et sa mort en 1976, date à laquelle la Chine comptait quelque 950 millions d'habitants, contre 1,37 milliard aujourd'hui.
Mais pour beaucoup, son abolition arrive trop tard pour inverser la tendance actuelle du vieillissement de la population, source d'inquiétude pour les ressources en main d’œuvre de son économie en cours de refroidissement. "Pour les femmes nées dans les années 70, ça devrait être leur dernière chance" d'avoir un deuxième enfant, a estimé le professeur Lu Jiehua, de l'Université de Pékin, cité par le Beijing Times. En Chine, en 2014, il est né en moyenne 116 garçons pour 100 filles, pour un ratio total dans la population de 105 hommes pour 100 femmes.
"S'enregistrer légalement pour obtenir un hukou est un droit fondamental que la loi confère aux citoyens", souligne le texte. "C'est une condition préalable pour que les citoyens puissent participer aux activités sociales, bénéficier de droits et remplir leurs obligations", selon la même source, qui assure que "la politique de limitation des naissances sera déconnectée de l'enregistrement pour le hukou".
Des autorités locales ont déjà annoncé leur intention d'octroyer des "hukou" aux personnes dont les parents n'ont pas payé les amendes. Mais la nouvelle politique devra être mise en place région par région, et des familles se sont déjà plaintes du fait qu'aucun changement n'a eu lieu "sur le terrain", malgré des promesses successives de réformes par les hauts dirigeants.